S506 - L'entraînement en sprint améliorerait davantage la puissance musculaire et les performances de sprint que l'entraînement pliométrique

Depuis des lustres, les entraîneurs ont cherché et testé diverses méthodes d’entraînement afin d’améliorer la performance de leurs athlètes. Dans plusieurs sports, tels que le soccer, le handball et le basketball, l’athlète a besoin de développer une très grande puissance musculaire afin de maximiser ses performances. Il est fortement répandu que l’entraînement par pliométrie est une méthode d’entraînement à privilégier afin d’y parvenir (Fatouros, I. G. et coll., 2000). Cependant, est-elle vraiment la plus efficace ?

Vu sa nature explosive, la course de sprint pourrait potentiellement être utilisée afin d’améliorer la puissance et la force musculaires des membres inférieurs. On sait, entre autres, que la force maximale des jambes des sprinteurs est comparable à celle d’athlètes hautement entraînés en force (McBride, J.M. et coll., 1999). Cette étude vise donc à comparer les effets de l’entraînement pliométrique par rapport à ceux de l’entraînement  en sprint sur la puissance des membres inférieurs. Les auteurs ont formulé l’hypothèse que l’entraînement en sprint, versus l’entraînement pliométrique, entraînera une plus grande amélioration de la contraction concentrique ainsi que du cycle étirement-détente musculaire.

Pour réaliser cette étude, les auteurs ont recruté quatre-vingt-treize étudiants en éducation physique hautement actifs qui ont été aléatoirement divisés en trois groupes, soit le groupe contrôle, le groupe pliométrique et le groupe sprint. Ils se sont d’abord familiarisés avec les procédures d’évaluation pendant une semaine, après quoi une première série de tests a été effectuée afin de mesurer la force et la puissance musculaire ainsi que le cycle étirement-détente. L’évaluation de la force maximale des extenseurs de la jambe a été réalisée au moyen d’un test de squat isométrique. On a évalué la puissance musculaire à l’aide de deux tests de saut vertical : saut avec position initiale en squat et saut avec contre-mouvement (countermovement jump). Pour obtenir la force de réaction au sol et la vitesse du centre de masse, les sauts ont été effectués sur une plate-forme de force. Cette dernière a également été utilisée afin de mesurer le temps d’envol et de contact au sol lors d’un « drop jump » dans le but d’évaluer le cycle étirement-détente. Les performances d'un saut en longueur sans élan, d'un sprint de 20 m et d'une course navette d'agilité de 20 verges (18.29 m) avec départ et arrivée centrale, furent aussi mesurées.

Par la suite, les deux groupes expérimentaux (sprint et pliométrique) ont participé à un entraînement de dix semaines incluant une semaine de repos au milieu de la période d’entraînement. Au total, ils auront complété trente séances d’entraînement à effort maximal, soit trois séances par semaine. Au groupe pliométrique (GP), on a demandé de réaliser des sauts de haies ainsi que des « drop jumps » avec un temps de contact au sol minimal et une hauteur maximale. Pour les haies (40 et 60 cm) placées à 1 m l'une de l'autre, il fallait enchainer 10 sauts avec 3 min de repos entre les séries (5 à 10 séries).Pour les drop jumps il fallait faire 4 séries à 40 cm avec 3 min de repos entre les séries et 5 s entre les sauts),  Le groupe sprint (GS) devait, quant à lui, réaliser de 3 à 4 séries de 3 sprints dont la distance augmentait aux deux semaines, passant de dix mètres au début, à cinquante mètres à la fin.Un repos de 3 et 1 min était alloué entre les séries et les répétitions. Les sujets devaient produire une accélération et atteindre une vitesse maximale. De son côté, le groupe contrôle a simplement poursuivi ses activités habituelles en évitant les activités physiques astreignantes. Le temps total ainsi que le nombre de contractions par jambe étaient semblables pour SG et SP.

Les données obtenues démontrent qu’un entraînement en sprint de dix semaines améliore significativement la force et la puissance des extenseurs de la jambe ainsi que le cycle étirement-détente. Plus particulièrement, les données montrent que les deux méthodes d’entraînement améliorent similairement la hauteur des sauts en hauteur et e longueur et le cycle étirement-détente. Par contre, seul le groupe sprint a significativement amélioré la force isométrique des extenseurs de la jambe, la puissance des sauts avec position initiale en squat et des sauts avec contre-mouvement, ainsi que la performance au sprint et à la navette d'agilité. De plus, le temps de contact au sol lors du « drop jump » a significativement diminué chez les deux groupes d’entraînement, mais seul GS a augmenté son temps d’envol. Contrairement à l’entraînement pliométrique, l’amélioration de la performance aux sauts serait partiellement due à une augmentation de la puissance et de la force des extenseurs de la jambe. On suppose également que les différences entre les deux types d’entraînement pourraient s’expliquer par des mécanismes neuromusculaires différents. Une autre étude, effectuée par Rimmer et Sleivert (2000), rapporte cependant des résultats opposés à ceux-ci. Le fait que l’étude de Rimmer et Sleivert ait été réalisée sur un nombre beaucoup plus restreint de sujets (n = 7), ce qui réduit considérablement la puissance statistique et explique peut-être cette différence.

Il serait intéressant, lors de futures études, d’utiliser l’électromyographie afin de déterminer si l’amélioration de la puissance constatée est due à une adaptation musculaire ou nerveuse. Les résultats de l’étude sont généralisables puisqu’elle a été réalisée sur des étudiants qui étaient en très bonne condition physique avec des résultats, à certains tests, semblables ou même supérieurs à ceux d’athlètes de différentes spécialisations. Par contre, il importera d’effectuer d’autres études sur des athlètes d’élite pour confirmer les conclusions de cette recherche.

Les auteurs ont tenté du mieux qu'ils purent de faire des entrainements équivalents, mais cela reste difficile et il n'est pas exclu qu'un entraînement pliométrique plus long ou intense eut donné des résultats différents par rapport à l'entraînement en sprint.

Les résultats de cette étude risquent de bouleverser les croyances au sujet de l’entraînement pliométrique qui semble gagner en popularité auprès des entraîneurs. Ceux-ci devraient peut-être envisager l’ajout de l’entraînement en sprint afin d’améliorer la puissance et la force musculaires des membres inférieurs de leurs athlètes puisqu’il semblerait que les effets bénéfiques de cette méthode soient supérieurs à ceux de la pliométrie.

Source primaire

Markovic G., Jukic I. et coll., Effects of sprint and plyometric training on muscle function and athletic performance. Journal of strength and conditioning research 2007; 21(2):543-549.

Rédacteur

Maryline Doyon, Hubert Lemelin
étudiants 1er cycle en kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Sprint pliométrie puissance force performance

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MCBRIDE, J.M., T. TRIPLETT-MCBRIDE, A. DAVIE, AND R.U. NEWTON. A comparison of strength and power characteristics between power lifters, Olympic lifters, and sprinters. J. Strength Cond. Res. 13:59–66. 1999.

MERO, A., P.V. KOMI, AND R.J. GREGOR. Biomechanics of sprint running. A review. Sports Med. 13:376–392. 1992.

RIMMER, E., AND G. SLEIVERT. Effects of a plyometric intervention program on sprint performance. J. Strength Cond. Res. 14:295–301. 2000.

YOUNG, W.B., M.H. MCDOWELL, AND B.J. SCARLETT. Specificity of sprint and agility training methods.J. Strength Cond. Res. 15:315–31. 2001.

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