S889 - Comment les athlètes d’élite peuvent-ils réduire les risques face à la COVID-19?

Dans cet article paru le 8 avril 2020 dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet, les auteurs font ressortir des conseils ciblés pour veiller au bien-être des athlètes pendant et après le confinement en lien avec la crise sanitaire de la COVID-19, notamment les points suivants.

Alors que la pratique régulière d’activités physiques d’intensité et de volume modérés est associée à un risque moins élevé d’infection des voies respiratoires (qui vont du nez et la bouche aux alvéoles pulmonaires), les charges d’entraînement élevées et les augmentations soudaines de cette charge s’accompagnent d’un risque accru de maladie infectieuse chez les sportifs récréatifs. Mais les athlètes d’élite peuvent généralement continuer à s’entraîner à haute intensité sans risque accru de telles maladies, à condition qu’il n’y ait pas d’augmentation soudaine de la charge d’entraînement.

Le risque de transmission de la COVID-19 pendant l’entraînement est plus élevé dans certains milieux sportifs où les athlètes :
• s’entraînent en groupe,
• pratiquent des sports de contact,
• n’adhèrent pas aux directives usuelles de distanciation sociale,
• utilisent un équipement partagé,
• n’appliquent pas les mesures d’hygiène personnelle,
• ou utilisent des installations communes telles que les vestiaires.

Les jeunes infectés par la COVID-19 semblent développer des symptômes bénins (moins prononcés que les personnes plus âgées) et récupérer presque complètement en cinq à sept jours. Cependant, il est possible que le risque de détérioration supplémentaire soit accru entre les jours sept et neuf, les individus développant alors des problèmes plus graves dans les voies respiratoires inférieures (qui vont de la trachée aux alvéoles pulmonaires), nécessitant des soins médicaux plus importants.

La règle classique (depuis pratiquement 30 ans) à propos de l’entraînement en cas d’infection est aujourd’hui contestée. Cette règle voulait qu’en cas de maladie respiratoire, les athlètes pouvaient poursuivre leurs activités sportives si leurs symptômes et signes cliniques sont limités aux voies respiratoires supérieures (qui vont du nez au larynx). Cette règle n’est pas étayée de données scientifiques solides, et les experts craignent que son application augmente le risque de complications graves découlant du retour à un exercice vigoureux. Parmi ces risques, le plus important est le risque de myocardite ou de lésions myocardiques, des complications qui peuvent être très graves. Cette crainte est accentuée face à l’épidémie de la COVID-19. En effet, les données publiées sur les cohortes d’infection à COVID-19 révèlent une prévalence de lésions myocardiques, avec élévation de la troponine, et un nombre croissant de cas de myocardite. Bref, il ne faut pas penser que les athlètes atteints et dont les symptômes et signes cliniques sont limités aux voies respiratoires supérieures peuvent poursuivre leurs activités sportives sans risque.

Aussi les auteurs recommandent-ils une période de repos plus longue et une stratégie conservatrice de retour aux activités sportives, p. ex. attendre au moins dix jours après le début des symptômes, plus sept jours après la disparition des symptômes.

Par ailleurs, il faut veiller à la santé mentale et le bien-être des athlètes confinés (risque d’anxiété et de dépression), d’autant plus que la poursuite de l’entraînement revêt pour eux une très grande importance. D’où l’intérêt de continuer à offrir les services (de toute ordre) de soutien aux athlètes d’élite.

Face à la pandémie, il est essentiel que les politiques, les stratégies et les mesures adoptées pour les athlètes de haut niveau soient étayées de connaissances scientifiques (elles évoluent au fil du temps) sur la façon dont la COVID-19 affecte les athlètes. Les auteurs rappellent que les maladies respiratoires sont un important problème clé pour les services médicaux des athlètes – l’infection aiguë des voies respiratoires est la principale cause de consultation médicale non liée à une blessure –, et qu’elles sont associées à d’importantes pertes de temps d’entraînement et de compétition chez les athlètes d’élite.

À noter que cette fiche savoir-sport est, en quelque sorte, un complément aux fiches portant sur d’autres études, notamment celles citées plus bas sous «Lectures suggérées».

Source primaire

Hull JH, M Loosemore et M Schwellnus (2020) Respiratory health in athletes: facing the COVID-19 challenge. Lancet Respir Med S2213-2600(20)30175-2.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32277869

Rédacteur

Guy Thibault, Ph.D., Directeur Sciences du sport, INS Québec

Éditeur

François Bieuzen, Ph.D., physiologiste de l’exercice, INS Québec

Mots-clés

charge d’entraînement, Coronavirus, COVID-19, Fonction immunitaire, Intensité d’entraînement, Pandémie

Lectures suggérées

Blogue du British Journal of Sport Medicine : https://blogs.bmj.com/bsmj/

Campbell JP et JE Turner (2018) Debunking the myth of exercise-induced immune suppression: Redefining the impact of exercise on immunological health Across the lifespan. Front Immunol. https://doi.org/10.3389/fimmu.2018.00648.

Pyne DB et M Gleeson (1998) Effects of intensive exercise training on immunity in athletes. Int J Sports Med 19(Suppl 3):S183-91; discussion : S191-4.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9722284

Schwellnus M et coll. (2016) How much is too much? (Part 2) International Olympic Committee consensus statement on load in sport and risk of illness. Br J Sports Med 50:1043-52.

Simpson RJ et coll. (2020) Can exercise affect immune function to increase susceptibility to infection? Exerc Immunol Rev 26:8-22.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32139352

Walsh NP et SJ Oliver (2016) Exercise, immune function and respiratory infection: An update on the influence of training and environmental stress. Immunol Cell Biol 94:132-9.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26563736

Walsh NP (2018) Recommendations to maintain immune health in athletes. Eur J Sport Sci 18:820-31.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29637836

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