S3 - Le massage améliore-t-il la récupération de la force maximale à l’issue d’un exercice intense de musculation ?

À la suite d’un exercice inaccoutumé et/ou excentrique, les courbatures se développent généralement après 24 heures, montrent un pic après 1 à 3 jours et disparaissent entre 5 et 10 jours. Certaines techniques sont proposées pour atténuer ces courbatures, telles que les étirements pré- et post-exercice, l’exercice léger, l’application d’ultra-sons ou d’analgésiques. Mais aucune de ces méthodes ne réduit complètement les courbatures. En revanche, la pression mécanique appliquée lors d’un massage doit réduire l’inflammation, elle-même supposée être à l'une des origines des courbatures. Pour tenter d’évaluer les effets physiologiques et psychologiques d’un massage sur les courbatures, des sujets ont réalisé 6 séries de 10 contractions maximales excentriques des fléchisseurs du genou, séparées de 1 minute. Deux heures après l’exercice, seuls les sujets appartenant au groupe expérimental ont reçu un massage constitué de techniques classiques suédoises (5 minutes d’effleurage, 1 minute de tapotement, 12 minutes de pétrissage et 2 minutes d’effleurage), les autres ayant reçu un placebo (application d’une lotion réputée récupératrice"). La force maximale excentrique, l’amplitude maximale de mouvement, un questionnaire psychologique sur l’humeur du sujet (Profile Mood States"), un questionnaire sur l’évaluation de la douleur et une prise de sang pour le dénombrement des neutrophiles ont été proposé aux sujets juste avant, immédiatement après, 2 heures, 6 heures, 24 heures et 48 heures après l’exercice fatigant.

La force maximale excentrique, l’amplitude du mouvement est significativement réduite pendant les 48 heures d’étude. Pendant les 48 heures de récupération, la douleur est significativement augmentée. De tous les paramètres mesurés, seule la douleur est moins marquée pour le groupe expérimental (ayant subi le massage) 48 heures après l’exercice.

Il ressort de ces résultats que le massage :

- n’a pas d’effet sur la chute de force induite par un exercice intense,
- n’a pas d’effet sur la réponse inflammatoire, comme souligné par l’absence de modification du nombre de neutrophiles après l’exercice,
- n’a d’effet ni sur la perception désagréable de la douleur, ni sur l’humeur des sujets.

Toutefois, cette étude montre que le massage aurait plus d’effets psychologiques que physiologiques (cf. Weinberg et Kolodny ; Cafarelli et Flint 1992 ; Hemmings et coll. 2000), puisqu’il permet :

- une réduction de l’intensité de la douleur après 48 heures de récupération,
- la perception d’une amélioration de la récupération.

Les mécanismes par lesquels le massage permet une réduction de la douleur restent encore à déterminer, mais pourraient être liés à une amélioration du sommeil, une augmentation du niveau d’endorphine et de sérotonine et une réduction des hormones du stress.

Source primaire

The effects of massage on delayed onset muscle soreness. SFORZO G.-A., SWENSEN T. 2003 Br. J. Sports Med. 37 : 72-75.

Rédacteur

Anne Michaut
Docteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives - Laboratoire de biomécanique et de physiologie - INSEP

Éditeur

Chantalle Thépaut-Mathieu
Docteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com

Mots-clés

contraction excentrique, Courbatures, douleur musculaire, entraînement, intensité de l'effort, récupération, préparation à la performance, santé de l'athlète

Lectures suggérées

CAFARELLI E., FLINT F. The role of massage in preparation for and recovery from exercise : an overview. 1992 Sports Med. 14 : 1-9.

WEINBERG A.-J., KOLODNY K. The relationship of massage and exercise to mood enhancement. 1988 The Sport Psychologist. 2 : 202-211.

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