S232 - Un cycle de récupération d’une semaine à volume réduit ne s’accompagne pas d’une réduction de la performance, mais ne permet pas de ... récupérer!

INTRODUCTION

Depuis quelques années, les entraîneurs cherchent à faire évoluer par cycles la charge d’entraînement de leurs athlètes. On sait qu’une réduction importante de la charge (60 à 90 %) au cours des 1-3 semaines qui précèdent une compétition importante (affûtage) s’accompagne d’une meilleure performance. On sait aussi qu’une augmentation trop rapide ou trop importante de la charge d’entraînement réduit la capacité de performance de l’athlète et augmente les risques de surentraînement. Mais on ne connaît pas parfaitement quels sont les effets d’un cycle de récupération survenant à la suite d’un cycle de surcharge progressive, un modèle d’entraînement pourtant couramment utilisé.

Le but de la recherche était d’évaluer, chez des rameurs de haut niveau, les changements de performance et les adaptations physiologiques occasionnés par un programme d’entraînement comprenant un cycle de surcharge de trois semaines, suivi d’un cycle de récupération d’une semaine au cours duquel la charge d’entraînement avait été réduite.

SUJETS ET MÉTHODE

Dix-huit rameurs membres de l’équipe nationale de Nouvelle-Zélande (10 hommes, 8 femmes) ont participé à l’étude (hommes : âge = 23,6 ± 2,5 ans; taille = 194,5 ± 5,0 cm; poids = 89,2 ± 4,1 kg; années d’expérience compétitive = 8; performance au 2000 m = 367 ± 8 s; femmes : âge = 22,0 ± 2,4 ans; taille = 177,0 ± 2,6 cm; poids = 73,8 ± 5,9 kg; années d’expérience compétitive = 6; performance au 2000 m = 420 ± 12 s).

PROGRAMME D'ENTRAÎNEMENT

Les trois premières semaines constituaient le cycle de surcharge. Pendant cette période, la fréquence et le volume d’entraînement ont été augmentés respectivement de 33 et de 30 % par rapport au programme d’entraînement habituel. La quatrième semaine du programme constituait le cycle de récupération. Pendant cette période, le volume d’entraînement était réduit de 25 % par rapport à celui des 3 premières semaines. Les hommes et les femmes étaient soumis au même programme qui comprenait des séances d’aviron, de course à pied et de musculation.

MESURE DE LA PERFORMANCE

Chaque athlète a été évalué à quatre occasions :

1) une semaine avant le début du cycle de surcharge,
2) au début du cycle de surcharge,
3) à la fin du cycle de surcharge et
4) à la fin du cycle de récupération.

Les tests ont été réalisés environ 48 h après la dernière séance de musculation et 24-30 h après la dernière séance d’aviron de la semaine. Chaque athlète était toujours évalué à la même heure de la journée.

Le test de performance consistait à couvrir une distance de 500 m le plus rapidement possible sur un simulateur d’aviron (Concept II, Modèle C, USA). Pendant les tests, les athlètes avaient une rétroaction instantanée de la distance parcourue et de la cadence d’aviron, mais on ne leur donnait aucune rétroaction sur leur puissance de travail ni sur le temps écoulé.

Les fréquences cardiaques ont été enregistrées avant, pendant et après chaque test à l’aide d’un cardiofréquencemètre. Des échantillons sanguins ont été prélevés 3, 5 et 10 minutes après la fin de chaque test. Les prélèvements sanguins ont été analysés et les concentration de lactates ont été mesurées.

RÉSULTATS

Seize athlètes ont réalisé les tests à 3 occasions ou plus et seulement 11 sujets ont réalisé l’ensemble des tests. Aucune différence significative de performance n’a été constatée entre le début et la fin du cycle de surcharge (89,4 ± 7,3 s vs 88,1 ± 7,3 s); entre la fin du cycle de surcharge et la fin du cycle de « récupération » (88,6 ± 6,8 s) ou pendant toute la durée du programme.

Chez les 11 sujets ayant réalisé l’ensemble des tests, les fréquences cardiaques maximales mesurées avant et à la fin du cycle de surcharge ont diminué (177,7 ± 7 bpm vs 172 ± 9 bpm.). Il en a été de même avec les fréquences cardiaques de récupération mesurées 3 et 4 minutes après la fin de l’effort. Sur l’ensemble des sujets, les fréquences cardiaques et de récupération n’ont démontré aucun changement significatif.

Les concentrations de lactate et d’ammoniaque post-exercice ont respectivement augmenté et décliné après les semaines 3 et 4 du programme, mais la performance est demeurée inchangée.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Lors du cycle de récupération, la fréquence des séances d’entraînement était identique à celle utilisée lors du cycle de surcharge (+ 33 % par rapport au programme d’entraînement habituel). Par conséquent, même si le volume d’entraînement avait été réduit de 25 %, la charge d’entraînement du cycle de « récupération » demeurait supérieure ou égale à celle du programme d’entraînement habituel de l’athlète. Ceci explique peut-être pourquoi le cycle de récupération ne s’est pas accompagné d’adaptations positives, tant sur le plan physiologique que sur le plan de la performance. L’amélioration de la capacité de performance d’athlètes de haut niveau repose sur des mois, voire des années d’entraînement systématique et intensif. Compte tenu de la courte durée de l’analyse (4 semaines) il est possible que les adaptations physiologiques et neuromusculaires aient été si infimes qu’elles n’aient pas été détectées par le test utilisé et les variables de récupération sélectionnées. Il est également possible que, chez ces athlètes, ces adaptations aient déjà atteint un plateau ou puissent être accélérées lors du cycle d’entraînement subséquent.

CONCLUSION

Un cycle de surcharge d’entraînement de trois semaines, suivi d’un cycle de récupération d’une semaine à volume d’entraînement réduit, ne semble pas avoir de répercussions négatives ou positives sur la performance lors d’un effort maximal d’environ 90 s.

Ainsi, si une réduction temporaire et modérée du volume d’entraînement permet d’accommoder certains imprévus (voyages, mauvais temps, etc.) sans répercussions négatives sur la performance, un cycle de récupération d’une semaine où le volume est réduit de 25 % mais où l’intensité demeure élevée ne semble pas permettre l’installation des adaptations physiologiques et neuromusculaires souhaitées. D’autres recherches devront être réalisées pour déterminer les caractéristiques exactes d’un cycle de récupération optimal.

Source primaire

Smith HK. Ergometer Sprint Performance and Recovery with Variations in Training Load in Elite Rowers. International Journal of Sports Medicine 2000; 21(8):573-8.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

surcharge, récupération, Affûtage, performance, Périodisation

Lectures suggérées

Lehmann MJ, et al. Training and overtraining: an overview and experimental results in endurance sports. Journal of Sports Medicine and Physical Fitness 1997; 37(1):7-17.

Mujika I, Padilla S. Scientific bases for precompetition tapering strategies.Medicine & Science in Sports & Exercise 2003; 35(7):1182-7.

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