S474 - Les effets de l'estime de soi sur l'efficacité personnelle suite à un échec sportif et les stratégies d'adaptation utilisées

Puisque la performance d’un individu est en étroite relation avec son niveau d’efficacité personnelle, sa gestion dans un contexte de défaite devient particulièrement importante. Il en est de même des stratégies d’intervention utilisées afin de maintenir le niveau de confiance. Selon Bandura (1997), le jugement d’efficacité personnelle est un processus cognitif qui puise ses informations dans  quatre principales sources ; 1) la performance et les accomplissements, 2) les expériences, 3) la persuasion verbale, 4) l’éveil émotionnel. Par conséquent, l’amélioration de chacun de ces domaines augmentera le niveau d’efficacité personnelle de l’individu et par le fait même sa performance.

Dans un contexte de défaite, le niveau d’efficacité personnelle d’un individu, c’est-à-dire sa croyance en sa capacité de produire ou non la tâche demandée, s’avère étroitement influencé par son estime de soi et ses stratégies de réussite envisagées. Afin de vérifier cette information dans le domaine du sport, une étude a été menée auprès des joueurs de tennis expérimentés,  dans un contexte de compétition. L’étude a observé la variation du niveau d’efficacité personnelle et de confiance en soi d’athlètes suite à 2 matches (compétitions) consécutifs dans une situation d’échec. Parmi ces athlètes qui vivent et connaissent l’échec, on ressort deux types d’individus, soit  ceux ayant une grande estime ou une faible estime d’eux-mêmes. En comparant l’efficacité personnelle d’un individu et son estime de soi, tels que mesurés par différentes échelles préalablement remplies par les athlètes, on observe que le niveau d’efficacité personnelle d’un individu diminue considérablement suite à un échec et que cette diminution est encore plus vraie chez les individus ayant une faible estime d’eux-mêmes. De plus, des recherches antérieures démontrent que les individus qui possèdent une plus grande estime d’eux-mêmes s’avèrent capables de rejeter les événements négatifs afin de pouvoir se concentrer sur les points positifs, tandis que les individus qui ont une estime de soi plus basse ont tendance à intérioriser les échecs, renforçant ainsi négativement leurs perceptions.

Les différentes stratégies d’adaptation utilisées par les athlètes ainsi que la relation avec leur estime d’eux-mêmes ont aussi été étudiées dans cette recherche. On constate que les athlètes qui ont une plus faible estime de soi ont tendance à développer des stratégies dites d’évitement comme le désengagement comportemental (qui consiste à se convaincre que la défaite importe peu), la pratique de l’humour et le blâme. Les individus qui ont une estime de soi plus élevée ont plutôt tendance à adopter une stratégie davantage axée sur le problème réel et vont s’adapter à la situation par la planification et l’augmentation des efforts, par exemple. De plus, on a observé  que la méthode de recherche de soutien social des athlètes diffère selon leur niveau de confiance. Ainsi  les individus qui ont davantage confiance en eux ont tendance à rechercher un soutien social instrumental, c’est-à-dire des conseils,  de l’aide ou de l’information. Les moins confiants en eux-mêmes pour leur part,  recherchent un soutien social dit émotionnel, soit un support moral, de la sympathie et de la compréhension. Les résultats démontrent également que les athlètes plus confiants ont tendance à percevoir les situations comme contrôlables et réagissent avec une stratégie visant à modifier la cause du problème. Les moins confiants vont plutôt percevoir les tâches difficiles comme en dehors de leur contrôle et vont utiliser des stratégies d’évitement afin de diminuer la présence de sentiments négatifs dans une situation stressante. On observe également que ces derniers ont tendance à exprimer leurs objectifs sous forme de souhaits (j’espère faire une bonne performance) plutôt que de croire réellement en leurs capacités d’atteindre ces objectifs. Ils ont en fait une conceptualisation d’eux-mêmes négative et très fragile et cette perception s’avère difficilement modifiable. Il est donc plus facile d’obtenir des résultats positifs de ces athlètes en utilisant des stratégies davantage axées sur la tâche que des stratégies axées sur la performance, par exemple.

En conclusion, la présente étude vient affirmer que l’auto efficacité s’avère variable et qu’elle est influencée par les performances et les accomplissements. Les résultats suggèrent que l’estime de soi influence l’interprétation de la défaite et que les athlètes qui ont une grande confiance en eux-mêmes protègent leur efficacité personnelle de façon beaucoup plus efficace et utilisent davantage de stratégies d’adaptation que les athlètes moins confiants en leurs capacités.

Source primaire

Lane AM., Jones L.et coll. Coping with failure: The effects of self-esteem and coping on changes in self-efficacy. Journal of Sport Behavior 2002 ;25 (4) :33-346.

La source primaire est disponible sur la base de données suivante : Psychology & Behavioral Sciences Collection.

Rédacteur

Émilie Massé
étudiante à la maîtrise en Sciences de l’Activité Physique à l’UQTR

Éditeur

Madeleine Hallé
Institut National du Sport Québec, Montréal

Mots-clés

Tennis de compétition, efficacité personnelle, estime de soi, stratégies d’adaptation

Lectures suggérées

Brown JD., Dutton KA.  The thrill of victory, the complexity of defeat : Self-esteem and people’s emotional reactions to success and failure. Journal of Personality and Social Psychology 1995; 28: 712-722.

Crocker PRE., Isaak K.  Coping during competitions and training sessions : Are youth swimmers consistent ? International Journal of Sport Psychology 1997 ; 2: 355-369.

Dodgson PG., Wood JV.  Self-esteem and the cognitive accessibility of strengths and weaknesses after failure. Journal of Personality and Social Psychology 1998 ; 75: 178-197.

Moritz SE., Feltz DL.et coll.  The relation of self-efficacy measures to sport performance : A meta-analytic review. Research Quarterly for Exercise and Sport 2000 ; 7: 280-294.

Sports ciblés

Tennis

Imprimer Ajouter à mes favoris Haut de page


© Institut national du sport du Québec,