S239 - Méthodes de quantification de la charge et de la prévention du surentraînement chez le sportif : analyse comparative

Quantifier la charge d’entraînement et de compétition fait désormais partie intégrante de tout entraînement sportif rigoureux. la nécessité de mesurer cette charge rend indispensable l’utilisation d’un système de quantification, permettant une adaptation individuelle (Gabriel et al., 1998).

RELATION CHARGE - CAPACITÉ DE PERFORMANCE

La charge d'entraînement peut être quantifiée par différentes méthodes :

MÉTHODES OBJECTIVES

- de la fréquence cardiaque (FC) maximale ou de réserve ;
- de la FC passée dans chaque zone ;
- de VMA, de xRM ;
- nombre de séries * nombre de répétitions x résistance utilisée (exercices de force) ;
- nombre de kilomètres à x % de la zone de FC visée ou d’une allure cible ;
- nombre d’heures d’entraînement à x % de la zone de la FC visée ou d’une allure cible ;
- nombre de kilocalories dépensées.

Commentaires :

Ces méthodes ne permettent pas de prendre en compte des perturbations physiologiques provoquées par l’état de fatigue, le stress, le niveau d’hydratation ainsi que de tout autre facteur physiologique, psychologique ou environnemental pouvant influencer négativement la performance (Hopkins, 1991). En outre, ces méthodes utilisent souvent les FC de repos et maximale, indicateurs qui varient en fonction de l’état d’entraînement (Uusitalo, 2000) et doivent être réévaluées de façon régulière (Zavorsky, 2000). Les méthodes de quantification utilisant les FC sont inadaptées aux activités intermittentes (musculation, sports collectifs, etc.) ou celles effectuées à très haute intensité (Hopkins, 1991).

MÉTHODES OBJECTIVES

- Quantification de la difficulté subjective d’une séance (0-10 octobre) ;
- Questionnaire de suivi de l’humeur (Mood State), questionnaires psychologiques variés ;
- Observation directe par l’entraîneur.

Commentaires :

Les indices subjectifs sont faciles à utiliser (pas de matériel particulier) et permettent de prendre en compte des perturbations physiologiques dues à l’état de fatigue pré-séance, le niveau d’hydratation et de tout autre facteur physiologique, psychologique ou environnemental pouvant influencer négativement la performance. Ces méthodes supposent que le sportif possède une bonne connaissance de soi. Elles ne prennent pas en compte la durée de l’effort (on suppose qu’une séance de 30 minutes notée "difficile" génère une charge identique qu’une séance de 90min également qualifiée de "difficile"). L’observation directe est efficace mais difficile à réaliser lors des entraînements collectifs. Certains sportifs peuvent également être réticents à être observés lors des séances et la compilation et l’analyse des observations peuvent s’avérer difficile (Hopkins, 1991). Les questionnaires de suivi de l’humeur sont des outils efficaces pour détecter le surentraînement (McKensie, 1999).

MÉTHODES MIXTES

Cahiers d’entraînement : À cause de la difficulté à compiler et analyser les informations contenues dans ces carnets, ces outils ne sont que d'une utilité limitée : (Hopkins, 1991).

Méthode Mercier :

(D. Mercier, 1995-communication personnelle) ; CHARGE = DISTANCE PARCOURUE (km) * DIFFICULTÉ (volume réalisé/volume maximal estimé par le sportif). Cette méthode pourrait s’avérer utile pour quantifier la charge d'activités où on peut mesurer la distance parcourue pendant la séance (course à pied, cyclisme… etc.). Toutefois, la méthodologie sur laquelle elle repose n’a, à ce jour, fait l’objet d’aucune publication scientifique et elle est difficilement applicable aux activités dont la distance parcourue est impossible à mesurer ou non représentative du volume d’entraînement (sports collectifs, musculation, etc.).

Méthode Foster :

(Foster, 1998) ; CHARGE = DURÉE (min) * DIFFICULTÉ SUBJECTIVE DE LA SÉANCE (0-10) Cette méthode permet de quantifier des activités et intensités très variées (Foster, 2001), de calculer les indices associés à l’apparition du surentraînement et de prédire efficacement l’apparition des problèmes de santé (Foster, 1998). Cette méthode a été validée pour différentes activités physiques en la comparant aux méthodes objectives (Foster, 2001). Protocole d'utilisation :

Collecte des informations Le sportif quantifie la difficulté de chaque séance d’entraînement à l'aide d'une échelle de BORG modifiée (0 à 10) et note la durée complète de la séance (minutes). Une grille de saisie hebdomadaire peut être utilisée.

