S6 - L’utilisation de la stratégie associative aiderait à surmonter la douleur de l’effort sportif
Lorsque l’on parle de contrôle de la douleur en sport, une partie de la littérature fait référence à deux types de stratégies cognitives : associative et dissociative. Ces termes apparaissent en 1977 dans les travaux de Morgan et Pollock avec une population de marathoniens montrant que l’effort est régulé par les processus cognitifs. Selon ces auteurs, la stratégie associative consiste à accorder beaucoup d’attention aux sensations internes (état de relâchement ou de tension musculaire, fréquence cardiaque et respiratoire, etc.). Les coureurs qui ont recours à ce type de stratégie indiquent traiter les informations que leur donne le corps, ce qui leur permet de modifier certains paramètres de l'effort, tels que l’amplitude de foulée, la position du corps, l'allure, etc. La stratégie dissociative est définie comme "toutes stratégies permettant à un individu d’établir une séparation, distraction, dissociation entre la source de stress et lui-même". Ainsi, comme Morgan & Pollock (1977, p. 39) le notent, "l’athlète s’est consciemment séparé, dissocié des réponses sensorielles que son corps lui adresse normalement". Dans la littérature de la tolérance à la douleur, les auteurs se sont davantage intéressés aux variables niveau d’expertise et situations entraînement/compétition.
Les résultats montrent que :
- l’utilisation des stratégies cognitives est en relation avec le niveau d’expertise (les athlètes de haut niveau utilisent une stratégie associative, alors que les athlètes de non-haut niveau utilisent une stratégie dissociative) ;
- les sportifs utilisent la stratégie associative lors de la compétition et la stratégie dissociative à l’entraînement.
L’objectif principal de cette étude était de vérifier l’utilisation des stratégies associative et dissociative chez une population de haut niveau et de non-haut niveau.
MÉTHODE
Sujet :
L’échantillon est constitué de 60 sujets (H = 34, F = 26) qui pratiquent trois disciplines d’endurance : la natation, la course et le triathlon. En ce qui concerne le niveau d'expertise, ils se répartissent dans trois niveaux : niveau national (T = 25 ; H = 12, F = 13), niveau régional (T = 25 ; H = 19, F = 6) et niveau départemental (T = 10 ; H = 3, F = 7). Les sujets de niveau départemental ont été considérés comme des sportifs de non-haut niveau.
Outil :
L’entretien semi-directif, d’une durée d’environ une heure, a été utilisé. L’analyse a été effectuée à partir de la catégorisation de Schomer (1986) composée de 4 items associatifs (sensations ; corps monitoring ; ordres et instructions ; monitoring de l’allure) et de 6 items dissociatifs (réactions à l’environnement ; réflexion ; résolution de problèmes personnels ; travail, carrière et management ; information sur l’environnement de l’activité ; échange de conversation).
RÉSULTATS
Pas de différences entre les trois niveaux d’expertise dans l’utilisation des stratégies cognitives. Le test de Student montre que les sujets de niveau national utilisent davantage la stratégie associative (p = 0.01), ainsi que les sujets de niveau régional (p = 0.01) et les sujets de niveau départemental (p = 0.02).
CONCLUSIONS
Les résultats de cette étude ne mettent pas en évidence, au contraire d’autres études, une différence entre les niveaux d’expertise dans l’utilisation des stratégies cognitives. Toutefois, cette étude met en évidence la supériorité d’utilisation de la stratégie associative par des athlètes engagés dans le domaine de la compétition par rapport à la stratégie dissociative et ceci, dans les trois différents niveaux d’expertise (national, régional et départemental). Ce qui ressort des entretiens est la nécessité de se concentrer sur les sensations internes, c’est-à-dire sur les signaux corporels afin de mieux gérer l’apparition de la douleur. En congruence avec la littérature, la stratégie associative est utilisée lors de la situation compétition et semble être la stratégie la plus pertinente dans ce type de situation permettant de mieux tolérer la douleur liée à l’effort sportif. En entraînement sportif de haut niveau, cela signifierait, dans un premier temps, de s’intéresser aux stratégies cognitives utilisées par les sportifs et, dans un deuxième temps, de les orienter vers une stratégie de type associatif, puisque elle apparaît être la plus adaptée dans le sport de performance.
