S121 - Des athlètes entraînés en endurance peuvent contrer l’apparition de la fatigue en début d’effort par une pré-contraction intense

Il est courant de voir un sprinter faire de petits bonds sur place avant de se placer dans les blocs de départ. Cette pratique, qui augmente l’afflux sanguin aux muscles et qui active un plus grand nombre d’unités motrices, leur permet de recruter plus de fibres et de faire un meilleur départ. Ce que certains ignorent peut-être, c’est que ce phénomène utilisé par les sprinters est aussi utile pour des performances de plus longue durée. Il permettra une meilleure restauration de la capacité de travail et donc moins de fatigue.

On appelle « potentiel de post-activation » l’augmentation de la capacité à produire une force suite à une contraction volontaire maximale de courte durée. L’accroissement de force dépend du type de fibres musculaires. On sait déjà qu’il y a amélioration de ce potentiel au niveau des fibres de types II, après entraînement (Hamada et al., 1997). On peut se demander quels seront les effets d’un entraînement en endurance, sur le « potentiel de post-activation », et quels en seront les effets sur le temps de recouvrement (restauration de la capacité de travail) ?

Pour répondre à cette question, une étude à été menée sur 40 hommes formant 4 groupes de 10 participants : des triathloniens ayant entre 4 et 8 années d’entraînement, des coureurs ayant entre 4 et 9 années d’entraînement, un groupe contrôle actif pratiquant un entraînement en force et un groupe sédentaire sans passé d’entraînement. Les muscles testés sont le triceps brachial (extenseur du coude) et le triceps sural (fléchisseur de la cheville). On a utilisé un appareil de stimulation électrique. Le premier muscle testé était le triceps sural suivit du triceps brachial 30 minutes après. On générait une pré-contraction de 10 sec. suivi de post- contraction à la 5e sec., à la 1ère, 3e et 5e minute. Les données recueillies en post-contraction concernaient le taux de production de force maximale, le temps pour produire cette force, ainsi que le temps de recouvrement.

L’augmentation du taux de production de force maximale post-contraction est significative pour tous les groupes. Toutefois, le groupe des triathloniens et le groupe contrôle actif ont présenté une augmentation dans le muscle supérieur et inférieur testé tandis que l’augmentation chez le groupe des coureurs se limita au muscle du membre inférieur, différence imputée au fait que les coureurs utilisent moins leurs membres supérieurs.

Dans chaque groupe, le temps pour produire une force maximale post-contraction était réduit, 5 sec. suivant la pré-contraction, par rapport à la pré-contraction.

Le temps de recouvrement post- contraction était réduit significativement à la 5e sec. pour chaque groupe par rapport à la pré-contraction. Cela signifie que le muscle restaure sa capacité de travail plus rapidement en post-contraction qu’en pré-contraction. Il y a donc augmentation du taux de production de force et diminution du temps de recouvrement suite à une contraction maximale chez des athlètes entraînés en endurance.

Cela pourrait signifier qu’un entraînement en endurance des fibres de type I peut aussi augmenter la production de force dans les contractions suivant une contraction maximale. Ainsi l’athlète produit de meilleures contractions : les unités motrices produisent de meilleurs stimulus au niveau des fibres musculaires, réduisant ainsi l'apparition de la fatigue. Même si cette adaptation semble se développer avec l’entraînement, il faut être prudent face à ces résultats car nous ne sommes pas certains que les observations puissent être dues à un effet d’entraînement. Tout ce qu’on sait, c’est que des athlètes entraînés en endurance peuvent contrer, par une pré-contraction intense, l’apparition de la fatigue en début d’effort.

Source primaire

Hamada T, Sale DG, Macdougall JD.Postactivation potentiation in endurance-trained male athletes.  Med Sci Sports Exerc 2000; 32(3):403-11.

Rédacteur

Nicolas Bouchard
Étudiant en kinésiologie, Faculté de médecine préventive et sociale de l’Université Laval

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Entraînement endurance, fibres musculaires, Force, recouvrement, récupération, préparation à la performance

Lectures suggérées

Grange RW, VanDenboom R, Houston ME. Physiological significance of myosin phosphorylation in skeletal muscle. Can J Appl Physiol 1993; 18:229-42.

Hamada T, Sale DG , Macdougall JD, Tarnopolsky MA. Postactivation twich potentiation is related to duration of twitch contraction and fibre type distribution. Can J Appl Physiol 1997; 22(Suppl):25P.

Sports ciblés

Épreuves d’endurance, triathlon, course à pied

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