S220 - Un refroidissement corporel, réalisé avant un effort maximal de courte durée en environnement chaud, réduit la performance en demi-fond

INTRODUCTION

En environnement chaud, l’élévation de la température centrale a un effet négatif sur la performance. Des recherches ont été entreprises pour tenter de déterminer si un refroidissement corporel, réalisé avant l’effort, améliorait la performance en environnement chaud.

À l’heure actuelle, la majorité des études portant sur les effets d’un refroidissement corporel pré-effort révèlent une amélioration de performance lors d’activités d’endurance. Par contre, les recherches ayant examiné les effets d’un refroidissement corporel précédant un effort maximal de courte durée ont souvent donné des résultats contradictoires.

Le but de la recherche était de déterminer les effets d’un refroidissement corporel de 20 minutes sur le temps de maintien d’un effort à 100 % du VO2max en environnement chaud.

SUJETS ET MÉTHODE

Onze athlètes d’endurance entraînés ont participé à l’étude (âge = 24,1 ± 7 ans; taille = 178,6 ± 5,5 cm; poids = 70,9 ± 6,6 kg; pourcentage de graisse = 8,1 ± 0,9 %; VO2max = 54,8 ± 4,2 mL/kg/min). Lors de l’évaluation préliminaire, le VO2max ainsi que la vitesse aérobie maximale (VAM) ont été mesurés lors d’un test maximal progressif sur tapis roulant.

Les sujets ont ensuite réalisé deux efforts maximaux en environnement chaud (température = 38°C, humidité relative = 40 %) au cours desquels ils devaient maintenir une vitesse de course équivalant à 100 % de la VAM jusqu’à l’épuisement. La première épreuve était précédée d’un refroidissement corporel. La seconde était seulement précédée de l’échauffement standardisé commun aux deux épreuves.

La procédure de refroidissement corporel consistait à demeurer debout pendant 20 minutes dans une pièce ventilée (4 m/s) où la température était constante (22°C) et où de l’eau (50 mL/min) était pulvérisée sur le sujet.

La température centrale était mesurée toutes les minutes grâce à un thermomètre placé dans l’œsophage du sujet. La température cutanée était mesurée au début, à la minute 3 et à la fin de chaque épreuve, à l’aide de quatre thermistors de surface placés sur quatre parties du corps différentes. Les fréquences cardiaques ont été enregistrées au moyen d’un cardiofréquencemètre Polar.

RÉSULTATS

Lorsque les sujets étaient soumis au refroidissement corporel pré-effort, la durée de la course à 100 % de la VAM était réduite de façon significative, comparativement au test réalisé sans refroidissement préalable (respectivement 368,9 ± 56,2 s et 398,9 ± 55,5 s).

Lorsque les sujets étaient soumis au refroidissement corporel pré-effort, les températures maximales centrales et cutanées, les taux d’accumulation de chaleur et la chaleur nette accumulée ont tous été réduits par rapport à la situation sans refroidissement (respectivement 37,51 ± 0,57 vs 38,56 ± 0,30°C; 34,18 ± 1,22 vs 36,15 ± 0,70°C; 0,2 ± 0,05 vs 0,28 ± 0,05 °C/min et; 238,4 ± 109,6 vs 531,9 ± 78,3 kJ).

Aucune différence significative de lactatémie n’a été observée entre les deux conditions.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette recherche comporte plusieurs limites : 1) bien que les auteurs qualifient leur sujets « d’athlètes d’endurance entraînés », leurs consommations maximales d’oxygène (VO2max = 54,8 ± 4,2 mL/kg/min) ne reflètent pas les valeurs mesurées couramment chez ce type d’athlètes (> 65 mL/kg/min); ceci rend les résultats difficilement généralisables à des d’athlètes de haut niveau; 2) la recherche ne permet pas d’identifier les mécanismes physiologiques et neuromusculaires pouvant expliquer la réduction de performance provoquée par le refroidissement corporel précédant l’effort maximal.

CONCLUSION

Bien que d’autres études aient révélé une amélioration de la performance en environnement chaud par le refroidissement du sujet avant l’épreuve, même pour des épreuves de moins de 2 minutes, la présente étude mène à un résultat inverse pour des efforts maximaux d’une durée de 5 à 10 minutes. Les entraîneurs qui songent à soumettre leurs athlètes à une procédure de pré-refroidissement avant les épreuves de demi-fond devant être courues dans un environnement chaud doivent savoir que ce ne sont pas toutes les études qui ont permis de mettre en évidence l’intérêt d’une telle pratique.

Source primaire

Mitchell JB, McFarlin BK, Dugas JP. The Effect of Pre-Exercise Cooling on High Intensity Running Performance in the Heat. International Journal of Sports Medicine 2003; 24(2):118-24.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

température corporelle, thermorégulation, refroidissement corporel, performance

Lectures suggérées

Duffield R et al. Effect of wearing an ice cooling jacket on repeat sprint performance in warm/humid conditions. British Journal of Sports Medicine 2003; 37(2):164-9.

Booth J, Marino F, Ward JJ. Improved running performance in hot humid conditions following whole body pre-cooling. Medicine & Science in Sports & Exercise 1997; 29(7):943-9.

Sports ciblés

Course de demi-fond, cyclisme sur piste

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