T33 - L’oxygénation musculaire : la clé pour l’optimisation de l’entraînement par intervalles?

Il est maintenant bien connu que l’entraînement par intervalles (EPI) figure parmi les meilleures méthodes pour augmenter la consommation maximale d’oxygène (VO2max) et, donc, pour améliorer la performance aérobie.

Depuis quelque temps, des équipes de recherche (surtout en France) cherchent des formules d’entraînement maximisant le temps passé à une consommation d’oxygène (VO2) égale ou proche du VO2max, le but étant de susciter des adaptations surtout centrales (ex. augmentation du volume d’éjection systolique et du débit cardiaque), conduisant à une augmentation du VO2max (Midgley et al. 2006).

Sachant que le VO2max dépend à la fois de l’extraction d’oxygène par les cellules musculaires et du débit cardiaque, on peut penser que les séances permettant de passer le plus de temps avec une très basse saturation musculaire en oxygène (SmO2) pourraient optimiser la capacité d’extraction d’oxygène par les cellules et ainsi améliorer le VO2max.

La nature des séances maximisant le temps passé à désaturation élevée n’est pas nécessairement la même que celles maximisant le temps passé près de VO2max. Ainsi, le but de cette étude pilote était d’apprécier l’oxygénation musculaire pendant diverses séances d’EPI et de déterminer quel type : 1) provoque la plus grande désoxygénation musculaire et, 2) permet d’accumuler le plus de temps d’exercice à des niveaux élevés de désaturation musculaire en O2.

Une jeune femme habituée de s’entraîner en endurance a effectué un test progressif et maximal d’évaluation de la puissance aérobie maximale (PAM), suivi de huit séances d’EPI sur ergocycle à freinage à air (4 à 30 répétitions d’effort de 30 s à 2 min à 90 %-175 % de la PAM; voir tableau 1). Ces essais se sont étalés sur un mois.

Pendant chaque séance, un moniteur de spectroscopie dans le proche infrarouge (NIRS; Moxy) était placé sur le muscle vaste externe pour objectiver les changements de la saturation musculaire en O2 (SmO2, exprimée en % de la valeur de repos).

Trois des huit séances (5 x 1 min à 120 % PAM, 4 x 30 s à 175 % PAM, 10 x 1 min à 110 % PAM) ont permis : d’atteindre les niveaux de SmO2 les plus faibles (21 %, 22 % et 24 %, respectivement, tableau 1) et d’accumuler le plus de temps à SmO2 < 40 % (1:49, 3:42 et 7:34 min:s), < 30 % (1:56, 0:54 et 2:33 min:s) et < 25 % (0:56, 0:31 et 0:38 min:s, tableau 2).

La séance de 7 x 30 s à 150 % PAM a induit un temps moyen à SmO2 < 50 % (3:19 min:s) et < 40 % (1:32 min:s) et l’exécution de 14 x 2 min à 90 % PAM ou de 5 x 1min à 120 % PAM a maximisé le temps à SmO2 < 50 % (9:38 et 6:02, min:s, respectivement). La réalisation d’efforts répétés de 30 s à 100 % ou à 110 % PAM ou de 1 minute à 100 % PAM n’a pas induit de désoxygénation marquée (SmO2 plus faible : 49 % et 47 %).
Pour qu’une séance d’EPI induise un niveau élevé de désaturation musculaire (c.-à-d. SmO2 < 40 %), les efforts courts (environ 30 s) devraient être effectués à une intensité > 150 % PAM et les efforts de moyenne durée (environ 1 min) à une intensité > 110 % MAP. Les efforts plus longs (2 min) à intensité moyenne (90 % PAM) n’induisent pas de niveaux élevés de désaturation, mais permettent de maintenir un niveau moyen de désaturation sur une longue période de temps.

Durant une séance d’EPI, l’intensité des fractions d’effort doit se situer au-delà d’un seuil minimal pour permettre d’engendrer une diminution significative de l’oxygénation musculaire. Les efforts les plus intenses induisent clairement un niveau élevé de désaturation, potentiellement propice aux adaptations périphériques.

Il faudra mener d’autres recherches pour confirmer que l’oxygénation musculaire est un élément clé d’optimisation de l’EPI.

Voir Affiche : https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=940&fichier=Poster_2_spin_v2.pdf

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Rédacteur

Myriam Paquette
B.Sc., étudiante à la maîtrise en physiologie de l’exercice

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Entraînement par intervalles, oxygénation musculaire, sprints répétés

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Buchheit M, Laursen PB. High-intensity interval training, solutions to the programming puzzle: Part I: cardiopulmonary emphasis. Sports Med 2013;43(5):313-38.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23539308

Midgley AW, Mc Naughton LR. Time at or near VO2max during continuous and intermittent running. A review with special reference to considerations for the optimisation of training protocols to elicit the longest time at or near VO2max. J Sports Med Phys Fitness 2006;46(1):1-14.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16596093

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