S391 - Importance de la force des rotateurs de l'épaule en voile de haut niveau. Comment optimiser les performances à la voile par l'entraînement isocinétique et symétrique ?

En fonction du poste occupé par le sportif sur le bateau à voiles, les articulations et musculatures sollicitées varient. Selon l’auteur de l’article The biology and medecine of sailing1, les muscles abdominaux et les quadriceps sont très sollicités. Il faut aussi considérer que selon de la fonction occupée par le sportif sur le bateau, les muscles rotateurs de l’épaule sont mis en jeu de façon non négligeable. Dans cette étude, les auteurs se sont demandés si la force développée par la coiffe des rotateurs des pratiquants de la voile de haut niveau est plus élevée que celle de gens non sportifs. En comparant les deux groupes de sujets, sportifs et non sportifs, il a été démontré que la force est beaucoup plus importante chez les sportifs surtout de leur côté dominant.

Pour en arriver à cette conclusion, 18 sportifs et 18 sujets témoins ont été sélectionnés pour effectuer les tests. Les sportifs provenaient de 3 équipes différentes de voile et ils étaient tous en bonne condition physique, c’est-à-dire n’ayant aucune douleur aux épaules et aucun antécédent pathologique. De plus, ils représentaient tous les postes nécessaires à la compétition de voile. Les sujets témoins ont été choisis selon leur sexe, leur âge, leur poids et leur taille, c’est-à-dire, tous des hommes âgés de 24 à 42 ans, qui pesaient 74,8 (±12.4) kg et qui mesuraient 1,78 (±0,05) mètre. Les tests isocinétiques, qui sont faits à une vitesse qui est déterminée par l’expérimentateur, ont été effectués de la même manière pour chaque individu.

Les sujets devaient exécuter trois tests pour chaque épaule : une série de 5 répétitions à 60°/sec, une série de 5 répétitions à 120°/sec et une série de 50 répétitions à une vitesse angulaire de 300°/sec. Cette dernière série visait à mimer davantage le bordage de la grand voile tant par la durée que par la vitesse de l'effort. Chaque série est suivie de 2 minutes de repos. Les paramètres étudiés lors de ces tests étaient la force maximale et le travail effectué par les rotateurs internes et externes de l’épaule dominante et non dominante.

Les résultats montrent clairement que la force des rotateurs internes et externes chez les sportifs est nettement supérieure que celle des sujets témoins, et ce, à toutes les vitesses de l’expérience et pour le membre dominant et le non dominant. Le travail total accompli lors de la série de 50 répétitions à 300 °/s, est également supérieur pour le groupe de sportifs. De plus, l’étude démontre que pour les sujets témoins, il n’y a pas de différence de force ni de travail entre l’épaule dominante et la non dominante. En ce qui concerne les sujets qui pratiquent la voile, la force et le travail des rotateurs internes sont nettement plus grands du côté dominant, surtout aux vitesses angulaires de 120 et 300°/s.

L'étude démontre aussi que la force et le travail réalisé varient selon la spécialité des marins, étant plus élevés pour ceux qui font le bordage de la grand voile et des voiles avant du bateau que pour les skippers et tacticiens.

Une des observations importantes qui est ressortie de l’étude est le fait que malgré leur force, les sportifs ont une asymétrie souvent très prononcée entre le membre dominant et celui non dominant, ce qui n’est pas le cas chez les sujets non sportifs.

Une des limites importantes de l’étude est qu’étant donné le peu d’informations et le peu d’études sur la voile, la comparaison des données obtenues dans la recherche est impossible. Le seul moyen de comparer les résultats obtenus est de le faire avec d’autres sports. Il est donc très difficile de faire la comparaison, puisque chaque sport est différent et utilise la coiffe des rotateurs de façon bien particulière.

Il eut été intéressant de corréler les valeurs de force et de travail à un test de  bordage standardisé afin de bien démontrer que les mesures de force et de travail ainsi réalisées sont importantes et afin de prédire le temps de bordage à partir de mesures de force ou de travail.

Cette étude consacrée à la force isocinétique met donc hors de tout doute l’importance qu’occupent les muscles de l’épaule dans la pratique de la voile. Ainsi, il serait avantageux de tenir compte de cette qualité musculaire pour entraîner les athlètes. Par contre, il faut faire attention de bien les entraîner pour assurer la symétrie entre les deux épaules et optimiser les performances du sportif. 

Source primaire

Comparaison de la force isocinétique des rotateurs de l’épaule chez les sportifs de haut niveau pratiquant la voile et les sujets témoins appariés M. Dauty, S. Nocet, L. Tortellier, M. Potiron-Josse, F. Gouin, C. Dubois, Sciences et Sports; 21 : 154-58, 2006.

Rédacteur

Girard C. et Vincent C.
Étudiantes en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Rotateurs de l’épaule, voile, force isocinétique, muscles

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