S295 - L’implication active des entraîneurs et des athlètes dans un programme de consolidation d’équipe permet l’augmentation de la cohésion d’équipe

La consolidation d’équipe également appelée team building est une stratégie adoptée par les entraîneurs et les psychologues sportifs pour encourager la constance et l’efficacité du travail d’équipe. Certaines études ont démontré que la consolidation d’équipe était également efficace pour améliorer la cohésion d’équipe (Voight & Callaghan, 2001). Par ailleurs, d’autres études n’ont pas été en mesure de confirmer la relation consolidation d’équipe –cohésion (Bloom & Stevens, 2002). Une des raisons qui expliquerait ces résultats partagés serait l’absence d’implication active des athlètes dans le processus de développement du programme et l’absence de guide/aide pour l’entraîneur dans le développement du programme de consolidation d’équipe dans les études qui ne trouvaient pas de relation significative entre la consolidation d’équipe et la cohésion (Prapavessis, Carron, & Spink, 1996). Le but de la présente étude était donc de déterminer l’efficacité d’une intervention de consolidation d’équipe sur la perception de cohésion d’équipe en impliquant la participation active d’un psychologue sportif, des entraîneurs, et des athlètes.

Pour ce faire, deux groupes ont été créés : un groupe d’intervention (une équipe de balle molle de niveau NCAA recevant le programme de consolidation d’équipe) et un groupe contrôle (une équipe de balle molle de niveau NCAA ne recevant pas d’intervention). Selon Woodcock et Francis (1994), le but derrière toute intervention de consolidation d’équipe est de : (a) fixer des objectifs d’équipe clairs, (b) clarifier les rôles de chaque membre de l’équipe, (c) examiner le fonctionnement de l’équipe (d) examiner les relations entre les membres de l’équipe, (e) assurer que les rencontres et les pratiques soient efficaces, (f) diagnostiquer les faiblesses potentielles et minimiser leur influence, et (g) assurer un leadership visionnaire et cohérent. Ainsi, une séance d’information avec les entraîneurs et le psychologue sportif a tout d’abord été fixée afin d’examiner le fonctionnement de l’équipe et ainsi déterminer les processus de groupe à améliorer. Ces processus comprenaient la communication entre les athlètes et les entraîneurs, le support social entre les membres de l’équipe, et la clarification des objectifs d’équipe. Les stratégies de consolidation d’équipe suivantes ont donc été développées pour travailler sur ces processus : clarté des rôles, support social, leadership d’équipe, interaction sociale, communication athlète/entraîneur, et clarification des objectifs d’équipe. Pour améliorer la clarté des rôles de chaque membre de l’équipe, des rencontres individuelles ont été effectuées afin de discuter avec chaque athlète de leurs forces, des attentes de l’entraîneur et des athlètes en fonction de leur rôle respectif, ainsi que des attentes pour chaque rôle dans l’équipe. Il a été démontré que des rôles clairement définis sont associés à une meilleure cohésion (Dawe & Carron, 1990). En ce qui concerne le support social, le psychologue sportif a rappelé aux athlètes l’importance d’un support mutuel pour promouvoir la satisfaction et le bon fonctionnement de l’équipe. Les athlètes devaient choisir les dimensions du support social qui étaient les plus importantes pour  améliorer l’équipe. Les athlètes ont décidé de travailler, entre autres, l’écoute des autres tout en trouvant des stratégies spécifiques pour améliorer cet aspect, à la fois sur le terrain et hors terrain. Pour améliorer le leadership d’équipe, les athlètes devaient choisir un capitaine de match et un capitaine social. Le capitaine de tâche est celui qui assume la responsabilité de diriger l’équipe vers l’atteinte de ses objectifs, tandis que le capitaine social est celui qui prend la responsabilité de promouvoir l’unité et la bonne intégration de l’équipe. Chacun des membres de l’équipe devaient anonymement choisir ces deux capitaines pour ensuite obtenir un consensus d’équipe. Une fois les capitaines choisis, le psychologue sportif les a rencontrés avec l’entraîneur pour bien clarifier les rôles et responsabilités de chacun. Ensuite, le psychologue sportif fixait une rencontre par mois avec les capitaines afin de leur offrir un support, de parler de leur préoccupation et de leur offrir des suggestions pour les résolutions de problèmes potentiels. L’amélioration de l’interaction sociale était placée sous la responsabilité du leader social. Il se devait, entre autres, d’améliorer l’harmonie de l’équipe en servant d’intermédiaire pour régler des conflits entre certains joueurs. Pour ce qui est de la communication athlète/entraîneur, des patrons de discussion lors des pratiques ou des compétitions étaient mis en évidence pour les entraîneurs. Par exemple, la communication non-verbale et la communication lors de situations stressantes ont été discutées pour faciliter le contrôle des émotions  durant les compétitions. Finalement, les objectifs de l’équipe ont été clarifiés en suivant les procédures d’implantation de fixation d’objectifs recommandées par Widmeyer et Ducharme (1997). Ainsi, les athlètes ont participé au processus de développement d’objectifs d’équipe à long terme et court terme pour leur saison. Chaque athlète devait identifier individuellement des comportements importants pour le succès de l’équipe (e.g., erreurs au bâton), des objectifs de performance (e.g., moyenne au bâton de .300 pour l’équipe) et des objectifs qui leur permettraient d’atteindre le niveau de performance souhaité, c’est-à-dire des objectifs de processus (e.g., ajouter à l’horaire de pratique un exercice de 1 contre 1 au bâton).

