S229 - Un échauffement intermittent intensif améliore la performance en kayak

INTRODUCTION

Cette recherche visait à comparer les effets sur la performance en kayak, d’un échauffement continu d’intensité modérée, à ceux d’un échauffement intermittent de haute intensité.

SUJETS ET MÉTHODE

Sept kayakistes de niveau national (âge = 24 ± 4 ans; poids = 80,4 ± 5,6 kg; VO2 max = 4,07 ± 0,52 L/min) ont participé à l’étude.

Le protocole expérimental consistait à soumettre chaque sujet à : 1) un test progressif maximal; 2) deux protocoles d’échauffement standardisés de 15 minutes (continu et intermittent), suivi d’une récupération passive de 5 minutes et d’un test maximal de 2 minutes. L’échauffement, le test progressif ainsi que le test de performance ont été réalisés sur un ergomètre de pagayage (K1 Ergo, Garran, Australie).

L’échauffement continu consistait à réaliser 15 minutes à ~ 65 % de la puissance aérobie maximale (PAM). L’échauffement intermittent consistait à pagayer 10 minutes à ~ 65 % de la puissance aérobie maximale et 5 sprints de 10 secondes à 200 % de la PAM, séparés par 50 secondes de récupération à 50 % de la PAM.

Les puissances maximale et moyenne, fréquences cardiaques, lactatémies, consommations d’oxygène (VO2) et consommations maximales d’oxygènes (VO2max) ont été mesurées lors des échauffements, des récupérations et des tests. Le « seuil lactique » a été calculé en utilisant la méthode Dmax modifiée (Bishop et coll. 1998). Le déficit accumulé en oxygène a été calculé en utilisant la méthode décrite par Gastin et coll. (1998).

RÉSULTATS

Le protocole d’échauffement intermittent a permis d’améliorer la performance subséquente de façon significative, comparativement au protocole continu. La puissance moyenne totale (328 vs 321 watts), la puissance maximale (629 vs 601 watts) ainsi que les puissances moyennes mesurées lors de la première minute (375 vs. 359 watts) ou de la deuxième minute du test (281 vs 284 watts) ont été plus élevées après l’échauffement intermittent.

Aucune différence de consommation d’oxygène (VO2) n’a été constatée lors des 10 premières minutes des différents échauffements, lors de la période de récupération et de celle qui a immédiatement précédé le début du test maximal. Le VO2 a cependant été plus élevé lors des 5 dernières minutes de l’échauffement intermittent (lorsque les sprints ont été effectués). Lors du test maximal de 2 minutes, le VO2max, le VO2, le déficit accumulé d’oxygène, la concentration de lactate, le pH plasmatique ainsi que les fréquences cardiaques à l’effort n’ont pas été significativement différents, malgré l’utilisation de protocoles d’échauffement distincts.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette recherche se heurte à plusieurs limitations :
1) elle porte sur un petit nombre d’athlètes (7), ce qui rend ses résultats difficilement généralisables;
2) elle ne permet pas d’identifier avec exactitude les mécanismes responsables de l’amélioration de performance constatée après l’échauffement intermittent;
3) elle ne permet pas de déterminer la proportion optimale d’effort continu - effort intermittent de la période d’échauffement.

CONCLUSION

Les résultats de cette étude démontrent que, bien qu’aucune différence significative n’ait pu être constatée sur le plan des paramètres physiologiques et biologiques, l’utilisation d’un échauffement intermittent permet d’améliorer la performance lors d’un effort maximal de 2 minutes.

Les puissances de travail significativement plus élevées mesurées après un échauffement intermittent, suggèrent que les contractions musculaires quasi maximales réalisées lors des 5 sprints d’échauffement, ont permit aux athlètes de recruter des unités motrices additionnelles et, par conséquent, de produire une puissance de travail plus élevée sans augmenter le coût métabolique.

Le rôle réel d’une éventuelle pré-activation neuromusculaire produite par le type d’échauffement, ou celui d’autres mécanismes pouvant permettre d’expliquer cette amélioration de performance, demeurent inexpliqués à ce jour.

Source primaire

Bishop D, Bonetti D et Spencer M The effect of an intermittent, high-intensity warm-up on supramaximal kayak ergometer performance J Sports Sci 21(1):13-20, 2003.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

muscle, Échauffement, Force, puissance, kayak

Lectures suggérées

Grodjinovsky A et Magel JR Effect of warm-up on running performance. Research Quart 41(1):116-9, 1970.

Bishop D Warm up I: potential mechanisms and the effects of passive warm up on exercise performance Sports Med 33(6):439-54, 2003. 

Bishop D Warm up II: performance changes following active warm up and how to structure the warm up Sports Med 33(7):483-98, 2003.

Sports ciblés

Kayak, aviron et tout sport nécessitant une puissance maximale pendant une courte durée

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