S230 - Un échauffement à intensité élevée améliore la performance à 100-120 % de la PAM

On dit qu’un bon patron d’échauffement en vue d’un effort à intensité très élevée, par exemple une courte course cycliste contre la montre telle une poursuite individuelle ou par équipe, doit être suffisamment intense, mais pas trop. En effet, l’échauffement doit notamment permettre la consolidation du schéma moteur, l’augmentation de la température des cellules musculaires et de la perfusion sanguine des muscles, sans toutefois trop entamer les réserves énergétiques. Par ailleurs, l’idée circule encore dans les milieux sportifs qu’il serait désavantageux de débuter une compétition avec une concentration plasmatique de lactate supérieure à la concentration de repos.

Pour vérifier s’il est vrai, comme d’autres chercheurs l’ont proposé antérieurement, qu’un effort de quelques minutes à intensité élevée effectué quelques minutes avant un test maximal, améliore la performance à ce test, des chercheurs Britanniques ont demandé à 7 sujets (non informés du but de l’étude) de tenir le plus longtemps possible une puissance de pédalage correspondant à 100, 110 ou 120 % de leur puissance aérobie maximale (% de la PAM) sans exercice préalable (essais de contrôle) ou 10 min après avoir pédalé pendant 6 min à intensité élevée (à mi chemin entre le seuil ventilatoire et la PAM, soit environ 75 % de la PAM) mais non maximale. Les sujets n’avaient pas de rétroaction sur la durée de leur effort. Leur concentration sanguine en lactate était plus grande après cet ‘échauffement’ plutôt violent, et ils ont réussi à maintenir pendant plus longtemps l’intensité cible.

Tableau 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=491&fichier=S230_tableau1.docx

Les coureurs cyclistes auraient donc raison lorsqu’ils prétendent qu’il faut « se pousser pas mal fort » avant une course contre la montre. Les chercheurs qui ont effectué cette étude sont d’avis que ces résultats s’expliquent par une augmentation de la contribution du métabolisme aérobie, par une réduction de la dette d’oxygène et par un effet protecteur du lactate contre la fatigue associée à la perte de l’ion K+ dans les cellules des muscles actifs. Fait intéressant à noter, les VO2 atteints lors des tests à intensité supramaximale étaient significativement plus élevés lorsqu’un effort préalable avait été effectué que dans la condition contrôle.

Les résultats de cette étude ne permettent pas de déterminer précisément quel est le meilleur patron d’échauffement, mais ils montrent l’intérêt d’inclure, dans la routine d’échauffement, une période d’effort relativement élevée, quelques minutes avant le début de la compétition.

Source primaire

Jones AM et al. Prior Heavy Exercise Enhances Performance during Subsequent Perimaximal Exercise.  Med Sci Sports Exerc.2003; 35(12):2085-92.

Rédacteur

Francis Paradis
M.Sc., entraîneur-chef, Centre national de cyclisme de Québec

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Échauffement, course contre la montre, intensité maximale, intensité supramaximale

Lectures suggérées

Burnley M, Doust JH, Jones AM. Effects of prior heavy exercise, prior sprint exercise and passive warming on oxygen uptake kinetics during heavy exercise in humans.Eur J Appl Physiol. 2002; 87(4-5):424-32.

Burnley M, Doust JH, Ball D, Jones AM. Effects of prior heavy exercise on VO2 kinetics during heavy exercise are related to changes in muscle activity. J Appl Physiol. 2002; 93(1):167-74.

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