S185 - Savoir doser les charges et le nombre de répétitions en musculation permet de contrôler les adaptations musculaires

Aujourd’hui, la musculation est intégrée dans l’entraînement de nombreuses disciplines. Les adaptations issues de ce type de pratique sont de moins en moins discutées. Seules restent quelques hésitations quant à la nature des adaptations induites en fonction de la relation "nombre de séries, de répétitions et résistance".

Ainsi, les effets de trois types d’entraînement de musculation des membres inférieurs sur la force maximale et l’endurance de force ont été mesurés. Durant une période de 8 semaines, à raison de 2 entraînements par semaine lors de 4 premières semaines, puis de 3 entraînements par semaine, trois groupes de sujets sédentaires sont donc réalisés soit :

- Fmax : 4 séries de 3 à 5 RM (Répétitions Maximales) avec une récupération de 3 minutes (Entraînement "Force Maximale")

- Fpuis : 3 séries de 9 à 11 RM avec une récupération de 2 minutes (Entraînement "Force-Puissance")

- Fend : 2 séries de 20 à 28 répétitions avec une récupération de 1 minute (Entraînement "Force-Endurance").

Des précautions ont été prises pour que chaque groupe réalise la même quantité de travail (résistance x répétitions x séries). Avant et après la période d’entraînement, la force maximale, l’endurance de force (nombre maximal de répétitions réalisées à 60 % de 1RM), la surface de section musculaire sont mesurées, et enfin le VO2max. et le temps limite sont évalués sur ergocycle.

À l’issue de la période d’entraînement, la force maximale (1 RM) est significativement augmentée pour les trois groupes. Toutefois, il est à noter que cette augmentation est significativement plus importante pour Fmax (+61%) comparé aux autres groupes (+36% pour Fpuis et +32 % pour Fend). À l’inverse, seul l’entraînement Fend a induit une amélioration significative de l’endurance de force (figure 1). L’entraînement a également d’autres adaptations telles que :

pour Fmax et Fpuis, une augmentation de la surface de section musculaire (figure 2) associée à une conversion des fibres musculaires IIb en fibres musculaires IIa (figure 3);

pour Fend, une augmentation de la performance en bicyclette ergocycle (PMA et temps limite), sans modification du VO2max. Ces dernières adaptations pourraient résulter d’une augmentation du seuil lactique et de la force des membres inférieurs, sans être nécessairement reliées à une augmentation de la capacité aérobie. L’amélioration significative de l’endurance de force mesurée uniquement pour ce groupe est certainement imputable à ces adaptations. Toutefois, le choix de la charge adoptée lors du test d’endurance de force peut avoir influencé les résultats. En effet, ce test a été réalisé à une charge correspondant à 60 % d’1RM, réévalué après la période d’entraînement. De ce fait, après la période d’entraînement, le groupe Fmax a réalisé le test d’endurance de force à une charge supérieure de 61 % à la charge initiale. Afin de mieux évaluer les gains en endurance de force, sans doute faudrait-il adopter une charge absolue pour les tests réalisés avant et après la période d’entraînement.

Ces trois types d’entraînement induisent donc des adaptations spécifiques contribuant aux différences observées entre les groupes concernant la force maximale dynamique et l’endurance musculaire locale. Cette étude montre donc qu’un entraînement caractérisé par une intensité élevée et un nombre de répétitions limité est le meilleur stimulus pour obtenir des gains de force maximale. En outre, pour une population de sujets non-entraînés, un entraînement dit de "Force-Puissance" induit les mêmes types d’adaptations au niveau de l’architecture musculaire qu’un entraînement dit de "Force Maximale". Bien que légèrement moins marqués, ces résultats doivent également être observés chez des sujets entraînés.

Source primaire

Muscular adaptations in response to three different resistance-training regimens : specificity of repetition maximum training zones. Campos et al. 2002 European Journal of Applied Physiology, 88 : 50-60.

Rédacteur

Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP

Éditeur

Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com

Mots-clés

endurance, entraînement, Force, musculation, puissance, préparation à la performance

Lectures suggérées

ANDERSON T., KEARNEY J.-T. Effects of three resistance training programs on muscular strength and absolute and relative endurance. 1982 Res. Q. Exerc Sport 53 : 1-7.

STONE W.-J., COULTER S.-P. Strength/endurance effects from three resistance training protocols with women. 1994 J. Strength Cond. Res. 8 : 231-234.

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