S330 - Refroidir son corps après un premier effort s’accompagne d’une meilleure performance au cours d’un effort subséquent dans un environnement chaud

Il est bien connu que la performance sportive diminue lorsque la température ambiante est élevée, surtout si le taux d’humidité est également élevé. On a montré à plusieurs reprises que le prérefroidissement corporel avant une compétition dans un environnement chaud s’accompagne d’une moins grande diminution de la performance. L’intérêt de réduire préalablement la température corporelle s’explique par une plus grande capacité à emmagasiner la chaleur, ce qui signifie une plus longue période d’exercice avant l’atteinte d’une température corporelle critique. Jusqu’à maintenant, on ne s’est intéressé au prérefroidissement corporel que pour des compétitions ne comprenant qu’une seule période d’effort. Cependant, l’effet du refroidissement corporel entre deux périodes d’exercice effectuées à la chaleur n’a pas encore été étudié.

Le but de cette étude était de mesurer les effets du refroidissement corporel entre deux périodes d’exercice sur la performance lors de la seconde période d’exercice à la chaleur. Pour ce faire, 15 coureurs de fond bien entraînés et adaptés à la chaleur ont participé à l’étude. L’expérimentation était divisée en 3 séances différentes effectuées à une semaine d’intervalle. Chaque séance était composée de deux périodes d’exercice séparées par une période de refroidissement corporel. La première période d’exercice consistait en 90 minutes de course en terrain montagneux, dans un environnement chaud (approximativement 27° C). L’intensité y était soutenue, mais tout de même assez confortable. Elle était suivie d’une période de repos de 30 minutes, comprenant 12 minutes d’immersion dans l’un ou l’autre des trois bains suivants : un bain d’eau froide (14° C), un bain d’eau glacée (5° C) ou un bain vide (situation contrôle). Après cette immersion, les sujets devaient effectuer un test maximal d’une distance de 2 miles (3219 m).

La performance au test de course était significativement meilleure après l’une ou l’autre des deux formes de refroidissement. Par rapport à la situation contrôle, la performance était significativement meilleure (temps de course 6 % plus court) lorsque les participants avaient passé 12 minutes dans le bain d’eau froide entre les deux séances d’exercice. Cependant, avec l’immersion dans l’eau glacée, les temps de course se sont également améliorés, mais pas d’une manière significative, sans doute parce que l’immersion dans le bain d’eau glacée a entraîné une trop grande diminution de la température corporelle, ce qui peut avoir des incidences négative sur les plans psychologique tout autant que physiologique.

La température corporelle et la fréquence cardiaque ont aussi été affectés par le prérefroidissement corporel. En ce qui concerne la température corporelle à la fin de la course, ce sont les sujets du groupe d’immersion dans le bain d’eau glacée qui avaient la température la moins élevée, suivi de ceux du groupe d’immersion dans le bain d’eau froide, puis de ceux du groupe du traitement contrôle. Avoir une température corporelle plus basse a permis aux sujets d’emmagasiner davantage de chaleur, retardant ainsi l’atteinte d’une température corporelle limite où la performance aurait été affectée. Après l’immersion dans le bain d’eau glacée ou dans l’eau froide, les fréquences cardiaques des participants après le premier mile de la course étaient significativement plus basses que celles mesurées lors de la situation contrôle. Les fréquences cardiaques se sont par la suite mises à augmenter. À la fin de la course, les fréquences cardiaques étaient les mêmes, peu importe le type de prérefroidissement utilisé. Le fait que les fréquences cardiaques soient plus basses au début de la course de 2 miles a, en fait, permis de ralentir le phénomène de la dérive cardiaque.

On peut penser que l’immersion dans l’eau froide ou l’eau glacée améliore la performance parce que le corps transporte davantage d’oxygène aux muscles et utilise le glycogène de façon moins prononcée. Il se peut aussi que l’immersion en eau froide retarde la réduction du recrutement des unités motrices. Cela permettrait de maintenir une intensité plus élevée.

Les résultats de l’étude démontrent que toute forme de prérefroidissement corporel peut s’avérer pertinente pour l’athlète parce qu’elle permet de maximiser la performance tout en diminuant la fatigue et l’inconfort. Combiner le prérefroidissement à une hydratation adéquate serait évidemment approprié et permettrait sans doute d’améliorer davantage les performances des athlètes. On peut conclure que le prérefroidissement entre deux périodes consécutives d’exercice à la chaleur permet d’améliorer la performance au cours de la deuxième période. Ces conclusions sont pertinentes pour tous les sports comprenant des périodes d’exercice consécutives dans un environnement chaud.

Source primaire

Yeargin SW et al. Body cooling between two bouts of exercise in the heat enhances subsequent performance. J Strength Cond Res 20(2):383-9, 2006.
www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=pubmed&cmd=Retrieve&dopt=Abstract&list_uids=16686568& query_hl=2&itool=pubmed_docsum

Rédacteur

Jessica Bush
Étudiante en kinésiologie, Université de Calgary, auxilliaire de recherche, Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement de Québec

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

température corporelle, thermorégulation, refroidissement corporel

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Sports où l'on est susceptible d’avoir réalisé plus d’une épreuve dans une même journée, dans un environnement chaud

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