S396 - L'importance d'utiliser de lourdes charges pour le développement de la force et de l'hypertrophie est questionnée

La force et la puissance musculaire sont deux composantes très importantes pour les athlètes ainsi que pour les activités quotidiennes. Un débat est en cours concernant la méthode la plus efficace pour développer ces deux qualités musculaires. En effet, faire un entraînement avec de lourdes charges (>70 % 1 RM) devrait être primordial pour développer la force maximale ainsi que l’hypertrophie. Cependant, certaines études (Dahl, Aaserud et Jensen) ont conclu qu’un entraînement en force explosive (10 % 1 RM) favorisait l’hypertrophie autant qu’un entraînement en force conventionnelle (90 % 1 RM). Dans l’étude qui suit le but est  donc de déterminer les différences cinétiques et cinématiques entre trois séries (30 % 1RM, 60 % 1RM et 90 % 1RM) de volume égal exécutées de façon explosive. Le volume étant le produit de la charge et du nombre de répétitions.

Pour réaliser l’étude, 12 sujets volontaires (7 hommes et 5 femmes) qui avaient un minimum de 12 mois d’entraînement en musculation ont participé à cette recherche. L’âge moyen des sujets était de 30,2±10,6 ans et leur poids moyen était de 75,8±13,0 kg.

Les tests étaient répartis sur deux sessions. Lors de la première, la charge maximale des sujets devait être établie à l’aide d’une supine squat machine à laquelle un capteur linéaire a été attaché afin de mesurer les déplacements verticaux. Les pieds à la largeur des épaules et les genoux à angle droit, les sujets devaient d’abord faire un réchauffement avant de faire le test déterminant leur charge maximale.

Lors de la deuxième session, après un réchauffement similaire à la première rencontre, les sujets devaient performer le plus explosivement possible avec trois différentes charges (30 % 1RM, 60 % 1RM et 90 % 1RM) avec un repos de 5 minutes entre les séries. Le volume (charge X répétition) de chaque série était égal.

Plusieurs paramètres cinématiques et cinétiques ont pu être mesurés lors de l’exercice tel que le temps de contraction, la vitesse de l’exécution, la force musculaire déployée, la puissance déployée, le travail et l’impulsion.

Concernant le temps sous tension, il est plus grand pour la charge la plus élevée si on compare les résultats pour une seule répétition. Lorsqu’on fait le grand total, on s’aperçoit qu’avec la plus petite charge (30 % 1RM), le temps sous tension est beaucoup plus grand. Ceci pourrait expliquer les gains en hypertrophie avec des charges légères, si le temps sous tension était un stimulus pour développer cette caractéristique musculaire.

De plus, il fut observé que la vitesse d’exécution diminuait lorsque la charge augmentait. D’ailleurs, en comparant les données pour une seule répétition, la force est plus grande pour les charges plus élevées (90 % 1RM). Cependant, une fois de plus, lorsque le total était fait pour toutes les répétitions, on note que c’est pour la charge la plus légère (30 % 1 RM) que la force était la plus élevée.

Pour la puissance, la différence la plus significative apparaît lorsqu’on totalise la puissance déployée pour toutes les répétitions. En effet, c’est pour la charge la plus légère (30 % 1RM) que la puissance était la plus grande.

Autre fait très intéressant, une étude (Stone et al.) a conclu que le travail total fait par le muscle était très important dans l’hypertrophie. D’après les résultats, c’est encore avec la charge la plus légère (30 % 1RM) que le travail total était le plus élevé. Le produit de la force et du temps (impulsion) serait le critère le plus important afin d’induire des changements dans la force. C’est d’ailleurs avec la charge la plus lourde (90 % 1RM) que l’impulsion était la plus élevée.

Enfin, on peut s’apercevoir que même si les entraînements sont égaux en volume, il y a beaucoup de différences entre les caractéristiques cinématiques et cinétiques. Donc, les adaptations qui résultent de plusieurs entraînements égaux en volume ne sont pas encore bien comprises. Il devrait donc y avoir des études dans lesquelles on égaliserait plutôt un paramètre comme le temps sous tension pour vérifier si vraiment il est un stimulus important pour favoriser le développement de la force et l’hypertrophie.

En sachant ceci, la population en général pourrait développer leur force en gardant le même volume d’entraînement mais avec des charges moindres. Donc, ces personnes augmenteraient peut-être leur motivation à faire de la musculation en ayant un sentiment de réussite plus grand, ce qui augmenterait leur estime de soi car elles auraient moins de difficulté à lever les charges. Pour ce qui est des athlètes, il serait possible d’être spécifique au sport en musculation. C’est-à-dire, si l’athlète doit être très rapide dans son exécution et qu’il doit augmenter sa force musculaire, il sera possible pour lui de travailler cette qualité avec des charges légères et des répétitions rapides. De plus, le fait d’avoir des charges moins lourdes diminue ainsi le risque de blessure.

Source primaire

Training volume and strength and power development. J. Cronin, B. Crewther, Journal of science and medicine in sport: volume 7, issue 2 : p.144-155, 2004.

Rédacteur

Véronique Miller et Maxim Soucy Proulx
Étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie de l'Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

volume, Force, hyperthrophie, cinématique, cinétique

Lectures suggérées

Dahl HA, Aaserud R and Jensen J. Muscle hypertrophy after light and heavy resistance training. Med Sci Sports Exe 1992:24 (5):S55.

Stone MH, Plisk SS, Stone ME, et al. Athletic performance development: volume load – 1 set vs multiple sets, training velocity and training variation. Strength and Conditioning. 1998 ; December : p.22-31.

Schmidtbleicher D and Buehrle M. Neuronal adaptation and increase of cross-sectional area studying different strength training methods. In Biomechanics: Champaign, Illinois. 1987. p. 615-617.

Moss B. Refsnes PF, Abildgaard A. et al. Effects of maximal effort strength training with different loads on dynamic strength, cross-sectional area, load-power and load-velocity relationships. Eur J Appl Physio 1997:75, p.193-199.

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