Il existe parfois des différences entre le degré de fatigue visé par l’entraîneur et celui perçu par les athlètes. En effet, même si la charge d’entraînement est évaluée selon un modèle d’évaluation reconnu (ex. modèle de Bannister), il n’en demeure pas moins que la charge d’entraînement peut être perçue différemment par les athlètes. Cet article fournit une analyse objective et subjective du contenu de l’entraînement de jeunes cyclistes Français. Il semble que la charge perçue soit trop facile et que le temps de travail effectué à haute intensité soit trop faible pour permettre des adaptations du VO2max chez ces jeunes cyclistes.

Sept jeunes Français, d’âge moyen de 17 ans et évoluant aux niveaux régional et national, ont été suivi pendant 14 semaines, soit de la reprise annuelle de leur entraînement en novembre jusqu’à la mi-février. Au début et à la fin du protocole, les cyclistes ont effectué un test progressif sur piste afin de déterminer le VO2max, la vitesse associée au VO2max (vVO2 max). L’athlète était tenu de remplir un cahier d’entraînement détaillé pour permettre d’évaluer la charge d’entraînement objective (selon le modèle de Bannister) et subjectivement par la perception de l’effort (échelle de Borg) multipliée par la durée de chaque séance. Par ailleurs, un indice de forme et de fatigue était également calculé et la différence de ces deux paramètres servait à apprécier le niveau de performance du moment.

Les cyclistes ont vu leur vitesse à VO2max augmenter. Toutefois, il n’y eut aucune amélioration significative du VO2max. La presque totalité de l’entraînement (98,4 %) était effectuée à faible intensité, soit à vitesse inférieure à la vitesse du seuil ventilatoire. De plus, le contenu moyen des séances a été évalué à 2,7 par les participants sur l’échelle de Borg, ce qui correspond à un degré de difficulté allant de facile à moyen.

Cet article permet de faire ressortir deux éléments importants : 1) l’entraînement avec un faible temps d’exercice à haute intensité est associé à une faible augmentation du VO2max; 2) la charge calculée objectivement et celle perçue par les athlètes sont fort différentes. Même si cette étude est réalisée sur un groupe homogène, il confirme l’importance de l’intensité et celle du monitoring afin d’ajuster le contenu des séances selon la perception fournie par l’athlète lui-même.

On peut penser que la méthode de quantification de la charge utilisée dans cette recherche (où l’on multiplie l’effort perçu par la durée de la séance) comporte toutefois un biais car l’effort perçu par l’athlète dépend déjà en quelque sorte de la durée de la séance.