S50 - La navigation en prise de vague en kayak : une réelle économie ?

En kayak de course en ligne, une partie importante de l’énergie nécessaire à l’avancement de l’embarcation est utilisée pour vaincre la résistance offerte par l’eau. Toutefois, cette dépense d’énergie peut être réduite en cas de navigation dans le sillage d’un bateau leader, c’est-à-dire “ en prise de vague ” (voir schéma 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=677&fichier=S50_schema1.doc ). En effet, dans cette configuration, l’eau oppose une résistance plus faible à l’évolution du bateau. Cette pratique est bien connue des athlètes et des entraîneurs. Cependant, l’économie d’énergie réalisée dans ces conditions reste à quantifier, à partir de paramètres physiologiques couramment utilisés pour caractériser l’entraînement.

Les études de GRAY & coll. (1995) et de PEREZ-LANDALUCE & coll. (1998) se sont donc intéressées à quantifier l’économie d’énergie mesurée lors de la navigation en VL. Les études ont été menées sur un groupe d’athlètes membres de l’équipe nationale, canadienne ou espagnole, à une vitesse à laquelle un pourcentage important de l’entraînement annuel est réalisé, à savoir 4,7 m. s-1.

Il apparaît qu’à cette vitesse :
- la consommation d’oxygène est réduite de 11,0 % en VL par rapport à L (3,2 l. min-1 en VL et 3,6 l. min-1 en L),
- la fréquence cardiaque diminue de 4,8 % à 7,7 % (» 160 battements par minute (bpm) en VL et » 172 bpm en L),
- la production de lactate sanguin est également inférieure lors de la navigation en VL (» 2 mmol. l-1) par rapport à L (» 4 mmol. l-1). La navigation sur la vague latérale du bateau leader réduit donc considérablement la quantité d’énergie dépensée pour maintenir une vitesse donnée.

PEREZ-LANDALUCE & coll. (1998) ont également mesuré les différents paramètres physiologiques dans une autre position de navigation : la navigation en prise de la vague arrière (voir schéma 2: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=677&fichier=S50_schema2.doc ). ?La navigation en VA apparaît être plus économique qu’en VL, puisque :
- la concentration de lactate sanguin (1,5 mmol. l-1),
- la fréquence de pagayage (» 87 coups. min-1 en VA, » 89 coups. min-1 en VL et » 93 coups. min-1 en L),
- la fréquence cardiaque (» 151 bpm) sont significativement plus faibles qu’en L et sont, systématiquement, mais non significativement, plus basses qu’en VL.

Ces résultats peuvent être appréhendés de manière indirecte grâce à l’interprétation du niveau de perception de l’effort qui est significativement inférieur à celui rapporté en VL. Les auteurs ont également tenté d’évaluer la puissance moyenne développée dans chaque position de navigation en réalisant un test de laboratoire sur un ergomètre de kayak. Les résultats montrent que la navigation en VL et en VA permettent d’économiser respectivement 18 % à 32 % de l’énergie dépensée pour maintenir la vitesse considérée par rapport à la navigation en L.

La navigation en prise de vague, latérale ou arrière, d’un bateau leader réduit donc considérablement l’investissement physiologique nécessaire à maintenir une vitesse de déplacement donnée. Une séance d’entraînement réalisée en VA et en VL aura donc un impact complètement différent de celle réalisée en L. La programmation de l’entraînement doit tenir compte de ces résultats, et l’entraîneur doit rester vigilent quant à l’exécution de la séance d’entraînement. Il semble également important de distinguer le volume d’entraînement réalisé en position d’économie de celui réalisé en position de bateau leader. Il est, toutefois, à souligner que cette pratique présente des aspects positifs :
- elle permet en effet à des kayakistes de niveau hétérogène de prendre part à une seule et même séance d’entraînement ;
- elle peut permettre d’effectuer un travail intermittent ;
- elle peut également s’avérer être un atout tactique exceptionnel lors des courses de longue distance.

Cependant, il est à souligner que de tels résultats ne peuvent être obtenus que chez des athlètes experts, puisque la navigation en prise de vague nécessite un certain niveau de pratique.

Source primaire

The metabolic cost of two kayaking techniques. GRAY GL, MATHESON GO, MCKENZIE DC . Int. J. Sports Med 16 : 250-254, 1995.

Rédacteur

Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP

Éditeur

Christian Miller

Mots-clés

Analyse de la performance

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Importance of wash riding in kayaking training and competition PEREZ-LANDALUCE J, RODRIGUEZ-ALONSO M, FERNANDEZ-GARCIA B, BUSTILLO-FERNANDEZ E, TERRADOS N Med. Sci. Sports. Exerc 30 : 1721-1724, 1998.

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