Les résultats montrent que :
- l’utilisation des stratégies cognitives est en relation avec le niveau d’expertise (les athlètes de haut niveau utilisent une stratégie associative, alors que les athlètes de non-haut niveau utilisent une stratégie dissociative) ;
- les sportifs utilisent la stratégie associative lors de la compétition et la stratégie dissociative à l’entraînement.
L’objectif principal de cette étude était de vérifier l’utilisation des stratégies associative et dissociative chez une population de haut niveau et de non-haut niveau.
MÉTHODE
Sujet :
L’échantillon est constitué de 60 sujets (H = 34, F = 26) qui pratiquent trois disciplines d’endurance : la natation, la course et le triathlon. En ce qui concerne le niveau d'expertise, ils se répartissent dans trois niveaux : niveau national (T = 25 ; H = 12, F = 13), niveau régional (T = 25 ; H = 19, F = 6) et niveau départemental (T = 10 ; H = 3, F = 7). Les sujets de niveau départemental ont été considérés comme des sportifs de non-haut niveau.
Outil :
L’entretien semi-directif, d’une durée d’environ une heure, a été utilisé. L’analyse a été effectuée à partir de la catégorisation de Schomer (1986) composée de 4 items associatifs (sensations ; corps monitoring ; ordres et instructions ; monitoring de l’allure) et de 6 items dissociatifs (réactions à l’environnement ; réflexion ; résolution de problèmes personnels ; travail, carrière et management ; information sur l’environnement de l’activité ; échange de conversation).
RÉSULTATS
Pas de différences entre les trois niveaux d’expertise dans l’utilisation des stratégies cognitives. Le test de Student montre que les sujets de niveau national utilisent davantage la stratégie associative (p = 0.01), ainsi que les sujets de niveau régional (p = 0.01) et les sujets de niveau départemental (p = 0.02).
CONCLUSIONS
Les résultats de cette étude ne mettent pas en évidence, au contraire d’autres études, une différence entre les niveaux d’expertise dans l’utilisation des stratégies cognitives. Toutefois, cette étude met en évidence la supériorité d’utilisation de la stratégie associative par des athlètes engagés dans le domaine de la compétition par rapport à la stratégie dissociative et ceci, dans les trois différents niveaux d’expertise (national, régional et départemental). Ce qui ressort des entretiens est la nécessité de se concentrer sur les sensations internes, c’est-à-dire sur les signaux corporels afin de mieux gérer l’apparition de la douleur. En congruence avec la littérature, la stratégie associative est utilisée lors de la situation compétition et semble être la stratégie la plus pertinente dans ce type de situation permettant de mieux tolérer la douleur liée à l’effort sportif. En entraînement sportif de haut niveau, cela signifierait, dans un premier temps, de s’intéresser aux stratégies cognitives utilisées par les sportifs et, dans un deuxième temps, de les orienter vers une stratégie de type associatif, puisque elle apparaît être la plus adaptée dans le sport de performance.
Source primaire
Cognitive strategies and ability in endurance activities ANTONINI PHILIPPE R., REYNES E., BRUANT G. 2003 Percept Mot Skills, 96: 510-516.Rédacteur
Roberta Antonini PhilippeDocteur en sciences et techniques des activités physiques et sportives, OFSPO, Haute école fédérale de sport Macolin, Suisse
Éditeur
Chantalle Thépaut-MathieuDocteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com
Mots-clés
Algie, Douleur, niveau, expertise, psychologie cognitive, stratégie cognitive associative et dissociative, Analyse de la performance, préparation à la performanceLectures suggérées
MASTERS K.-S. & OGLES B.-M. Associative and dissociative cognitive strategies in exercise and running : 20 years later, what do we know ? 1998 The Sport Psychologist 12 : 253-270.MORGAN W.-P. & POLLOCK M.-L. Psychologic characterization of the elite distance runner 1977 Annals of New York Academy of Sciences 301 : 382-403 SCHOMER H. Mental strategies and the perception of effort of marathoners runners 1986 International Journal of Sport Psychology, 17: 41-59.
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