L’action musculaire excentrique est souvent effectuée dans les activités quotidiennes, mais génère d’importants dommages au niveau de la structure musculaire. Chez l’animal, ces dommages sont moins marqués chez la femelle que chez le mâle. Les œstrogènes pourraient expliquer cette différence, grâce à leurs propriétés anti-oxydantes et stabilisatrices de la membrane. Certaines études réalisées sur les êtres humains tendent à confirmer cette observation dans des conditions "naturelles". Reste aujourd’hui à déterminer l’influence de la prise d’un contraceptif oral, qui aboutit à un environnement modifié en œstrogènes (œstrogènes exogènes élevés et œstrogènes endogènes bas) sur la sensibilité de la structure musculaire aux actions musculaires excentriques.

Pour ce faire, entre le 3e et le 6e jours du cycle menstruel, un exercice composé de 2 séries de 25 contractions excentriques des fléchisseurs du coude a été réalisé par un groupe de femmes utilisant des contraceptifs et un groupe n’en utilisant pas. Avant, immédiatement après et tous les jours pendant 5 jours, les paramètres suivants ont été mesurés :
- force maximale isométrique (FMI),
- la douleur, consignée sur une échelle allant de 0 à 10 : "0 : aucune douleur", "10 : douleur insoutenable",
- la concentration sanguine de créatine kinase (indicateur de dommages musculaires).

L’exercice excentrique a induit une modification significative de FMI et des marqueurs des dommages musculaires. Concernant les marqueurs des dommages musculaires, aucune différence significative n’est observée entre les deux groupes, que ce soit immédiatement après l’exercice ou durant la période de récupération. À l’inverse, l’évolution de FMI est différente selon les groupes. En effet, la FMI est significativement inférieure pour les utilisatrices de contraceptif oral 2 et 3 jours après l’exercice (voir figure 1: http://savoir-sport.org/apps/fiche/soleweb/Download.aspx?id=718&fichier=S8_figure1.docx ).
 
Il ressort de ces résultats que les utilisatrices de contraceptif oral montrent un délai de récupération de la FMI plus important que les femmes n’en utilisant pas. Ces utilisatrices présentent une plus importante concentration totale d’œstrogènes, mais également une concentration en œstrogène endogène réduite. Il est possible que les œstrogènes exogènes augmentent la production de radicaux libres ou diminuent la capacité anti-oxydante. Dans ces conditions, les enzymes anti-oxydantes mettraient plus de temps à neutraliser la plus grande quantité relative de radicaux libres, et donc le délai de récupération de la contractilité musculaire serait augmenté.

En conclusion, les femmes n’utilisant pas de contraceptifs oraux ne sont pas plus sensibles aux dommages musculaires que les autres femmes, mais montrent un délai de récupération moins important.