S28 - Comment évolue VO2 au cours du 800 m couru sur le mode compétition ?
INTRODUCTION
Lors d’un 800 m en course à pied, toutes les courses ayant pour objectif une performance chronométrique (et non un objectif de " place "), sont courues selon un modèle commun (cf. " le 800 m, analyse descriptive et entraînement ", Gajer et al., 2000). Selon ce modèle, la vitesse de course n’est pas régulière ; son évolution lors du 800 m permet de distinguer 3 phases distinctes : 1 - un départ rapide jusqu’à l’atteinte d’un pic de vitesse (aux 200 mètres), 2 - un plateau de vitesse sur 500 m, 3 - et une chute de vitesse dans le dernier 100 m. C’est ce modèle de course qui est utilisé dans la présente étude.
Lors de ce type d’effort supramaximal de moins de 2 minutes, l’énergie proviendrait respectivement pour 66 et 44 % des systèmes aérobies et anaérobies (Spencer et Gastin 2000). Astrand et Rodhal (1994 - Ed Masson) mettent en évidence qu’un exercice maximal d’une minute, peut solliciter " le système de transport de l’oxygène " de façon maximale. Or, au cours d’un effort de type 800 m réalisé sur tapis roulant à une puissance constante de 113 % de VO2max, Spencer et Gastin (2001) rapportent que les athlètes n’atteignent que 90 % de VO2max, ce qui pose le problème de la répartition de l’effort au cours des exercices étudiés.
C’est pourquoi, a été menée sur le terrain une étude qui reproduit le modèle de course évoqué précédemment. Son objectif est de répondre à ces 3 questions :
- La valeur maximale de VO2 obtenue sur 800 m (VO2800) correspond-elle à la valeur de VO2max ?
- À quel moment est obtenue la valeur de VO2800 ?
- Si VO2max est atteint, cette valeur est-elle maintenue jusqu’à la fin du 800 m ?
MÉTHODOLOGIE
Sept athlètes de haut niveau national (26,1 + 2,61 ans, 178 + 7,35 cm, 65,6 + 4,22 kg, 67,98 + 1,32 VO2 ml. kg-1.min-1) ont participé à cette étude. Ils ont réalisé 2 tests sur une piste de 400 m :
- un test d’intensité croissante (Test de l’université de Bordeaux II ou " TUB II ") afin de déterminer VO2max et la vitesse maximale aérobie (VMA).
- un 800 m réalisé selon le modèle de compétition évoqué précédemment. Les temps de passage étaient imposés en fonction du record personnel de chaque athlète.
Les paramètres ventilatoires étaient mesurés lors des 2 tests avec un analyseur de type Cosmed K4RQ (Italie).
RÉSULTATS (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=698&fichier=S28_figure1.doc )
Dans cette étude, la vitesse moyenne sur 800 m était de 23,8 km. h-1, soit 120 % de VMA. Au cours du 800 m, on peut distinguer 3 phases dans l’évolution de VO2 :
- au cours des 315 premiers mètres (316 + 74,9 m), VO2 augmente progressivement jusqu’à l’atteinte de VO2max (69,0 ± 8,6 ml. min-1.kg-1). Lors de cette phase, la vitesse atteint un pic de 27,3 km. h-1, soit 141,5 ± 6,25 % de VMA.
- de 315 m à 530 m environ (soit une distance de 215 ± 40,5 m), la valeur de VO2max est maintenue. Par ailleurs, la vitesse est stable (24,0 ± 0,5 km. h-1, soit 124,4 ± 5,8 % de VMA).
- au cours des 270 derniers mètres, VO2 diminue significativement pour atteindre 80 % de VO2max à la fin du 800 m. Parallèlement, on observe une chute de la vitesse de course jusqu’à 21,6 ± 1,8 km. h-1 dans les derniers 25 m. Cette vitesse reste cependant supérieure à VMA de 12 % en moyenne.
