S306 - La performance lors d’une course de 5 km en salle dépend des capacités de l’athlète à maintenir un niveau de force élevé tout au long de l’épreuve

Outre la capacité élevée de son organisme à transporter et à consommer l’oxygène (VO2), l’aptitude d’un athlète à maintenir une certaine vitesse de course sur une distance donnée (V) dépend essentiellement de sa faculté à utiliser un certain pourcentage de sa consommation maximale d’oxygène (%VO2max) et de son économie de course (EC), c'est-à-dire la quantité d’oxygène qu’il consomme réellement à une vitesse donnée. Ainsi, la performance aérobie peut être estimée à partir du modèle développé par di Prampero (1986) :

Toutefois, les travaux de Paavolaïnen et coll. (1999) avaient montré : - qu’un travail de force musculaire (Fm) intégré à un entraînement aérobie améliorait la Fm, l’EC et la performance en endurance aérobie ; - que les améliorations de Fm et de EC étaient corrélées à la vitesse maximale anaérobie (Vit MART).

Le but de cette étude est de vérifier si la prise en compte de la part anaérobie, à partir de la VitMART et de la consommation d’oxygène théorique de l’athlète à cette vitesse (i. e. VO2[VitMART]), permet d’améliorer la prédiction de la performance de 18 coureurs masculins entraînés (10 km < 38 mn) lors d’une course de 5 km en salle. Pour cela, les auteurs ont observé l’influence de la Fm sur la vitesse de course (Vit5K) à travers les relations entre VitMART, VO2[VitMART], activité électrique musculaire moyenne des membres inférieurs (AEMG), EC et VO2.

Au cours du 5 km en salle, la baisse d’AEMG des membres inférieurs s’accompagne d’une diminution de la longueur de la foulée (de 1,62 ± 0,11 à 1,57 ± 0,13 m, P < 0,05). Il en résulte une chute de la vitesse de course. Cependant, au cours du dernier tour, l’augmentation parallèle de l’activité électrique musculaire moyenne des membres inférieurs et de la vitesse suggère que le maintien d’un haut niveau d’activation musculaire (davantage qu’une haute valeur de VO2) permet d’améliorer la performance sur 5 km. Corrélée à EC (R = 0,52 ; P < 0,05), VitMART est également corrélée à Vit5K (R = 0,77 ; P < 0,001). De plus, l’intégration de la part anaérobie (VO2[VitMART]) dans le modèle améliore la prédiction de la performance sur une course de 5 km par rapport à celle obtenue par di Prampero en 1986 (voir figure 1).

Commentaire : La prédiction de la vitesse de course est meilleure lorsque le modèle de détermination tient compte à la fois de VO2max et de VO2[VitMART]. Il semble, de plus, que la performance sur une course de 5 km et l’EC dépendent à la fois de la capacité des athlètes à produire et à maintenir un certain niveau d’activation neuromusculaire mais aussi du %VO2max utilisé. VitMART, déterminée à partir du test de Rusko et coll. (1993), et la force musculaire sont donc deux paramètres à prendre en compte dans le calibrage des séances d’entraînement chez le coureur de demi-fond. En effet, si le %VO2max peut être amélioré par des séances aux vitesses spécifiques de compétition, des exercices d’intensité supra maximale amélioreraient la Fm et l’EC au bénéfice de la vitesse de course (Paavolaïnen et coll. 1999).

Source primaire

Nummela AT, Paavolainen LM et coll. Neuromuscular factors determining 5-km running performance and running economy in well-trained athletes [Influence des facteurs neuromusculaires sur la performance de 5-km et sur l’économie de course d’athlètes entraînés]. Eur J Appl Physiol 2006;3:1-8.

Rédacteur

Pierre-Marie Leprêtre
Docteur des universités d’Évry – Val d’Essonne

Éditeur

Jean Slawinski
enseignant-chercheur, laboratoire de biomécanique et de physiologie, Insep
http://biomeca.campus-insep.com

Mots-clés

Course à pied de demi-fond, endurance aérobie, capacité anaérobie, électromyogramme, temps de contact au sol, économie de course, longueur de pas, force-vitesse, fatigue neuromusculaire

Lectures suggérées

Noakes TD. Maximal oxygen uptake: "classical" versus "contemporary" viewpoints: a rebuttal. Med Sci Sports Exerc 1998;30:1381-98.

Paavolaïnen L, Kakkinen K et coll. Explosive strengh training improves 5-km running time by improving running economy and muscle power. J Appl Physiol 1999;86:1527-33.

Rusko H, Nummela A et coll. A new method for the evaluation of anaerobic running power in athletes. Eur J Appl Physiol 1993;66:97-101.

Di Prampero PE, Atchou G et coll. (1986). The energetics of endurance running. Eur J Appl Physiol 1986;55:259-266 (voir fiche scientifique Savoir-Sport « Quels sont les déterminants énergétiques de la performance de demi-fond? »).

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