S154 - La méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)est un bon indice de la charge d’entraînement de séances comprenant plusieurs types d’exercices

INTRODUCTION

La quantification de la charge d’entraînement est un élément essentiel des processus de planification et de contrôle de l’entraînement.

Bien que plusieurs méthodes de quantification de l’entraînement aient été proposées et que certaines d’entre elles soient utilisées avec un certain succès, il n’existe à ce jour aucune méthode polyvalente permettant de quantifier efficacement la charge d’entraînement pour les activités mixtes. Il est particulièrement difficile d’apprécier correctement la charge associée à des activités d’entraînement ou de compétition réalisées à des intensités supra-maximales (sprints, pliométrie, musculation, etc.).

La recherche avait pour but de comparer deux mesures de la charge d’entraînement : 1) la méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS), une nouvelle méthode où la durée de l’effort est multipliée par le degré de difficulté perçue par l’athlète et 2) la méthode des training impulses (« TRIMP ») proposée antérieurement par EW Banister, méthode qui se veut objective et qui est fondée sur le temps passé dans différentes plages de fréquences cardiaques.

SUJETS ET MÉTHODE

La première partie de l’expérimentation avait pour objectif de comparer les deux méthodes pour des séances comprenant des activités d’intensité sous-maximale, maximale ou supra-maximale. La seconde partie avait pour but de comparer les deux méthodes en sports collectifs et en situation de compétition.

La quantité de travail individuel réalisé au cours de chaque séance a été calculée en multipliant la durée par la cote de difficulté globale de la séance, telle que pointée par le sujet (méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)). La méthode objective choisie, celle utilisée pour valider les résultats obtenus par la méthode «méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)», est la méthode des training impulses (« TRIMP »). Selon cette méthode, le temps d’effort accumulé dans chaque plage d’intensité (en % du VO2max) est multiplié par un coefficient correspondant à chaque plage (50-60 % = 1, 60-70 % = 2, 70-80 % = 3, 80-90 % = 4, et 90-100 % = 5). On additionne ensuite les résultats de chaque plage pour donner le score final, en TRIMP.

Partie 1 :

Un groupe de 12 cyclistes entraînés (6 hommes, 6 femmes) ont réalisé un test progressif maximal sur un cycloergomètre (Lode, Pays-Bas). Les consommations d’oxygène sous-maximales (VO2) et maximales (VO2max), les puissances aérobies maximales absolues et relatives (watts et watts/kg), les fréquences cardiaques sous-maximales (FC) et maximales (FCmax) ont été enregistrées. Le seuil anaérobie a été calculé à l’aide de la méthode décrite par Stegman et coll.

Une fois les tests réalisés, chaque sujet à été soumis à 8 séances d’entraînement sur cycloergomètre : 1) une séance continue de 30 minutes à une puissance constante correspondant à 90 % du seuil anaérobie; 2) deux séances continues de 60 et 90 minutes à une puissance constante correspondant à 90 % du seuil anaérobie; 3) cinq séances d’entraînement par intervalles dont l’intensité et la durée des fractions d’efforts et de récupération variait d’une séance à l’autre. L’ordre des séances était aléatoire. Les fréquences cardiaques et les lactatémies d’effort et de récupération ont été mesurées lors des séances. La perception subjective de l’effort était également mesurée grâce à une échelle de Borg modifiée (0 à 10 points). Trente minutes après la fin de chaque séance, l’athlète devait indiquer la difficulté globale de la séance en sélectionnant une valeur sur l’échelle de Borg modifiée.

Partie 2 :

Les membres d’une équipe de basketball masculin de niveau collégial (n = 14) ont réalisé un test progressif maximal sur tapis roulant. Les consommations d’oxygène sous-maximales (VO2) et maximales (VO2max) ainsi que les fréquences cardiaques sous-maximales (FC) et maximales (FCmax) ont été enregistrées. Les seuils ventilatoires ont été identifiés à partir des courbes VCO2-VO2 et VE-VCO2.

Une fois les tests réalisés, chaque sujet a fait l’objet d’un suivi lors de ses entraînements et compétitions de basketball. Le contenu des séances était laissé au libre choix de l’entraîneur ou dicté par les circonstances de la compétition. Les fréquences cardiaques de chaque joueur ont été mesurées à chaque séance et compilées en utilisant l’approche utilisée dans la partie 1. Un score « TRIMP » a été calculé pour chaque séance à partir des fréquences cardiaques mesurées. Trente minutes après la fin de chaque séance, le joueur devait indiquer la difficulté globale de la séance en sélectionnant une valeur sur l’échelle de Borg modifiée.

RÉSULTATS

Résultats de la partie 1 :

Des différences significatives ont été observées entre les résultats obtenus à l’aide des méthodes de la Difficulté Globale de la Séance (DGS) et « TRIMP ». Toutefois, bien que les valeurs obtenues par la méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS) aient été systématiquement supérieures à celles obtenues par la méthode « TRIMP », et que les résultats obtenus au moyen des deux méthodes ne puissent être interchangeables, les différences entre les valeurs calculées étaient constantes, peu importe le type et l’intensité de l’exercice utilisé.

Résultats de la partie 2 :

Les scores obtenus par la méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)étaient systématiquement supérieurs à ceux obtenus à l’aide de la méthode «TRIMP». Toutefois, les différences entre les valeurs calculées au moyen des deux méthodes étaient constantes et similaires aux valeurs obtenues lors des séances continues ou intermittentes utilisées dans la partie 1.

LIMITES DE L'ÉTUDE

La principale limite de cette étude repose dans le fait que la méthode « TRIMP » a été utilisée pour calculer le travail total réalisé lors des séances supra-maximales et des compétitions. En effet, la fréquence cardiaque n’étant pas un indice valide de l’intensité d’un exercice supra-maximal, il aurait sans doute été intéressant de comparer le travail total, calculé par la méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS), non pas aux résultats de la méthode « TRIMP », mais à un indicateur objectif plus spécifique à ce type d’activités (ex. : nombre d’actions en match, séries x répétitions x intensité relative, etc.) Conclusion

La similitude relative des résultats obtenus par les méthodes objective (TRIMP) et subjective (méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)) lors d’activités d’entraînement et de compétition variées donne à penser que la méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)peut s’avérer une méthode polyvalente de quantification de la charge d’entraînement, y compris lors d’activités supra-maximales.

La méthode de la Difficulté Globale de la Séance (DGS)possède l’avantage d’être simple, de ne pas nécessiter la mesure de la fréquence cardiaque maximale ni sa réévaluation, de permettre le calcul d’indicateurs du surentraînement et, finalement, de fournir à l’entraîneur un indicateur unique de la charge d’entraînement totale (volume et intensité), quelle que soit l’activité d’entraînement.

Source primaire

Foster C et al. A new approach to monitoring exercise training.  Journal of Strength and Conditioning Research 2001; 15(1):109-15.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

fréquence cardiaque, planification, quantification, perception d’effort, charge d’entraînement, préparation à la performance

Lectures suggérées

Foster C. Monitoring training in athletes with reference to overtraining syndrome.  Medicine & Science in Sports & Exercise 1998; 30(7):1164-8.

Banister EW, Calvert TW. Planning for future performance: implications for long term training.  Canadian Journal of Applied Sports Sciences 1980; 5(3):170-6.

Sports ciblés

Tous les sports

Imprimer Ajouter à mes favoris Haut de page


© Institut national du sport du Québec,