S34 - Les variations des concentrations plasmatiques de glutamine et de glutamate peuvent refléter la tolérance à l’entraînement des athlètes

La prévention du surentraînement est certes l’une des préoccupations majeures chez les athlètes de pointe qui, dans le but de repousser leurs limites, désirent toujours en faire le plus possible et le mieux possible. En réalité, lors de chacune de ses séances d’entraînement, l’athlète se trouve toujours à osciller entre un léger sous-entraînement ou surentraînement. Si le balancier se retrouve chroniquement d’un seul côté, l’athlète sous-performe à coup sûr puisqu’il n’est pas en mesure de provoquer les adaptations optimales requises pour atteindre un sommet de performance. Force est de constater que l’on est aux prises avec un problème de surentraînement plus souvent qu’autrement.

Ce qui rend la chose compliquée est sans doute le fait que de grandes différences individuelles existent quant à la tolérance des individus à une charge d’entraînement donnée et ce, même si ces individus affichent un niveau équivalent de performance en compétition. De plus, le surentraînement peut être multi-symptômatique et habituellement son diagnostic repose uniquement sur l’appréciation subjective de l’entraîneur, basée sur son expérience personnelle. Dans la recherche d’éléments révélateurs de l’état d’entraînement plus objectifs, il semble que la concentration plasmatique de glutamine se doit d’être considérée. En effet, certaines études rapportent que les athlètes surentraînés affichent des concentrations plasmatiques de glutamine beaucoup plus faibles que les athlètes tolérant bien le même programme d’entraînement.

Le but de la présente étude était donc de suivre les concentrations plasmatiques de glutamine et également de glutamate (obtenu à partir de la glutamine sous l’action de la glutaminase), chez des athlètes des équipes nationales du Canada dans les disciplines suivantes : ski de fond (5, 8), natation (10, 7), et patinage de vitesse (16, 6) au cours d’un cycle d’entraînement complet jusqu’à un sommet de performance.

Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 1.

Les résultats indiquent clairement que l’entraînement intensif tend à faire diminuer et augmenter respectivement les concentrations plasmatiques de glutamine et de glutamate de telle sorte que le ratio glutamine/glutamate est significativement diminué. Lors de la tenue de l’expérimentation, 5 athlètes (1, 4)ont été déclarés surentraînés selon les critères suivants: réduction de la capacité maximale de performance, incapacité de tolérer une charge d’entraînement déjà tolérée préalablement et persistance de ces critères pendant 4 semaines. Les données recueillies auprès de ces athlètes (tableau 2) s’avèrent en directe extrapolation des tendances indiquées au tableau 1.

Les auteurs indiquent que les concentrations de glutamine à elles seules ne peuvent rendrent compte d’un état de surentraînement, puisque certains athlètes tolérant bien la charge d’entraînement affichaient des concentrations de glutamine inférieures à celles des individus surentraînés. De plus, ils émettent l’hypothèse que les concentrations plasmatiques de glutamine oscilleraient en fonction du volume d’entraînement effectué alors que les concentrations plasmatiques de glutamate varieraient davantage en fonction de l’intensité de l’entraînement effectué.

Quoi qu’il en soit, il semble bien que le rapport glutamine/glutamate soit représentatif de la tolérance d’un athlète envers la charge d’entraînement qu’il effectue et que la valeur de ce ratio pourrait constituer un critère objectif permettant de poser un diagnostic sur l’état de l’athlète selon le tableau suivant: Tableau 3

Ces indications ne représentent que des balises mais elles constituent néanmoins un effort notable afin de créer un repère objectif permettant de repérer et diagnostiquer un état de surentraînement. Il est certain que ces données doivent être utilisées avec discernement en tenant compte des conditions particulières dans lesquelles se trouvent les athlètes. Des études supplémentaires seront certainement requises afin de préciser davantage la portée des applications de la présente étude.

Source primaire

Smith DJ et al.Changes in glutamine and glutamate concentrations for tracking training tolerance.  Med Sci Sports Exerc 2000; 32(3):1684-89.

Rédacteur

François Désy
Ph. D. Département de kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

charge d’entraînement, monitoring, surentraînement, santé de l'athlète

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