S878 - L’effet ergogène du préconditionnement ischémique est plus prononcé chez les athlètes masculins que féminins
Les entraîneurs encadrant des athlètes dans un sport où la force et la puissance musculaire sont d’importants déterminants de la performance peuvent être tentés de leur proposer le préconditionnement ischémique (PCI) avant la compétition. Le PCI est une méthode consistant à induire des épisodes brefs et répétés d’occlusion (restriction de l’apport en O2 aux tissus) des membres inférieurs ou supérieurs. Cette technique non invasive rendrait différents tissus du corps (incluant le muscle squelettique) plus résistant à une réduction de l’oxygénation, comme celle qui se manifeste durant l’exercice intense, et permettrait d’améliorer la performance. Ce phénomène a surtout été montré dans des études où les sujets étaient des athlètes masculins. Or, le métabolisme musculaire durant les contractions diffère entre les sexes. Les femmes peuvent présenter une proportion de fibres de type I (fibres à contraction lente) plus élevée et possiblement une capacité supérieure à utiliser le métabolisme oxydatif que leurs homologues masculins. On peut donc faire l’hypothèse que l’effet du PCI n’est pas exactement le même chez les femmes que chez les hommes. Néanmoins, peu de données sont disponibles concernant les effets de cette technique chez les athlètes féminins. L’objectif de cette étude était de comparer l’effet du PCI sur l’hémodynamique musculaire, la consommation d’O2 et la performance chez des athlètes féminins et masculins.
Dans un devis croisé, 17 participants (dont 8 femmes) entraînés en force ont été soumis aléatoirement à un PCI (3 cycles de 5 minutes de gonflement d’un brassard placé autour de la cuisse droite à 200 mmHg induisant une occlusion du débit artériel, suivies de 5 minutes sans gonflement), ou à un placébo (gonflement à 20 mmHg), avant de compléter 5 séries de 5 extensions maximales volontaires de la jambe droite. Les changements de concentration, dans le muscle vaste latéral, de l’hémoglobine totale (∆[HbT], un indice de perfusion) et de la désoxyhémoglobine (∆[HbH], un indice de la consommation d’O2) ont été mesurés par spectroscopie proche infrarouge. Le ratio force/[HbH] a servi d’indice de l’efficience métabolique de la contraction musculaire. Les différences entre les hommes et les femmes ont été appréciées en comparant les tailles d’effet (TE) du PCI des hommes et des femmes, et leurs intervalles de confiance à 90 %. (La TE est la différence entre deux moyennes, divisée par l’écart-type.)
Résultats
Il ressort de cette étude que le PCI agit différemment entre les sexes sur la force musculaire maximale. En effet, le gain de force était nettement supérieur chez les hommes (↑13,0 % que chez les femmes (↑2,3 %). Toutefois, au fil des 5 séries, le pourcentage de diminution de la force avait augmenté chez les hommes (↑6,0 %), et diminué chez les femmes (↓19,8 %). Cette différence d’endurance pourrait être simplement liée à la plus grande force initiale développée par les hommes après le PCI, engendrant ainsi des perturbations métaboliques et une fatigue musculaire accrues. Les modifications métaboliques à l’exercice induites par le PCI étaient différentes entre les deux sexes. L’extraction musculaire d’O2 était accentuée chez les hommes au cours des séries 2 (hommes : ↑6,4 %, femmes : ↓16,7 %, TE : 0,21; -0,18 à 0,60), 3 (hommes : ↑7,0 %, femmes : ↓44,4 %, TE : 0,56; −0,17 à 1,29), 4 (hommes : ↑9,1 %, femmes : ↓40,2 %, TE : 0,51; −0,10 à 1,13) et 5 (hommes : ↑10,2 %, femmes : ↓40,4 %, TE : 0,52; 0,04 à 1,09). Toutefois, l’efficience métabolique n’était pas différente entre les sexes. Le PCI a également augmenté le volume sanguin musculaire (↑[HbT]) au repos et durant la récupération entre les séries, et ce, de façon similaire entre les sexes.
Selon ces données, il semble que durant des contractions maximales répétées, les hommes entraînés en force bénéficient davantage que les femmes du PCI. Malgré une augmentation similaire de l’apport en O2 aux muscles, seuls les hommes démontrent à la fois une plus grande consommation d’O2 périphérique et une amélioration de la force. On peut supposer que cet effet ergogène propre à l’homme s’explique par le fait que sa fonction oxydative peut plus facilement être optimisée (en particulier dans les fibres musculaires rapides) que celle de la femme. Alors que tous les hommes testés dans cette étude ont bénéficié du PCI, on a observé l’effet inverse chez 4 des 8 femmes (diminution de la force produite). Ces résultats remettent en question l’applicabilité générale du PCI et soulignent l’importance de considérer la réponse individuelle. Les athlètes féminins y répondraient moins que les athlètes masculins.
Concrètement, pour les entraîneurs d’athlètes évoluant dans des sports où la force et la puissance sont d’importants déterminants de la performance, cela signifie que le PCI appliqué immédiatement avant l’échauffement peut optimiser la force lors de contractions maximales chez les athlètes masculins. Toutefois cette technique doit être utilisée avec circonspection chez les femmes puisque dans cette étude, certaines d’entre elles n’ont pas pu en bénéficier, comparativement aux hommes.
Il faudra cependant mener davantage de recherches pour connaître les contextes où le PCI peut être utilisé pour optimiser la performance, et ce, chez les deux sexes.
