T1 - Analyser les résultats et prestations en sport

L'épreuve sportive, en tant qu'instant de vérité, possède une valeur informationnelle entraînant des conséquences sur la motivation et les émotions. L'analyse des résultats et de la manière dont ceux-ci sont obtenus apparaît alors déterminante pour le maintien d'un haut niveau d'engagement du sportif. C'est pourquoi la logique qui anime l'analyse de la prestation passée s'inscrit dans une double dimensionnalité temporelle de récupération et de préparation mentales (Gernigon, 1996). Le résultat passé y apparaît seulement comme l'un des facteurs pouvant influencer les processus cognitifs impliqués dans les comportements futurs d'abandon ou de persévérance. Ces processus ou médiateurs cognitifs sont des représentations relatives au contrôle de la situation par l'athlète et à sa propre compétence??Préserver le sentiment de contrôle des événements

Le sportif n'échappe pas à une tendance générale qui conduit l'être humain à s'interroger sur le pourquoi de ses résultats. De l'analyse causale des résultats dépendent des représentations sur la contrôlabilité de l'environnement et des événements. Ces représentations sont à l'origine de conséquences déterminantes pour le sportif. La perception d'indépendance entre les comportements et les résultats obtenus est génératrice de résignation. Les déficits qui en découlent affectent directement la performance, la motivation ainsi que la sphère émotionnelle. Les caractéristiques des causes perçues comme responsables des résultats obtenus jouent sur la gravité des déficits observés.

Si la mise en avant de causes internes (facteurs personnels) et stables (ces facteurs interviennent régulièrement) après un succès s'avère propice à l'adoption de comportements persévérants, l'attribution d'un échec à ces mêmes causes devient préjudiciable. En revanche, une attribution à des causes internes mais instables, invoquant la quantité d'effort déployée, par exemple, préserve la perception de contrôle sur les événements, ceci quel que soit le résultat. Ainsi, l'aspect circonstanciel d'un échec, qui sera perçu comme surmontable pour peu que l'on décide d'investir davantage d'efforts, n'affectera pas la motivation de l’athlète.

Identifier les causes objectives d'un résultat implique, dans tous les cas, de souligner le caractère réversible de celles-ci. Les facteurs considérés comme responsables d'un succès devront être perçus comme éphémères en cas de réduction de l'intensité du travail à l'entraînement. Il en va de même pour les raisons d'une contre-performance qui devront apparaître comme labiles si le sportif consent à investir suffisamment d'efforts.??Préserver l'estime de soi

Les perceptions de compétence participent à la construction de l'estime de soi. Le problème réside alors dans la difficulté qu'il y a à préserver ce sentiment de compétence et l'estime de soi après une défaite ou une contre-performance. En fait, le résultat n'aurait pas de valeur incitatrice ou inhibitrice en lui-même si ce n'est dans l'information de compétence ou d'incompétence qu'il fournit au sujet. La construction du sentiment de compétence ne pouvant se faire à partir de succès trop faciles à obtenir, on mesure aisément les effets dévastateurs d'une défaite enregistrée face à un adversaire de plus faible niveau. C'est pourquoi, il importe de ne jamais dévaloriser la tâche ou l'adversaire, ceci, quel que soit le résultat. Le contraire présenterait, en cas d'échec, le risque d'affecter gravement l'estime de soi par l'attribution du résultat à une faible compétence.Le souci de préserver le sentiment de compétence nécessite une organisation temporelle en "sandwich" (positif - négatif - positif) du "debriefing" qui fait suite à une compétition (Thill, 1989). Pour cet auteur, il est préférable d'aborder en premier lieu les points positifs même si ceux-ci sont peu nombreux, notamment en cas de contre-performance. Il est bien rare, en effet, qu'aucun élément de satisfaction ne puisse être enregistré dans un des registres impliqués dans la performance (technique, tactique, énergétique, mental, émotionnel ou relationnel). Dans un second temps, celui de l'analyse causale des aspects négatifs, il s'agira davantage de mettre en évidence les facteurs circonstanciels de ses propres faiblesses et de ses points forts ainsi que ceux de l'adversaire avec le maximum d'objectivité et de sérénité. Enfin, une perspective positive subordonnée aux efforts à fournir sera évoquée en insistant sur le fait que les carences constatées peuvent être comblées lors des prochains entraînements.

Source primaire

Gernigon C. (1998a). Motivation et préparation à la performance sportive. In P. Fleurance (Ed.), Entraînement mental et sport de haute performance (pp. 121-163). Paris: INSEP Publications.

Rédacteur

Christophe Gernigon
Docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives Professeur agrégé d'éducation physique et sportive

Éditeur

Philippe Fleurance
Responsable du Laboratoire de Psychologie du Sport de l’INSEP

Mots-clés

Représentation mentale,  résultat sportif,  performance,  estime de soi, traitement de l'information,  motivation, émotion, entraînement idéomoteut, préparation à la performance.

Lectures suggérées

Gernigon C. (1996). Approche cognitive de la régulation de la motivation. In H. Hélal, E. Jousselin & Y. Demarais (Eds), La récupération en sport : approches des techniques et des moyens. Les cahiers de l'INSEP, n° 14-15 (pp. 75-81). Paris: INSEP Publications

Gernigon C. (1998b). Fixer des buts pour l'entraînement et pour la compétition. In E. Thill et P. Fleurance (Eds.), Guide pratique de la préparation psychologique du sportif (pp. 17-28). Paris: Vigot.

Gernigon C., Delloye J.-B, Fleurance P., & Riedrich Y. (1999). Relations entre l'interprétation causale des résultats, la confiance en soi et la performance athlétique en sprint. Rapport de recherche non publié. ministère de la Jeunesse et des Sports.

Gernigon C., & Delloye J.-B. (2001). Causal attribution for unexpected success or failure, self-efficacy, and track athletic performance among elite sprinters. Manuscript submitted for publication.

Thill E. (1989). Motivation et stratégies de motivation en milieu sportif. Paris: PUF.

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