S1 - Le drop jump à l’entraînement : conditions d’efficacité ?

L’objectif de cette étude est de déterminer les effets de 2 modalités d’entraînement imposant différentes modalités d’exécution du drop jump, sur la force des extenseurs des membres inférieurs et sur la détente verticale.

MÉTHODES :

L'entraînement : La population (35 adultes âgés de 19 à 34 ans) se répartit en trois groupes expérimentaux :

- Le groupe 1 composé de 13 sujets est entraîné en drop-jump avec comme seule consigne de rechercher la hauteur d'élévation maximale (DJ-H).
- Le groupe 2 (n = 13) est également entraîné en drop-jump, mais avec une double consigne : il s’agit d’exécuter ce saut en recherchant à la fois la hauteur d'élévation maximale et le temps de contact minimum (DJ-H/t).
- Enfin, le groupe 3 (n = 9) n'ayant pas suivi le protocole d'entraînement, est considéré comme groupe témoin.

L'entraînement s'est déroulé durant six semaines à raison de trois séances par semaine. Les drops sont effectués à partir de la hauteur optimale repérée dans le pré-test. Quatre séries de six répétitions durant les quatre premières semaines et cinq séries de six répétitions durant les deux dernières semaines ont été réalisées à chaque séance.

LES TESTS :

Deux types de test ont été réalisés avant et après entraînement : d’une part, des tests de détente verticale et d’autre part, des tests de force des membres inférieurs. Pour les tests de détente verticale, la hauteur maximale d’élévation du sujet a été retenue comme indice de performance. Ces tests de détente verticale ont été réalisés dans différentes modalités de sauts.

- le CMJ (contre mouvement jump) sans élan.
- le saut vertical sur une jambe avec 4 modalités de prise d’élan : 1, 3, 5 et 7 foulées.
- le SJ (squat jump) réalisé à partir d'une flexion des genoux de 90°.
- le Drop-Jump (DJ-H), mains aux hanches, réalisé à partir de caissons de 30, 45, 60, 75 cm. La hauteur d'élévation est immédiatement affichée et donnée comme information feed-back à l'athlète.
- le Drop-Jump (DJ-H/t), les conditions de réalisation sont les mêmes que ci-dessus. Le feed-back concerne ici le rapport hauteur/temps de contact. Ce test semble pertinent pour mesurer la capacité de force réactive (RS) et impose les mêmes consignes que celles données au groupe 2 à l’entraînement.

Deux modalités d’expression de la force des membres inférieurs ont été enregistrées : d’une part, la force dynamique maximale relative et d’autre part, la force maximale isométrique.

- La force dynamique maximale relative au poids de corps est obtenue à partir des mesures effectuées sur plate-forme de force à l’occasion d’un saut vertical exécuté en réaction à un signal auditif avec une barre de musculation sur les épaules (19 kg). Dans ces conditions, la valeur du pic maximum de force (Fdyn max) prise en compte est diminuée du poids de corps (Pcorps). L’indice retenu comme force maximale relative au poids de corps des membres inférieurs est {(Fdyn max - Pcorps)/ Pcorps)}

- La force maximale isométrique est mesurée à partir d'un squat genoux fléchis à 120°, exécuté contre une résistance insurmontable. La valeur du pic de force exprimée dans ces conditions est alors divisée par le poids de corps (Fiso max/Pcorps). Ce rapport est retenu comme l’indice de la force maximale isométrique.

RÉSULTATS :

Groupe 1 (DJ-H) : le seul gain observé est de 6 % dans le DJ-H, ce résultat n'étant toutefois pas significatif. Groupe 2 (DJ-H/t) : parmi l'ensemble des variables comparées, seule la force réactive (RS = (DJ-H/t) est significativement différente entre le pré et le post-test. Le gain est de l'ordre de 20 %. Aucun gain n'est observé dans les autres modalités de détente ni dans les différentes expressions de la force testées.

La seule corrélation significative entre les variations de force et de détente est observée sur les indices de force réactive (RS) et de détente sur une jambe avec élan, uniquement pour le groupe 2. Ceci s'explique probablement par la similitude des types de contraction engagée dans ces deux tests.

IMPLICATIONS PRATIQUES :

Concernant l'entraînement : le DJ-H/t est réalisé avec des temps de contact inférieurs à 200 ms, les forces à l'établissement du contact sont très élevées, cette modalité de rebond est très intense. Cela concerne l'ensemble des sports qui exigent des forces considérables dans l'établissement de l'interaction athlète/sol. Cependant, cette intensité accroît les risques de blessure. Il semble impératif de fournir un feed-back dans la réalisation de ce type de rebond et de minimiser le volume de travail. À contrario, le DJ-H considéré comme moins intense peut être pratiqué plus longuement.

Concernant les tests : le test DJ-H/t apparaît pertinent pour l'évaluation de la qualité de force réactive.

CONCLUSION :

On peut conclure à partir de cette étude, en accord d'ailleurs avec la plupart des publications scientifiques sur ce sujet, que l'entraînement en DJ induit des adaptations spécifiques qui ne sont pas transférables aux autres modalités d'expression de la force testées. Par ailleurs, l'entraînement ne proposant que des procédés de rebonds en DJ ne semble pas correspondre à une stimulation suffisante pour engager des modifications significatives du système neuro-musculaire.

Source primaire

A comparison of drop jump training methods : effects on leg extensor strength qualities and jumping performance YOUNG WB, WILSON GJ, BYRNE B. International Journal of Sports Medicine. (1999) ; 20 : 295-303.

Rédacteur

Jacques Quievre
Professeur agrégé d’EPS.DEA de biomécanique et de physiologie. INSEP, 11 Avenue du Tremblay 75012 Paris

Éditeur

Christian Miller

Mots-clés

force musculaire, méthode d'entraînement, musculation, puissance musculaire, saut, préparation à la performance

Lectures suggérées

BOBBERT MF and coll. The influence of jumping technique on the biomechanics of jumping . Med. Sci. Sports Exerc 1987; 19; 332-338

HOLCOMB WR and coll . The effectiveness of a modified plyometric program on power and vertical jump. J. Strength Cond. Res 1996; 10; 89-92.

LYTTLE AD and coll. Enhancing performance : maximal power versus weights and plyometrics training . J. Strength Cond. Res. 1996; 10; 173-179

Sports ciblés

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