S47 - L’accroissement de l’amplitude articulaire semble être une conséquence d’une meilleure tolérance à l’étirement

Il est communément admis que l’amplitude du mouvement articulaire peut être augmentée en étirant passivement, de manière répétée, le complexe musculo-tendineux. Toutefois les mécanismes susceptibles de rendre compte de ces changements restent discutés. L’augmentation de l’amplitude articulaire, observée immédiatement après une série d’étirement, pourrait être attribuée tout à la fois à des facteurs neurophysiologiques (Hutton et coll, 1993) et/ou à des facteurs biomécaniques (Taylor et coll., 1990).

Une première hypothèse d’ordre neurophysiologique suggère que le facteur limitant l’allongement du complexe musculo-tendineux serait lié à la contraction musculaire déclenchée secondairement par l’activité réflexe (Hutton et coll., 1993). Ainsi, l’étirement contribuerait à inhiber cette activité réflexe ; ce qui aboutirait à réduire l’activité musculaire, et donc sa résistance à l’étirement, autorisant ainsi une amplitude articulaire plus grande.

Un deuxième mécanisme d’ordre neurophysiologique a récemment été avancé (Magnusson et coll., 1996) : selon ces auteurs une plus grande amplitude articulaire serait rendue possible par une amélioration de la tolérance à l’étirement.

Enfin, l’hypothèse mécanique repose sur l’éventualité d’une transformation structurelle des tissus conjonctifs et/ou tendineux, se traduisant par une modification des caractéristiques viscoélastiques du tissu musculo-tendineux soumis à un étirement.

Cependant, chez l’homme, des augmentations de l’amplitude articulaire ont été observées, sans que pour autant ces changements aient pu, souvent pour des raisons techniques, être rattachés à l’un et/ou l’autre de ces mécanismes. Le but de ce travail est d’étudier l’effet d’un régime d’étirement de longue durée sur les propriétés mécaniques des tissus musculo-tendineux et sur la tolérance à l’étirement, chez l’homme.

PROTOCOLE

Pour le protocole de test, le sujet est placé dans un ergomètre, type isocinétique, imposant la vitesse du mouvement. Le genou est étendu passivement, à la vitesse de 5°. s-1, jusqu’à la position finale (phase dynamique) où il est maintenu pendant 90 s (phase statique). La position d’extension maximale est déterminée, lorsque le sujet signale la première sensation de douleur. Le couple résistant (N. m) offert par les ischio-jambiers durant la mise en extension passive du genou, l’activité EMG des muscles ischio-jambiers et l’angle du genou sont enregistrés, pendant toute la manœuvre d’étirement. Les sujets ont été testés avant et après une période d’entraînement de 3 semaines. Le protocole d’entraînement comprenait 2 séances par jour (matin et après-midi), pendant 20 jours consécutifs. Chaque séance était composée de 5 étirements passifs de 45 secondes, espacés par 30 secondes de repos.

RÉSULTATS

L’entraînement ne modifie pas de façon significative les paramètres mécaniques analysés : raideur, tension maximale, quantité d’énergie stockée restent inchangées. Cependant, l’angle maximal d’extension s’accroît de façon significative, sans variation associée de l’activité musculaire (EMG).

CONCLUSION

À la fois, le faible niveau d’activité musculaire (EMG), ainsi que l’absence de variations de cette activité EMG pendant l’étirement, semblent confirmer que l’activité réflexe ne peut pas être considérée comme un facteur limitant l’amplitude des mouvements articulaires durant des étirements passifs et lents. Donc, l apparaît que l’accroissement de l’amplitude articulaire puisse être une conséquence d’une meilleure tolérance à l’étirement de la part des sujets, plutôt que d’un changement des propriétés viscoélastiques des tissus étirés et/ou de l’activité musculaire.

NOTE DE LECTURE

Parmi les facteurs limitant l’allongement, la tolérance à l’étirement semble le plus susceptible d’expliquer les progrès observés. Ceci conforte l’utilisation de techniques associant à l’étirement des exercices de contrôle respiratoire, permettant de mieux supporter les sensations désagréables.

Source primaire

A mechanism for altered flexibility in human skeletal muscle MAGNUSSON S.-P., SIMONSEN E.-B., AAGAARD P., SOREENSEN H. and KJAER M. 1996 J. Physiol. 497 N°1 pp.291-298.

Rédacteur

Christian Miller
Docteur es Sciences de la vie, Laboratoire de Biomécanique et de Physiologie, INSEP

Éditeur

Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com

Mots-clés

amplitude, articulation, contraction musculaire, Étirement, muscle, musculation, souplesse, tendon, préparation à la performance

Lectures suggérées

HUTTON R.-S. Neuromuscular Basis Of Stretching Exercise. 1993 In Komi P.V. Ed. Strengtb and Power in Sports. Oxford : Blackwell Scientific Publications, 29-39.

TAYLOR D.-C., DALTON J.-D. Jr., SEABER A.-V., GARRETT W.-E.-J. Viscoelastic properties of muscle-tendon units. The biomechanical effects of stretching. 1990 Am. J. Sports Med. 18 : 300-309.

GEOFFROY C. Guide des étirements du sportif. 1999 Ed Vigot - Paris

C. Miller Comportement mécanique des muscles ischio-jambiers sousmis à un étirement maximal. Apport de l’analyse biomécanique à la définition de ces qualités musculaires. [Fiche savoir-sport. org (site internet)].

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