S162 - La préparation mentale améliore-t-elle la performance ?

INTRODUCTION

Des techniques d’imagerie mentale interne (où l’athlète se voit impliqué dans l’action, s’imagine en train d’exécuter la performance et en ressent les sensations) et externes (où l’athlète est spectateur de son action et se visualise en train de réaliser sa performance sans en éprouver les sensations) sont couramment utilisées par les athlètes et les psychologues du sport dans le but d’améliorer la performance sportive.

L’objectif de cette étude était d’examiner les effets de différentes techniques d’imagerie mentale sur la performance en patinage artistique auprès de patineurs de différents niveaux.

SUJETS ET MÉTHODE

Cinquante-neuf patineurs artistiques compétitifs âgés de 11 à 22 ans et possédant en moyenne 8,5 ans d’expérience en patinage artistique ont participé à l’étude.

Après avoir rempli un Movement Imagery Questionnaire (MIQ), les sujets étaient répartis, de façon aléatoire, en quatre groupes : un groupe utilisant l’imagerie interne kinesthésique (GIK), un groupe devant utiliser l’imagerie interne visuelle (GIV), un groupe utilisant l’imagerie externe visuelle (GEV) et un groupe contrôle (GC) dont les membres n’étaient soumis à aucune technique d’imagerie mentale particulière.

Les sujets de chaque groupe devaient ensuite, à quatre reprises, réaliser une figure sur glace standardisée et répondre de nouveau au MIQ ainsi qu’à une série de questionnaires post-traitement. La qualité de la performance technique a été évaluée par 3 juges.

RÉSULTATS

Même si la grande majorité (93 %) des patineurs des groupes GIV, GIK et GEV ont perçu les techniques d’imagerie mentale utilisées comme des moyens utiles leur permettant d’améliorer leur performance, aucune différence significative de performance n’a été constatée entre les 3 groupes soumis aux techniques d’imagerie. Aucune différence de performance significative n’a également été constatée entre les patineurs des GIV, GIK et GEV et ceux du groupe contrôle.

L’analyse pré et post traitement a permis de constater des améliorations de performance plus importantes chez les patineurs de niveau senior et junior, comparativement à celles constatées chez les patineurs de niveau novice. Aucune amélioration n’a été constatée chez les patineurs de niveau novices.

CONCLUSION

Cette étude suggère qu’en patinage artistique, l’utilisation de techniques d’imagerie mentale externe ou internes ne favorise pas l’atteinte d’une performance supérieure, comparativement à une situation où aucune technique d’imagerie n’est utilisée.

Plusieurs facteurs peuvent toutefois avoir influencé ces résultats :

1) un petit nombre de patineurs senior;
2) le manque de précision du système de mesure de la performance et;
3) l’utilisation régulière de techniques d’imagerie mentale chez les membres du groupe contrôle, ce qui constitue une limitation importante de cette étude.

Les patineurs les plus expérimentés (seniors) semblent capables d’exploiter plus efficacement l’imagerie interne kinesthésique que les patineurs plus jeunes, suggérant que l’âge peut avoir un impact important dans la maîtrise et l’exploitation efficace des techniques d’imagerie mentale.

L’ensemble des participants ont indiqué que l’utilisation de techniques d’imagerie mentale avait augmenté leur confiance en leurs capacités de performance. Il semble donc raisonnable de penser que l’augmentation du niveau de confiance, provoqué par l’utilisation de l’imagerie mentale, peut influencer directement ou indirectement la performance. Il est également possible que les attentes des patineurs concernant les effets de l’imagerie mentale aient été telles, qu’elles aient pu avoir un effet important sur l’augmentation de leur niveau de confiance et leur capacité de performance (effet Pygmalion).

D’autres recherches sont nécessaires pour préciser la relation entre l’imagerie mentale et la performance et, par ailleurs, les possibles interactions entre l’imagerie mentale et les autres facteurs de la préparation à la performance, tel que le niveau de confiance en soi.

Source primaire

Mumford B et Hall C The effects of internal and external imagery on performing figures in figure skating Can J Appl Sport Sci 10(4):171-7, 1985.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Patinage artistique, imagerie mentale, psychologie du sport, Analyse de la performance

Lectures suggérées

Blair A, Hall C et Leyshon G Imagery effects on the performance of skilled and novice soccer players J Sports Sci 11(2):95-101, 1993.

Livesey DJ Age differences in the relationship between visual movement imagery and performance on kinesthetic acuity tests Dev Psychol 38(2):279-87, 2002.

Wolmer L, Laor N et Toren P Image control from childhood to adolescence Percept Mot Skills 89(2):471-85, 1999.

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