S176 - Les courbatures : mécanismes, traitements et effets sur la performance.

INTRODUCTION

Les courbatures sont des douleurs musculaires qui surviennent à la suite de la pratique d’exercices physiques inhabituels ou d’activités comportant des contractions musculaires excentriques intenses. Ces sensations d’inconfort se manifestent généralement dans les 24 h suivant l’exercice, ont leur apogée entre 48 et 72 h et disparaissent habituellement 5 à 7 jours après.

En se basant sur les conclusions de plus de 150 études récentes, cette revue bibliographique avait pour objectif d’examiner l’impact des courbatures sur la performance sportive et de présenter un tour d’horizon des techniques et traitements actuellement proposés pour les prévenir et en atténuer les effets.

PRÉVALENCE

Les courbatures surviennent plus particulièrement lors de la reprise de l’entraînement (après une période d’activité réduite) ou à tout moment de la saison sportive lors de l’introduction de certains types d’activités d’entraînement. Les exercices d’entraînement qui sollicitent les groupes musculaires de façon excentrique (lorsqu’un muscle est étiré en même temps qu’il se contracte) provoquent des courbatures et des microtraumatismes musculaires de façon plus importante que n’importe quel autre type d’activité.

MÉCANISMES

A ce jour, six mécanismes différent ont été avancés pour tenter d’expliquer l’apparition des courbatures : accumulation d’acide lactique, spasme musculaire, microtraumatismes du tissu conjonctif, microtraumatismes musculaire, inflammation, écoulement enzymatique. Toutefois, le consensus scientifique actuel est qu’aucun de ces mécanismes, pris individuellement, ne permet d’expliquer l’apparition des courbatures de façon satisfaisante et qu’un modèle intégrant deux ou plusieurs de ces mécanismes pourrait être une explication plausible. Chose certaine, le premier mécanisme invoqué (accumulation d’acide lactique) peut être rejeté d’amblée, notamment parce que les exercices qui provoquent les courbatures ne s’accompagnent pas de production d’acide lactique.

IMPACT SUR LA PERFORMANCE

Les courbatures ont un impact important sur la performance. Parmi ces effets, il est courant d’observer une réduction de l’amplitude de mouvement, de la capacité des muscles à absorber les chocs ainsi qu’une diminution de la force et de la puissance musculaire. Des altérations du patron de recrutement des fibres musculaire peuvent aussi survenir et provoquer une contrainte inhabituelle sur les tendons et les ligaments.

L’ensemble de ces mécanismes compensatoires peut accentuer les risques de blessures, si un retour prématuré à l’entraînement est effectué.

PRÉVENTION ET TRAITEMENT

Plusieurs stratégies de traitement ont été proposées afin d’atténuer la sévérité des courbatures et de restaurer la fonction musculaire le plus rapidement possible. Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens ont démontré certains effets bénéfiques mais semblent que ces effets dépendent du moment de leur administration. Les massages ont démontré des effets parfois positifs parfois négatifs et leurs effets semblent être influencés par la technique utilisée et le moment auquel le massage est administré. La cryothérapie, les étirements, l’homéopathie, les ultrasons et les courants électriques n’atténuent pas les courbatures ni les autres symptômes qui y sont associés.

À l’heure actuelle la pratique d’activités physiques à faible intensité semble le moyen le plus efficace pour atténuer la sévérité des courbatures et restaurer la fonction musculaire. Les effets sont toutefois temporaires et cessent peu de temps après l’arrêt de l’exercice.

RECOMMANDATIONS

Il est recommandé aux athlètes victimes de courbatures de réduire le volume et l’intensité de l’entraînement au cours des 24 à 48 heures qui suivent les séances d’entraînement susceptibles de provoquer l’apparition de douleurs musculaires. Des activités sollicitant d’autres groupes musculaires peuvent être réalisées afin de maintenir le volume d’entraînement intact tout en laissant aux régions atteintes le temps de récupérer.

Afin de réduire les risques d’apparition des courbatures, les nouveaux exercices d’entraînement et les activités comportant des contractions musculaires excentriques doivent être incorporés graduellement (sur une période de 1 à 2 semaines) dans les programmes d’entraînement.

CONCLUSION

Les courbatures sont provoquées principalement par les activités physiques comprenant des contractions musculaires excentriques, mais les mécanismes responsables de leur apparition ne sont toujours pas identifiés. Les courbatures ayant un impact important sur la performance et leur traitement nécessitant temps et repos, l’intégration de nouvelles activités d’entraînement ou d’activités physiques comportant des contractions excentriques dans un programme d’entraînement doit être réalisée progressivement.

De nombreuses questions restent toutefois sans réponses. Aussi, de plus amples recherches sont nécessaires pour identifier les mécanismes responsables de l’apparition des courbatures; les mesures efficaces de prévention et de traitement post-exercice, ainsi que les risques associés à la pratique d’activités intenses en présence de courbatures.

Source primaire

Cheung K, Hume P et Maxwell L Delayed onset muscle soreness: treatment strategies and performance factors Sports Med 33(2):145-64, 2003.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

musculation, Courbatures

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Hasson SM et coll. Effect of ibuprofen use on muscle soreness, damage, and performance: a preliminary investigation Med Sci Sports Exerc 25(1):9-17, 1993.

Hilbert JE, Sforzo GA et Swensen T The effects of massage on delayed onset muscle soreness

Br J Sports Med 37(1):72-5, 2003.

Johansson PH et coll. The effects of preexercise stretching on muscular soreness, tenderness and force loss following heavy eccentric exercise Scand J Med Sci Sports 9(4):219-25, 1999.

Weber MD, Servedio FJ et Woodall WR The effects of three modalities on delayed onset muscle soreness J Orthop Sports Phys Ther 20(5):236-42, 1994.

Sports ciblés

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