S179 - Les effets ergogènes de la supplémentation en créatine sont surestimés et ne se manifestent que dans les activités aux intensités supramaximales.

La créatine est un acide aminé naturellement présent dans les cellules musculaires. Elle joue un rôle dans le processus de recyclage de l'énergie en se couplant à un groupement phosphate libéré par l'ATP. Étant naturellement présente dans les cellules musculaires ainsi que dans la nourriture, quoiqu'en faible quantité, la créatine (Cr) est présentement classifiée parmi les suppléments alimentaires, et non avec les médicaments. Elle n'est toujours pas considérée comme une drogue au même titre que les stéroïdes ou les amphétamines. Elle n'est donc pas bannie par le Comité international olympique (CIO), mais sa vente est défendue dans un moins un pays, la France.

Des recherches ont démontré qu'il y avait bel et bien un accroissement de la concentration de créatine phosphate (CrP) dans le muscle suite à une supplémentation. Une soigneuse étude portant sur l'équilibre Cr-créatinine effectuée il y a près de 75 ans utilisant des doses de 10-20 g Cr/jour démontre que l'absorption intestinale de Cr est proche de 100 %, que l'excrétion urinaire de créatinine augmente graduellement, qu’une grande partie de la Cr ingérée est retenue par l'organisme lors des premiers jours et qu'elle est ensuite excrétée à 90 % dans l'urine si la supplémentation est poursuivie. Concernant les effets suivants, rien n'indique définitivement que la supplémentation de créatine est en cause: diarrhée, déshydratation, nausées, problèmes d'estomac, étourdissements, faiblesses et/ou crampes musculaires, dysfonction rénale. En outre, on ignore les effets à long terme de sa consommation.

La majorité des études indique que la supplémentation de Cr permet, particulièrement chez les jeunes athlètes, d’augmenter l'habileté à produire une puissance musculaire plus élevée lors d’un travail intermittent de haute intensité, de courte durée et avec de brèves périodes de repos. La supplémentation en Cr diminue le temps de récupération musculaire. Toutefois, elle n'apparaît pas améliorer les performances des activités de type aérobie, de force isométrique maximale et de force absolue. Malgré le potentiel de gain en performance dû à la supplémentation de Cr, il faut noter que les changements en Cr et CrP musculaires totaux causés par la supplémentation ne sont pas aussi prononcés que ceux obtenus en réponse à un programme d'entraînement. Ni l'aérobie, la résistance de haute intensité ou l'exercice de haute vitesse n'est accompagné par des changements notables en CrP, en teneur de Cr totale ou à l'activité de la Cr kinase. La supplémentation en Cr s’accompagne de légers mais significatifs changements physiologiques et de performance, mais les améliorations de la performance ne se manifestent que dans des épreuves très particulières, en l'occurrence celles comportant de fréquents efforts supramaximaux. Cela suggère que les attentes apparemment élevées envers la supplémentation en créatine en matière de performance sportive ne sont pas comblés.

Source primaire

American College of Sports Medicine, Terjung RL et al. The physiological and health effects of oral creatine supplementation.(The American College of Sports Medicine Roundtable on the physiological and health effects of oral creatine supplementation). Med Sci Sports Exerc 2000; 32(3):706-17.

Rédacteur

Marie-Ève Baudry
Étudiante en kinésiologie, Faculté de médecine préventive et sociale de l’Université Laval

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Créatine phosphate, créatine, développement de la force, entraînement, ergogène, force maximale, Phosphocreatine, puissance musculaire, préparation à la performance, santé de l'athlète

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