DISCUSSION
La chute de VO2 observée dans la dernière partie de course est mise en évidence sans être discutée dans plusieurs études (ex : Numella et Rusko, 1995) effectuées sur des efforts supramaximaux. Parallèlement aux raisons méthodologiques pouvant être liées à l’utilisation du K4RQ, plusieurs facteurs explicatifs peuvent être évoqués. On pourra notamment évoquer l’hyperventilation liée à la chute du pH, la fatigue des muscles respiratoires et la diminution du volume courant (Vt) observée dans cette étude. Tous ces facteurs aboutissent à une réduction des échanges gazeux entre les alvéoles et les capillaires pulmonaires et à une chute de vitesse qui semble inéluctable. Le fait d’atteindre VO2max au cours d’une épreuve reproduisant un 800 m de compétition semble être lié à la possibilité qu’a le sujet de répartir son effort comme il le souhaite. Dans la présente étude, VO2max est atteint 45 secondes après le départ du 800 m. Le fait de partir vite pourrait favoriser l’accélération de la cinétique d’adaptation de VO2. Ainsi, la présence systématique d’un départ rapide sur 800 m ne serait pas obligatoirement attribuée à des raisons stratégiques. Ce profil de course que l’on observe aussi sur d’autres distances (400 et 1 500 m), mais aussi dans d’autres disciplines de durées d’effort équivalentes (cyclisme sur piste, kayak de " course en ligne " ou patinage de vitesse (Foster et al., 1993, Bishop et al. 2002).) permettrait d’atteindre VO2max plus rapidement. Néanmoins, ce départ rapide peut devenir très coûteux sur le plan énergétique si l’athlète n’est pas capable de maîtriser cette allure : partir vite (mais pas trop vite) tout en restant relâché. Ceci pourrait impliquer la nécessité de posséder une réserve de vitesse par rapport à la vitesse maximale de l’athlète. Ainsi, l’amélioration de la technique de course et le développement des qualités de vitesse et de force doivent être effectués parallèlement à celui des qualités énergétiques (VO2max et VMA ; Puissance et capacité du métabolisme anaérobie). Plus que jamais, le coureur de 800 m semble devoir être un coureur complet qui pourra difficilement compenser une forte lacune dans l’un des domaines cités.
Lors d’un 800 m en course à pied, toutes les courses ayant pour objectif une performance chronométrique (et non un objectif de " place "), sont courues selon un modèle commun (cf. " le 800 m, analyse descriptive et entraînement ", Gajer et al., 2000). Selon ce modèle, la vitesse de course n’est pas régulière ; son évolution lors du 800 m permet de distinguer 3 phases distinctes : 1 - un départ rapide jusqu’à l’atteinte d’un pic de vitesse (aux 200 mètres), 2 - un plateau de vitesse sur 500 m, 3 - et une chute de vitesse dans le dernier 100 m. C’est ce modèle de course qui est utilisé dans la présente étude.
Lors de ce type d’effort supramaximal de moins de 2 minutes, l’énergie proviendrait respectivement pour 66 et 44 % des systèmes aérobies et anaérobies (Spencer et Gastin 2000). Astrand et Rodhal (1994 - Ed Masson) mettent en évidence qu’un exercice maximal d’une minute, peut solliciter " le système de transport de l’oxygène " de façon maximale. Or, au cours d’un effort de type 800 m réalisé sur tapis roulant à une puissance constante de 113 % de VO2max, Spencer et Gastin (2001) rapportent que les athlètes n’atteignent que 90 % de VO2max, ce qui pose le problème de la répartition de l’effort au cours des exercices étudiés.
C’est pourquoi, a été menée sur le terrain une étude qui reproduit le modèle de course évoqué précédemment. Son objectif est de répondre à ces 3 questions :
- La valeur maximale de VO2 obtenue sur 800 m (VO2800) correspond-elle à la valeur de VO2max ?
- À quel moment est obtenue la valeur de VO2800 ?
- Si VO2max est atteint, cette valeur est-elle maintenue jusqu’à la fin du 800 m ?
MÉTHODOLOGIE
Sept athlètes de haut niveau national (26,1 + 2,61 ans, 178 + 7,35 cm, 65,6 + 4,22 kg, 67,98 + 1,32 VO2 ml. kg-1.min-1) ont participé à cette étude. Ils ont réalisé 2 tests sur une piste de 400 m :
- un test d’intensité croissante (Test de l’université de Bordeaux II ou " TUB II ") afin de déterminer VO2max et la vitesse maximale aérobie (VMA).
- un 800 m réalisé selon le modèle de compétition évoqué précédemment. Les temps de passage étaient imposés en fonction du record personnel de chaque athlète.
Les paramètres ventilatoires étaient mesurés lors des 2 tests avec un analyseur de type Cosmed K4RQ (Italie).
RÉSULTATS (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=698&fichier=S28_figure1.doc )
Dans cette étude, la vitesse moyenne sur 800 m était de 23,8 km. h-1, soit 120 % de VMA. Au cours du 800 m, on peut distinguer 3 phases dans l’évolution de VO2 :
- au cours des 315 premiers mètres (316 + 74,9 m), VO2 augmente progressivement jusqu’à l’atteinte de VO2max (69,0 ± 8,6 ml. min-1.kg-1). Lors de cette phase, la vitesse atteint un pic de 27,3 km. h-1, soit 141,5 ± 6,25 % de VMA.
- de 315 m à 530 m environ (soit une distance de 215 ± 40,5 m), la valeur de VO2max est maintenue. Par ailleurs, la vitesse est stable (24,0 ± 0,5 km. h-1, soit 124,4 ± 5,8 % de VMA).
- au cours des 270 derniers mètres, VO2 diminue significativement pour atteindre 80 % de VO2max à la fin du 800 m. Parallèlement, on observe une chute de la vitesse de course jusqu’à 21,6 ± 1,8 km. h-1 dans les derniers 25 m. Cette vitesse reste cependant supérieure à VMA de 12 % en moyenne.
