S269 - On peut mettre en perspective les résultats d’évaluation des qualités physiques de cyclistes de haut niveau en les comparant à ceux du champion cycliste Lance Armstrong

Dans les sports dits « d’endurance » comme le cyclisme sur route, les entraîneurs ont recours à des tests d’évaluation en laboratoire de déterminants physiologiques de la performance tels la consommation maximale d’oxygène (VO2max), le rendement mécanique (ou l’efficacité du coup de pédale), etc.

Pour mettre en perspective les résultats d’évaluation de leurs athlètes, les entraîneurs ont besoin de connaître ceux des grands champions, d’où l’intérêt de ce rapport de recherche où l’auteur rapporte les résultats d’évaluation en laboratoire des qualités physiques de Lance Armstrong, seul cycliste à avoir remporté sept fois le Tour de France.

FAITS MARQUANTS DE LA CARRIÈRE DE LANCE ARMSTRONG (voir tableau 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=452&fichier=S269_tableau1%2b2.doc )

Les tests ont été effectués alors que Lance Armstrong était âgé entre 21 et 28 ans (il a remporté le premier de ses sept Tours à 27 ans). L’interprétation des changements observés n’est pas facile, car les tests n’ont pas toujours été effectués au même moment de l’année.

RÉSULTATS DES TESTS D'ÉVALUATION EN LABORATOIRE DE LANCE ARMSTRONG, TELS QUE RAPPORTÉS PAR LE PROFESSEUR EDWARD F. COYLE (UNIVERSITY OF TEXAS, AUSTIN ) DANS JOURNAL OF APPLIED PHYSIOLOGY (voir tableau 2: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=452&fichier=S269_tableau1%2b2.doc )

La consommation maximale d’oxygène (VO2max) d’Armstrong a oscillée autour de 6 litres d’oxygène par minute (L/min). C’est une valeur extrêmement élevée, ce qui est normal, puisque le VO2max est le plus important de tous les déterminants de la performance dans les sports dits d’endurance. Mais ce n’est pas un record. On a déjà mesuré des VO2max de près de 6,5 L/min chez des athlètes de haut niveau, mais ils avaient un gabarit particulièrement imposant. Par exemple, Miguel Indurain avec ses quelque 81 kg, a déjà eu un VO2max de 6,4 L/min.

Rapporté par unité de masse corporelle, le VO2max d’Armstrong affiche une valeur impressionnante, soit jusqu’à 81,2 mL/kg/min. On peut faire l’hypothèse que dans ses pics de forme, son VO2max a franchi la barre des 85 mL/kg/min.

Sa fréquence cardiaque maximale (FCmax) a diminué, passant de 207 à 200 battements par minute, ce qui semble normal : la FCmax diminue avec l’âge (d’environ 1 bpm chaque année) et, souvent, mais pas dans tous les cas, avec l’entraînement. L’observation la plus intéressante dans cette étude est l’augmentation de 8 % de l’efficacité du pédalage de Lance Armstrong. En clair, pour pédaler à une intensité donnée, il lui en coûtait 8 % de moins d’énergie à 28 ans qu’à 21 ans.

Par ailleurs, tout en maintenant sa masse maigre (c’est-à-dire son poids moins sa masse de gras) aux alentours de 70 kg, Armstrong – c’est bien connu – a réussi à réduire sa masse corporelle de 4 à 7 kg après sa maladie et juste avant chaque édition du Tour de France.

Dans son rapport de recherche, le professeur Coyle conclut que c’est en augmentant son efficacité de pédalage et en diminuant sa masse grasse que Lance Armstrong a réussi à hisser la puissance qu’il peut développer pour une consommation d’oxygène donnée au niveau qui lui a permis de tant dominer au Tour de France. Il estime que ces deux phénomènes à eux seuls équivalent à une amélioration de 18 % de sa performance entre sa victoire à Oslo et sa deuxième entrée triomphale à Paris. En effet, en pédalant à une intensité qui l’amène à consommer 5 L/min, Armstrong développait 374 watts à 21 ans et 404 à 28 ans.

On peut être tenté d’expliquer les extraordinaires résultats de Lance Armstrong à partir de ses qualités physiques. Certes, sa consommation maximale d’oxygène, l’efficacité de son coup de pédale et son rapport puissance/masse corporelle le mettent dans une catégorie à part. Mais pour avoir le tableau complet, il aurait fallu mesurer également au moins deux autres déterminants de la performance cycliste (idéalement au moment où il était au mieux de sa condition physique), soit l’endurance et le coefficient de pénétration dans l’air (qui dépend essentiellement de la surface frontale).

L’endurance – à ne pas confondre avec le VO2max – est l’aptitude à maintenir pendant longtemps un pourcentage donné du VO2max ou l’aptitude à maintenir un haut pourcentage du VO2max pendant un temps donné, ce qui revient au même. On peut faire l’hypothèse que l’endurance d’Armstrong est très élevée, mais à défaut d’en avoir une bonne évaluation, soulignons qu’on connaît de grands champions dont l’endurance n’est pas très élevée : ils compensent par une consommation maximale d’oxygène particulièrement grande.

Source primaire

Coyle EF. Improved muscular efficiency displayed as Tour de France champion matures. J Appl Physiol 2005; 98:2191-6.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?cmd=Retrieve&db=pubmed&dopt=Abstract&list_uids=15774697&query_hl=52

Rédacteur

Francis Paradis
M.Sc., entraîneur-chef, Centre national de cyclisme de Québec

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

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