S884 - L’utilisation de séquences vidéo diminue le temps de réaction des athlètes

Prendre la bonne décision, au bon moment, sous pression et dans divers contextes est un important déterminant de la performance dans plusieurs sports. Un des moyens d’améliorer les décisions que prend un athlète est de diminuer son temps de réaction. Au cours de la dernière décennie, des chercheurs ont fait ressortir l’intérêt de visionnement de séquences vidéo pendant l’entraînement.

Le premier objectif de l’étude de Holding et ses collègues était d’examiner l’effet instantané du visionnement de séquences vidéo sur le temps de réaction des athlètes lors d’un test réactif d’agilité. Le deuxième objectif était de comparer les approches implicites et explicites. L’approche implicite place l’athlète dans une situation d’apprentissage sans rétroactions, alors que l’approche explicite place l’athlète dans une situation d’apprentissage avec rétroactions.

À ces fins, 30 athlètes de rugby de 14 à 17 ans ont participé à l’étude. Chacun prenait part à un test terrain durant lequel un défenseur devait anticiper les mouvements d’un attaquant. Placé à neuf mètres devant le défenseur, l’attaquant devait passer dans une des deux portes placées à mi-distance sans se faire intercepter. On a mesuré le temps de réaction du défenseur à l’aide des images tirées de caméras placées à 20 endroits autour de la surface de test.

Le protocole de l’étude se divisait en trois étapes.
A) Tous les athlètes complétaient le test terrain cinq fois.
B) Tous les athlètes visionnaient des vidéos sur des tablettes électroniques. Ils étaient divisés en trois groupes : vidéos implicites, vidéos explicites et situation témoin :
Groupe 1 – Vidéos implicites : Les athlètes regardent 16 séquences vidéo de 20 à 30 secondes pour une durée totale d’environ huit minutes, sans qu’aucune rétroaction ne soit donnée. Chaque séquence montre un attaquant faisant une feinte vers la gauche ou la droite. La vidéo de cinq secondes est jouée une première fois à vitesse normale, et une deuxième fois à vitesse réduite avec un arrêt de sept secondes sur la dernière image.
Groupe 2 – Vidéos explicites : Les athlètes regardent les mêmes vidéos que le groupe 1. Par contre, lors de l’arrêt sur la dernière image, les repères posturaux sont précisés par des flèches pour indiquer où porter l’attention.
Groupe 3 – Situation témoin : Les athlètes regardent huit minutes de faits saillants tirés de matchs internationaux de rugby.
C) Après la séance de visionnement, tous les athlètes complétaient à nouveau le test terrain cinq fois. Les chercheurs ont comparé l’amélioration du temps de réaction pour les trois groupes.

Les résultats révèlent une amélioration significative du temps de réaction pour les groupes de vidéos implicites et de vidéos explicites, alors qu’elle n’est pas significative pour le groupe témoin. Concrètement, le temps de réaction moyen du groupe 1 (vidéos implicites) est passé de 0,268 ± 0,06 s à 0,226 ± 0,06 s, soit une amélioration de 15,7 %. Celui du groupe 2 (vidéos explicites) est passé de 0,246 ± 0,07s à 0,199 ± 0,09s, soit une amélioration de 19,1 %. Finalement, le temps de réaction du groupe témoin est passé de 0,238 ± 0,08 s à 0,227 ± 0,06s, soit une amélioration de 4,6 %. Les auteurs concluent que l’utilisation de séquences vidéo à l’entraînement améliore le temps de réaction des athlètes sur le terrain.

En conséquence, quelques réinvestissements ou considérations sont suggérés à l’entraîneur pour améliorer la prise de décisions de ses athlètes :
1. À l’entraînement :
a. Utiliser des séquences vidéo à l’entraînement pour améliorer la prise de décision.
b. Assurer un lien logique entre les objectifs de l’entraînement et le contenu des vidéos.
c. Présenter les séquences vidéo sur des tablettes électroniques pour individualiser le type de décisions entraînées.
d. Privilégier un travail cognitif sur l’attention et l’anticipation pour automatiser la reconnaissance de structures de jeu et la prise de décisions.
2. En compétition :
a. Considérer l’utilisation de séquences vidéo comme une préparation complémentaire à l’échauffement de terrain.
b. Considérer l’utilisation de séquences vidéo comme une préparation alternative à l’échauffement de terrain, notamment dans les cas où le manque d’espace ou d’équipement empêche un échauffement adéquat pour la compétition.
À noter que les temps de réaction des sujets du groupe témoin sont bien inférieurs à ceux des sujets des deux autres groupes dès le départ, d’où des chances réduites d’amélioration.
Il faudra mener d’autres études pour vérifier si ces conclusions peuvent aussi s’appliquer pour des athlètes de très haut niveau, et pour bien faire ressortir les effets à long terme de l’utilisation de séquences vidéo pendant l’entraînement, notamment sur la performance en jeu.

Source primaire

Holding, R., Meir, R., et Shi, Z. (2017). Can Previewing Sport-Specific Video Influence Reactive-Agility Response Time? International Journal of Sports Physiology & Performance, 12(2), 224-229.

Rédacteur

Julien Glaude-Roy, julien.glaude-roy@uqtr.ca, Sacha Stoloff, sacha.rose.stoloff@uqtr.ca, UQTR

Éditeur

Guy Thibault, Institut national du sport du Québec

Mots-clés

séquence vidéo, approches implicite et explicite, Temps de réaction, prise de décision

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Lorains, M., Ball, K., et MacMahon, C. (2013). An above real time training intervention for sport decision making. Psychology of Sport & Exercise, 14(5), 670-674.

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