DISCUSSION
La chute de VO2 observée dans la dernière partie de course est mise en évidence sans être discutée dans plusieurs études (ex : Numella et Rusko, 1995) effectuées sur des efforts supramaximaux. Parallèlement aux raisons méthodologiques pouvant être liées à l’utilisation du K4RQ, plusieurs facteurs explicatifs peuvent être évoqués. On pourra notamment évoquer l’hyperventilation liée à la chute du pH, la fatigue des muscles respiratoires et la diminution du volume courant (Vt) observée dans cette étude. Tous ces facteurs aboutissent à une réduction des échanges gazeux entre les alvéoles et les capillaires pulmonaires et à une chute de vitesse qui semble inéluctable. Le fait d’atteindre VO2max au cours d’une épreuve reproduisant un 800 m de compétition semble être lié à la possibilité qu’a le sujet de répartir son effort comme il le souhaite. Dans la présente étude, VO2max est atteint 45 secondes après le départ du 800 m. Le fait de partir vite pourrait favoriser l’accélération de la cinétique d’adaptation de VO2. Ainsi, la présence systématique d’un départ rapide sur 800 m ne serait pas obligatoirement attribuée à des raisons stratégiques. Ce profil de course que l’on observe aussi sur d’autres distances (400 et 1 500 m), mais aussi dans d’autres disciplines de durées d’effort équivalentes (cyclisme sur piste, kayak de " course en ligne " ou patinage de vitesse (Foster et al., 1993, Bishop et al. 2002).) permettrait d’atteindre VO2max plus rapidement. Néanmoins, ce départ rapide peut devenir très coûteux sur le plan énergétique si l’athlète n’est pas capable de maîtriser cette allure : partir vite (mais pas trop vite) tout en restant relâché. Ceci pourrait impliquer la nécessité de posséder une réserve de vitesse par rapport à la vitesse maximale de l’athlète. Ainsi, l’amélioration de la technique de course et le développement des qualités de vitesse et de force doivent être effectués parallèlement à celui des qualités énergétiques (VO2max et VMA ; Puissance et capacité du métabolisme anaérobie). Plus que jamais, le coureur de 800 m semble devoir être un coureur complet qui pourra difficilement compenser une forte lacune dans l’un des domaines cités.
Source primaire
Comment évolue VO2 au cours du 800 m ? HANON C., THOMAS C., GAJER B., LE CHEVALLIER J.-M., VANDEWALLE H. 2002 Revue de l'Association des Entraîneurs Français d'Athlétisme, n° 167 : 85-87.Rédacteur
Christine HanonD.E.A – Diplôme INSEP, BE3 tronc commun. Laboratoire de Biomécanique et de Physiologie, INSEP
Éditeur
Jean-Michel LevequeDoctorat STAPS, Membre du Laboratoire de biomécanique et physiologie INSEP
Mots-clés
course de demi fond, exercice supramaximal, lactatémie, VO2max, Analyse de la performance, gestion de la compétitionLectures suggérées
ASTRAND P.-O., SALTIN B. Oxygen uptake during the first minutes of heavy muscular exercice. 1961 J. Appl. Physiol. 16 : 971-976.ASTRAND P.-O., RODHAL K. Précis de physiologie de l’exercice musculaire 1994 3e édition Masson
BISHOP D., BONETTI D., DOWSON B. The influence of pacing strategy on VO2 and supramaximal kayak performance 2002 Med. Sci. Sport. Exerc. 34 : 6 1041-1047.
FOSTER C., SNYDER A., THOMPSON N., GREEN M., SCHRAGER F. and M. Effect of pacing strategy on cycle time trial performance 1993 25 : 3 383-388.
GAJER B., HANON C., MARAJO J.-C. Le 800 mètres : analyse descriptive et entraînement 2000 Collection entraînement Ed. INSEP
GAJER B. Comment se répartissent les efforts au cours du 800 m masculin ? Quelles conséquences doit-on en tirer pour l’entraînement ? Fiche consultable sur site : www.savoir-sport.org
SPENCER M.-R., GASTIN P.-B. Energy system contribution during 200- to 1500-mrunning in highly trained athletes. 2001 Med. Sci. Sports Exerc. 33 : 157-162.
PERREY S., CANDAU R., MILLET G.-Y., BORRANI F., ROUILLON J.-D. Decrease in oxygen uptake at the end of a high-intensity submaximal running in humans. 2002 Int. J. Sports Med. 23 : 298-304.
NUMMELA A., RUSKO H. Time course of anaerobic ans aerobic energy expenditure during short-term exhaustive running in athetes. 1995 Int. J. Sports Med. 16 : 522-527.
ZAMPARO P. CAPELLI C., GUERRINI G. Energetics of kayaking at supramaximal and maximal speeds. Eur. J. Appl. Physiol. 80 : 542-548.
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