La perception de la cohésion de l’équipe a été enregistrée à cinq moments durant la saison avec le Questionnaire de l’Environnement du Groupe (GEQ ; Carron, Widmeyer, & Brawley, 1985). La cohésion a également été enregistrée au même 5 moments pour le groupe contrôle, sans que celui-ci reçoive d’intervention. Les résultats de l’étude ont démontré un effet significatif de l’intervention, Wilks’ Lambda = .79, F (2,29) = 4.53, p < .019.

En conclusion, cette étude a utilisé une variété de stratégies de consolidation d’équipe pour tenter d’améliorer la cohésion tout en impliquant activement les entraîneurs et les athlètes. L’aide du psychologue sportif comme guide et modérateur entre les athlètes et les entraîneurs a probablement joué un rôle significatif dans le succès du programme. Malgré que les athlètes aient mentionné que la stratégie de fixation d’objectif avait été la plus efficace, il est impossible de déterminer la véritable contribution de chacune des stratégies dans l’augmentation de la cohésion. Les recherches futures auraient intérêt à isoler une de ces stratégies pour en déterminer son efficacité à augmenter la cohésion. Cette étude suggère tout de même qu’il est important d’implanter  diverses stratégies de consolidation d’équipe pour faciliter l’amélioration de la cohésion d’équipe, d’autant plus que la cohésion est positivement reliée à la performance (Carron, Colman, Wheeler, 2002). Ainsi, les entraîneurs ont intérêt à développer la cohésion de leur équipe par la consolidation d’équipe et à impliquer leurs athlètes dans le processus.

Source primaire

Stevens DE, Bloom GA. The effect of team building on cohesion. Avante 2003;  9, 43-54.

Rédacteur

Julie Senécal
M.A. Consultante en psychologie du sport, Montréal, Québec

Éditeur

André Fournier
directeur INS Québec - Montréal

Mots-clés

Consolidation d’équipe, cohésion

Lectures suggérées

Prapavessis H, Carron AV, Spink KS. Team building in sport. International Journal of Sport Psychology 1996; 27, 269-285.

Voight M, Callaghan J. A team building intervention program: Application and evaluation with two university soccer teams. Journal of Sport Behavior 2001; 24, 420-431.

Widmeyer WN, DucharmeK. Team building through team goal setting. Journal of Applied Sport Psychology 1997; 9, 97-113.

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