S256 - L’analyse des durées des phases du cycle de nage, de la fréquence et de l’amplitude de nage permet de caractériser l’effet de la fatigue sur la performance en natation

La méthode la plus courante d’analyse technique en natation consiste à suivre l’évolution des paramètres cinématiques, c’est-à-dire l’amplitude et la fréquence de nage. On sait qu’avec l’apparition de la fatigue, la vitesse et l’amplitude de nage diminuent alors que la fréquence de nage reste stable ou augmente légèrement. Dans cette étude, on fait une analyse technique plus complète en étudiant la coordination des actions propulsives.

Chollet et coll. (2000) ont proposé un « indice de coordination » (IdC) quantifiant le décalage temporel entre les actions propulsives des bras en crawl. Il s’agit de mesurer la durée de chacune des phases constitutives du cycle de nage (% du temps total) à savoir la glisse (A), la traction (B), la poussée (C) et le retour aérien (D). Le « décalage temporel entre la propulsion des deux bras » (en % du temps de cycle de nage) est la période de temps entre la fin de la poussée d’un bras et le début de la traction de l’autre bras. Une valeur négative de l’indice de coordination correspond à un temps non propulsif entre l’action des deux bras (coordination en rattrapé). Lorsque l’indice de coordination est nul, les actions propulsives s’enchaînent. Lorsque l’indice de coordination est positif, un chevauchement se produit entre les actions propulsives des deux bras (superposition).

La capacité du nageur à coordonner ses actions propulsives se reflète dans les fluctuations intracycles de la vitesse de nage. Ainsi, ces fluctuations sont un indice de l’habileté technique du nageur (Costill et coll., 1987). En effet, pour une même vitesse de nage, les fluctuations intracycles de faibles amplitudes sont associées à une technique plus efficace.

Le but de cette étude était d’analyser, au cours d’un exercice conduisant à épuisement, l’évolution de la coordination des actions propulsives en crawl et d’en observer les répercussions sur les variations intracycles de la vitesse de nage en relation avec la vitesse moyenne, l’amplitude et la fréquence de nage.

Dix-sept nageurs ont effectué 2 fois 25 m entrecoupés d’un 200 m, chaque distance devant être nagée à intensité maximale. Les nageurs étaient filmés de face et de profil afin de mesurer la durée de chacune des phases du cycle de nage (A, B, C et D en %) et de calculer l’indice de coordination (indice de coordination, en %). La vitesse moyenne (Vm en m/s), l’amplitude (SL en m/cycle) et la fréquence de nage (SR en cycles/min) ont été mesurées. Durant les 2 fois 25 m, les nageurs étaient reliés à un capteur de vitesse pour mesurer la vitesse de nage instantanée (V en m/s). On a calculé les fluctuations de la vitesse de nage à partir des valeurs maximales (Vmax/V en %) et minimales (Vmin/V en %) de la vitesse instantanée de nage.

RÉSULTATS

Le 200 m :

Il y a une diminution significative entre le premier et le dernier 50 m du 200 m, dans la vitesse moyenne (Vm) (1,67 ± 0,15 contre 1,46 ± 0,15 m/s), l’amplitude de nage (2,28 ± 0,22 contre 2,1 ± 0,26 m/cycle) et la fréquence de nage (44,3 ± 4,2 contre 41,8 ± 3,1 cycles/min). La durée totale de propulsion (B + C) augmente significativement (38,22 ± 3,34 contre 42,31 ± 3,49 %), surtout à cause de l’augmentation significative de la durée de la phase B (16,2 ± 2,13 contre 18,86 ± 2,04 %). Ceci induit une augmentation de l’indice de coordination (-11,43 ± 3,87 contre -7,64 ± 3,72 %).

La série de 2 x 25 m :

Les paramètres cinématiques étudiés diffèrent significativement entre le premier et le deuxième 25 m, présentant des évolutions similaires à celles observées lors du 200 m. Les pics maximaux et minimaux ne diffèrent pas significativement.

Il apparaît que des liens peuvent être établis entre l’évolution des paramètres communément mesurés (amplitude et fréquence de nage) et la coordination lorsque le nageur se fatigue. La structure temporelle du cycle de nage est modifiée : la fréquence de nage diminue et la durée relative des phases propulsives augmente. Le temps absolu des phases propulsives augmente donc, ce qui suggère qu’il y a une modification de la structure spatiale du cycle de nage ou une baisse de la vitesse de la main. Ceci aurait pour conséquence une baisse des forces propulsives. L’augmentation plus importante de la phase de traction (B) suggère que la fatigue des muscles intervenant au cours de cette phase est plus prononcée que la fatigue des autres groupes musculaires.

L’allongement du temps de propulsion suggère que l’enchaînement des actions propulsives des deux bras s’améliore. Néanmoins, cette modification de coordination ne semble pas influencer l’allure des variations intracycles de la vitesse de nage. Il faudra développer d’autres indices pour mieux analyser ces variations, lesquelles reflètent l’enchaînement des forces propulsives et résistives s’appliquant sur le nageur.

CONCLUSION ET APPLICATIONS

Il semble que l’analyse des coordinations et des durées des phases du cycle de nage, fournisse une interprétation de la diminution de la vitesse de nage avec l’apparition de la fatigue. À l’entraînement, une attention particulière devrait être portée sur la phase de traction qui semble être la plus touchée par les mécanismes de la fatigue, le but étant de stabiliser l’ensemble du cycle de nage, synonyme de réussite.

Source primaire

Alberty M, Sidney M, Huot-Marchand F, Hespel JM, Pelayo P.  Intracyclic velocity variations and arm coordination during exhaustive exercise in front crawl stroke. International Journal of Sports Medicine 2005; 26(6):471-475.

Rédacteur

M. Alberty
Faculté des Sciences du Sport et de l’Éducation Physique, Université de Lille

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Technique, nage

Lectures suggérées

Chollet D, Chalies S, Chatard JC.  A new index of coordination for the crawl: description and usefullness. Int J Sports Med 2000; 21(1): 54-59.

Costill DL, Lee G, D'Aquisto L. Video-computer assisted analysis of swimming technique. J Swimming Research 1987; 3(2):5-9.

Sports ciblés

Natation, triathlon

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