S32 - Lors de la partie cycliste d’un triathlon de courte durée, rouler dans l’aspiration d’autres coureurs garantit un gain chronométrique appréciable

Pratique très récente, nouvellement promue discipline olympique, le triathlon pose des problèmes complexes aux entraîneurs en charge d’optimiser la préparation de leurs athlètes et suscite un intérêt grandissant auprès des chercheurs qui tentent d’appréhender la complexité des mécanismes physiologiques mis en branle dans l’enchaînement de ses trois composantes : natation, cyclisme et course à pied.

Pratique très récente, nouvellement promue discipline olympique, le triathlon pose des problèmes complexes aux entraîneurs en charge d’optimiser la préparation de leurs athlètes et suscite un intérêt grandissant auprès des chercheurs qui tentent d’appréhender la complexité des mécanismes physiologiques mis en branle dans l’enchaînement de ses trois composantes : natation, cyclisme et course à pied. Parmi les problématiques lourdes de la discipline, la récente généralisation de la course en peloton (« drafting ») lors de l’épreuve cycliste du triathlon a modifié sensiblement les données techniques, tactiques et énergétiques de course. L’étude entreprise visait à caractériser sur le plan physiologique un triathlon réalisé en solitaire et à le comparer au même triathlon dont la partie cycliste serait effectuée dans l’aspiration d’un autre coureur. L’expérimentation s’est déroulée sur les sites du championnat d’Europe 1997, avec des membres des équipes de France et de Finlande de triathlon. Les triathlètes devaient accomplir trois épreuves à trois jours d’intervalle : (D0) un test contrôle sur 5 km en course à pied ; (D+3) un triathlon sprint (0,75 km - 20 km - 5 km) en solitaire, avec pour seule consigne de réaliser la meilleure performance possible ; (D+6) le même parcours de triathlon, en respectant des consignes spécifiques : maintenir en permanence l’allure de natation et de cyclisme du premier triathlon, rester en permanence dans l’abri du cycliste créant la situation d’abri, courir le plus vite possible. Chaque triathlète était équipé d’un appareillage opérant par voie de télémesure (Cosmed K4) permettant le recueil de données ventilatoires. Des prélèvements sanguins étaient opérés avant et après chaque épreuve, ainsi que lors des transitions de chaque triathlon. Pour des allures de course identiques lors des épreuves de natation et de cyclisme de chaque triathlon (NS), les résultats indiquent :

- un moindre coût énergétique de l’épreuve cycliste réalisée dans l’aspiration d’un autre coureur (-14 % pour VO2, -7 % pour FC et -30.8 % pour VE),
- une lactatémie plus faible (4.0 ± 0.3 vs 8.4 ± 0.5 mmol.l-1) et une cadence de pédalage plus élevée (95 vs 89 rpm) pour l’épreuve de cyclisme réalisée en aspiration,
- une meilleure performance pédestre lors du 5 000 m suivant la partie cycliste en aspiration (16’ 50” vs 17’ 30”),
- des indices physiologiques (VE, VO2, [La], FC) plus élevés pour le 5 000 m suivant l’épreuve cycliste réalisée en aspiration,
- enfin, une consommation d’oxygène plus élevée pour l’épreuve pédestre du triathlon drafté que pour l’épreuve pédestre de contrôle.

Il est intéressant de souligner l’effet résiduel de l’épreuve de natation sur la partie cycliste des deux triathlons : alors que les paramètres physiologiques observés s’avèrent identiques à la sortie de l’eau, des différences apparaissent dès les premiers kilomètres de l’épreuve cycliste, qui vont en s’amplifiant à mesure que celle-ci se poursuit, le cyclisme réalisé en aspiration provoquant la chute de l’ensemble de ces paramètres, à l’inverse de l’épreuve cycliste réalisée en solitaire. D’autre part, il convient de noter que l’écart entre la course à pied du triathlon drafté et la course contrôle est d’autant plus faible que les triathlètes présentent un niveau d’expertise élevé dans cette discipline. En conclusion, cette étude confirme en le spécifiant l’impact des aspirations en cyclisme sur le niveau d’investissement physiologique global du triathlète et sa contribution à l’amélioration de la performance pédestre qui s’ensuit. D’autres études, incluant la notion de relais, s’avèrent nécessaires pour affiner notre connaissance des conditions actuelles réelles de compétition en triathlon.

Source primaire

Incidence du « drafting » en cyclisme sur la performance en course à pied, au cours d’un triathlon LEHENAFF D., HAUSSWIRTH C., DREANO P., SAVONEN K. INSEP Les Cahiers de l’INSEP N° 24 - Publications - pp. 262-273.

Rédacteur

D. Lehenaff
Enseignant-chercheur, Laboratoire de Biomécanique et Physiologie, INSEP, Professeur Agrégé d’Éducation Physique et Sportive, Diplômé de l’INSEP

Éditeur



Mots-clés

course à pied, cyclisme sur route, effort, entraînement, mesure, métabolisme, performance, physiologique, Technique, Triathlon, Analyse de la performance

Lectures suggérées

Hausswirth C., Lehénaff D., Dréano P., Savonen K Effects of cycling alone or in a sheltered position on subsequent running performance during a triathlon. Medicine and. Science in Sports and Exercise 31 (4) : pp599-604, 1999.

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