Traitement et analyse des informations Le traitement des informations peut s’effectuer à l’aide du site web AthleteMonitoring.com (www.athletemonitoring.com), ou d’un logiciel de gestion de bases de données (Access - Microsoft). Le logiciel AthleteMonitoring.com intègre la méthode FOSTER et automatise le calcul des différents indices : -Charge DURÉE (MIN) * DIFFICULTÉ GLOBALE (1-10) ; indicateur lié aux adaptations POSITIVES à la charge d’entraînement. -Monotonie CHARGE HEBDOMADAIRE/ÉCART-TYPE DE LA CHARGE ; indice de variation de la charge de travail ; lié aux adaptations NÉGATIVES à la charge d’entraînement -Contrainte CHARGE * MONOTONIE ; indicateur lié aux adaptations NÉGATIVES à la charge d’entraînement et au SURENTRAÎNEMENT. Une contrainte hebdomadaire élevée permet d'expliquer plus de 85 % des problèmes de santé associés au surentraînement (Foster, 1998). -Fitness CHARGE-CONTRAINTE Indice associé à la capacité de performance temporaire du sportif (effets positifs représentés par l’indice "Charge" auxquels sont soustraits les effets négatifs représentés par l’indice "Contrainte"). Lorsque la CONTRAINTE hebdomadaire est plus importante que la CHARGE, la capacité de performance diminue et vice-versa.

CONCLUSION

Il semble que les méthodes mixtes possèdent l’avantage de prendre en compte à la fois les facteurs objectifs et les facteurs subjectifs qui influencent l’adaptation individuelle à une charge d’entraînement.

À l’heure actuelle, plusieurs méthodes mixtes sont proposées ; la méthode des carnets d'entraînement, la méthode proposée par MERCIER et celle proposée par FOSTER.

Les méthodes FOSTER et MERCIER utilisent la perception subjective de l’effort comme marqueur de l’intensité de la séance. La méthode MERCIER utilise le kilométrage de la séance comme indicateur du volume (la méthode FOSTER utilise elle la durée de la séance). Cette différence fondamentale limite la méthode MERCIER aux activités où la distance parcourue peut être mesurée avec précision alors que la méthode FOSTER, qui utilise le temps comme indicateur du volume, permet de quantifier la charge pour un plus grand nombre d’activités (efforts continus, discontinus, compétitions, musculation, sports d’équipe, etc.). À ce jour, seule la méthode FOSTER a été validée par rapport aux méthodes objectives et permet de quantifier la charge pour de multiples activités d’entraînement.

Par sa simplicité d’utilisation, sa polyvalence, le nombre de publications scientifiques dont elle a été l’objet, le fait qu’elle permette de quantifier la charge d’entraînement et de calculer un ensemble d’indicateurs associés au surentraînement, la méthode FOSTER nous apparaît, à l’heure actuelle, l’outil le plus efficace pour quantifier et contrôler la charge d’entraînement.

Source primaire

http://www.af-d.com/

Rédacteur

GAZZANO François
Préparateur physique, Diplômé en sciences du sport par l'Université de Montréal (Canada)

Éditeur

Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com

Mots-clés

Contrôle de l'entraînement, intensité de l'entraînement, mesure performance, théorie de l'entraînement

Lectures suggérées

HOPKINS W.-G. Quantification of training in competitive sports. Methods and applications. Sports Med. 1991 Sep ; 12 (3) : 161-83.

MC KENZIE D.-C. Markers of excessive exercise Can J Appl Physiol, 1999 Feb, 24 : 1, 66-73.

FOSTER C. - Monitoring training in athletes with reference to overtraining syndrome Med Sci Sport Exerc Vol. 30, No 7, pp. 1164-1168, 1998.

FOSTER C., FLORHAUG J.-A., FRANKLIN J., GOTTSCHALL L., HROVANTIN L.-A., Parker S., Doleshal P., Dodge C. : A new approach to monitoring exercise training. J. Strength Cond. Res. 15 (1) : 109-115. 2001.

GABRIEL H.-H. ; URHAUSEN A. ; VALET G ; HEIDELBACH U. ; KINDERMANN W Overtraining and immune system : a prospective longitudinal study in endurance athletes Med Sci Sports Exerc 1998 Jul, 30 : 7, 1 151-7

UUSITALO A.-L ; UUSITALO A.-J ; RUSKO H.-K - Heart rate and blood pressure variability during heavy training and overtraining in the female athlete Int J Sports Med 2000 Jan ; 21 (1) : 45-53.

ZAVORSKY G.-S. Evidence and possible mechanisms of altered maximum heart rate with endurance training and tapering Sports Med 2000 Jan;29(1):13-26.

Sports ciblés

Tous les sports à prédominance énergétique

Imprimer Ajouter à mes favoris Haut de page


© Institut national du sport du Québec,