Dans un devis croisé, 17 participants (dont 8 femmes) entraînés en force ont été soumis aléatoirement à un PCI (3 cycles de 5 minutes de gonflement d’un brassard placé autour de la cuisse droite à 200 mmHg induisant une occlusion du débit artériel, suivies de 5 minutes sans gonflement), ou à un placébo (gonflement à 20 mmHg), avant de compléter 5 séries de 5 extensions maximales volontaires de la jambe droite. Les changements de concentration, dans le muscle vaste latéral, de l’hémoglobine totale (∆[HbT], un indice de perfusion) et de la désoxyhémoglobine (∆[HbH], un indice de la consommation d’O2) ont été mesurés par spectroscopie proche infrarouge. Le ratio force/[HbH] a servi d’indice de l’efficience métabolique de la contraction musculaire. Les différences entre les hommes et les femmes ont été appréciées en comparant les tailles d’effet (TE) du PCI des hommes et des femmes, et leurs intervalles de confiance à 90 %. (La TE est la différence entre deux moyennes, divisée par l’écart-type.)
Résultats
Il ressort de cette étude que le PCI agit différemment entre les sexes sur la force musculaire maximale. En effet, le gain de force était nettement supérieur chez les hommes (↑13,0 % que chez les femmes (↑2,3 %). Toutefois, au fil des 5 séries, le pourcentage de diminution de la force avait augmenté chez les hommes (↑6,0 %), et diminué chez les femmes (↓19,8 %). Cette différence d’endurance pourrait être simplement liée à la plus grande force initiale développée par les hommes après le PCI, engendrant ainsi des perturbations métaboliques et une fatigue musculaire accrues. Les modifications métaboliques à l’exercice induites par le PCI étaient différentes entre les deux sexes. L’extraction musculaire d’O2 était accentuée chez les hommes au cours des séries 2 (hommes : ↑6,4 %, femmes : ↓16,7 %, TE : 0,21; -0,18 à 0,60), 3 (hommes : ↑7,0 %, femmes : ↓44,4 %, TE : 0,56; −0,17 à 1,29), 4 (hommes : ↑9,1 %, femmes : ↓40,2 %, TE : 0,51; −0,10 à 1,13) et 5 (hommes : ↑10,2 %, femmes : ↓40,4 %, TE : 0,52; 0,04 à 1,09). Toutefois, l’efficience métabolique n’était pas différente entre les sexes. Le PCI a également augmenté le volume sanguin musculaire (↑[HbT]) au repos et durant la récupération entre les séries, et ce, de façon similaire entre les sexes.
Selon ces données, il semble que durant des contractions maximales répétées, les hommes entraînés en force bénéficient davantage que les femmes du PCI. Malgré une augmentation similaire de l’apport en O2 aux muscles, seuls les hommes démontrent à la fois une plus grande consommation d’O2 périphérique et une amélioration de la force. On peut supposer que cet effet ergogène propre à l’homme s’explique par le fait que sa fonction oxydative peut plus facilement être optimisée (en particulier dans les fibres musculaires rapides) que celle de la femme. Alors que tous les hommes testés dans cette étude ont bénéficié du PCI, on a observé l’effet inverse chez 4 des 8 femmes (diminution de la force produite). Ces résultats remettent en question l’applicabilité générale du PCI et soulignent l’importance de considérer la réponse individuelle. Les athlètes féminins y répondraient moins que les athlètes masculins.
Concrètement, pour les entraîneurs d’athlètes évoluant dans des sports où la force et la puissance sont d’importants déterminants de la performance, cela signifie que le PCI appliqué immédiatement avant l’échauffement peut optimiser la force lors de contractions maximales chez les athlètes masculins. Toutefois cette technique doit être utilisée avec circonspection chez les femmes puisque dans cette étude, certaines d’entre elles n’ont pas pu en bénéficier, comparativement aux hommes.
Il faudra cependant mener davantage de recherches pour connaître les contextes où le PCI peut être utilisé pour optimiser la performance, et ce, chez les deux sexes.
Source primaire
Source primaire : Paradis-Deschênes P, Joanisse DR et Billaut F (2016) Sex-specific impact of ischemic preconditioning on tissue oxygenation and maximal concentric force. Front Physiol 7: 674.www-ncbi-nlm-nih-gov.acces.bibl.ulaval.ca/pubmed/28105020
Éditeur
Guy ThibaultPh. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
ergogène, contraction maximale, oxygénation, préconditionnement ischémiqueLectures suggérées
Bailey TG et coll. (2012) Effect of ischemic preconditioning on lactate accumulation and running performance. Med Sci Sports Exerc 44:2084-9.Kent-Braun JA et coll. (2002) Human skeletal muscle responses vary with age and gender during fatigue due to incremental isometric exercise. J Applied Physiol 93:1813-23.
Paradis-Deschênes P, DR Joanisse et F Billaut (2016) Ischemic preconditioning increases muscle perfusion, oxygen uptake, and force in strength-trained athletes. Appl Physiol Nutr Metab 41:938-44.
Staron RS et coll. (2000) Fiber type composition of the vastus lateralis muscle of young men and women. J Histochem Cytochem 48:623-9.
Sports ciblés
Haltérophilie, dynamophilie, sports de combat et tout autre sport où la force et la puissance sont des déterminants de la performanceAjouter à mes favoris Haut de page