S41 - Sur 400 m, la gestion performante des virages doit-elle porter sur l’amplitude ou la fréquence des foulées ?
Sur 400 m, il a pu être observé une dégradation de la vitesse à partir des 100 premiers mètres*, dégradation directement dépendante des paramètres mécaniques de la foulée. Pour évaluer les caractéristiques de cette dégradation, une observation de la vitesse de course, fréquence et amplitude de la foulée a été menée sur des coureurs de niveau différent (mondial, national et régional). *(Cf. fiche savoir sport " Stratégie dans la gestion de la vitesse de course au 400 m ? Le record personnel au 200 m peut-il servir de référence ? " GAJER)
ÉVOLUTION DE LA FRÉQUENCE
Pour les trois groupes, la fréquence maximale est atteinte dans la zone de vitesse maximale du 50 m au 100 m (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=686&fichier=S41_figure1.doc ). Les évolutions de la fréquence sont très proches pour les 3 groupes :
- un pic dans la deuxième moitié du premier virage (50-100 m),
- une zone de stabilité allant de la deuxième moitié de la ligne droite opposée jusqu’à la sortie du deuxième virage (250-300 m),
- puis une chute progressive dans la ligne droite d’arrivée.
ÉVOLUTION DE L'AMPLITUDE
Les résultats (voir figure 2: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=686&fichier=S41_figure2.doc ) montrent que pour les trois groupes, l’amplitude maximale est atteinte dans la zone 100-150 m. Cependant, les athlètes de niveau mondial se distinguent par un pic d’amplitude très supérieur. Pour tous les groupes, ce pic est suivi par une baisse régulière de l’amplitude jusqu’à la fin de la course.
ÉVOLUTION VITESSE * FRÉQUENCE * AMPLITUDE
Au cours du 400 m, la fréquence est maximale dans la deuxième partie du premier virage où, par ailleurs, l’athlète atteint alors sa vitesse de course maximale. L’amplitude, quant à elle continue, d’augmenter après la sortie du virage où elle présente une valeur maximale. Ces évolutions diachroniques proviendraient des contraintes de la course en virage rencontrées dans le 400 m. En virage, entre chaque appui, le centre de gravité se déplace par segments linéaires : le déplacement du centre de gravité devient tangent à la courbe de la piste. Le coureur aura alors à produire des impulsions centrifuges qui lui permettront de respecter la géométrie de la trajectoire. Un surcroît de contraintes va donc s’ajouter aux impulsions verticales et horizontales.
Il semble donc qu’après avoir vaincu l’inertie, et accélérer dans un premier temps (0-50 m) grâce à l’augmentation de l’amplitude et de la fréquence, les forces centrifuges, que l’on doit appliquer, obligent le coureur à contenir l’amplitude de sa foulée particulièrement dans la zone 50-100 m (zone de vitesse maximale). C’est pourquoi, le coureur utilisera l’augmentation de sa fréquence pour finir son accélération dans le deuxième 50 m. Après avoir atteint son pic de vitesse dans la deuxième moitié du virage, la fréquence diminue dans la première ligne droite. On peut supposer que le coureur cherche alors un compromis entre le maintien de sa vitesse et une organisation économique de sa foulée, en diminuant sa cadence et en allongeant sa foulée qui était retenue dans la course en courbe.
Toutefois, à partir du 200 m, le coureur va rencontrer une nouvelle fois les contraintes mécaniques liées à la course en virage. Ainsi, il serait logique d’observer entre la fin de la première ligne droite et la séquence de course suivante en courbe :
- une augmentation de la fréquence des foulées, permettant de négocier le virage ;
- une baisse consécutive de l’amplitude des foulées.
En réalité, les observations ne concordent pas avec les résultats attendus : il est noté une stabilité de la fréquence, voire une baisse (concomitante d’une diminution de l’amplitude de la foulée). Notons que le coureur a dépassé les 200 m de course parcourus à vitesse quasi maximale pour lesquels le métabolisme anaérobie lactique est le principal producteur d’énergie (ASTRAND 1900). La forte implication du métabolisme anaérobie lactique sur cette partie de la course a été relevée par KLAPCINSKA et coll (2001) qui observent, qu’après 300 m de sprint, des concentrations de lactate de l’ordre de 15 mmol. l-1. De telles concentrations détériorent les capacités fonctionnelles du muscle et induisent indirectement l’apparition de la fatigue.
Dans ce contexte, il devient très difficile pour le coureur de s’adapter aux contraintes de la course en courbe. Dans le deuxième virage, la fatigue entraîne à la fois :
- une impossibilité d’augmenter la fréquence de la foulée,
- une diminution de l’amplitude.
Le coureur subira donc une perte significative de sa vitesse de course.
À la sortie du deuxième virage, dans la dernière ligne droite, la fatigue ne cessera de s’amplifier jusqu’à la ligne d’arrivée. Ce processus a été objectivé dans un contexte de course de haut niveau par des mesures de valeurs extrêmes de la lactatémie en fin d’épreuve (20 mm. l-1, BOUVAT 1988). Dans les derniers 50 m, qui correspondent à la phase la plus aiguë de fatigue, les deux composantes de la vitesse diminuent spécifiquement :
- l’amplitude des foulées n’est plus significativement discriminante entre les groupes, les athlètes de niveau mondial subissant une diminution plus importante de leurs foulées. On peut en déduire que, dans notre étude, les plus rapides sont les plus touchés dans l’amplitude de leurs foulées et sont, sans doute, les plus fatigués ;
- la fréquence, selon nos résultats, chute relativement plus que l’amplitude ; cette chute reste indépendante du niveau d’expertise.
À l’examen des résultats observés, il apparaît que le groupe de niveau mondial se distingue par :
- une plus grande vitesse maximale atteinte en début de course,
- une amplitude de foulée plus importante tout au long de la course,
- une dégradation notable de la foulée en fin de course qui se traduit en particulier par une chute inexorable de l’amplitude.
COMMENTAIRES
L’entraînement sur 400 m doit comporter une préparation de la course en virage, où la gestion de la fréquence de foulée est primordiale. 1er virage (sans fatigue) : l’athlète doit chercher à augmenter la fréquence, même en fin de virage pour atteindre une plus grande vitesse. 2e virage (avec fatigue) : l’athlète doit tenter d’augmenter sa fréquence pour limiter la chute de vitesse.
ÉVOLUTION DE LA FRÉQUENCE
Pour les trois groupes, la fréquence maximale est atteinte dans la zone de vitesse maximale du 50 m au 100 m (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=686&fichier=S41_figure1.doc ). Les évolutions de la fréquence sont très proches pour les 3 groupes :
- un pic dans la deuxième moitié du premier virage (50-100 m),
- une zone de stabilité allant de la deuxième moitié de la ligne droite opposée jusqu’à la sortie du deuxième virage (250-300 m),
- puis une chute progressive dans la ligne droite d’arrivée.
ÉVOLUTION DE L'AMPLITUDE
Les résultats (voir figure 2: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=686&fichier=S41_figure2.doc ) montrent que pour les trois groupes, l’amplitude maximale est atteinte dans la zone 100-150 m. Cependant, les athlètes de niveau mondial se distinguent par un pic d’amplitude très supérieur. Pour tous les groupes, ce pic est suivi par une baisse régulière de l’amplitude jusqu’à la fin de la course.
ÉVOLUTION VITESSE * FRÉQUENCE * AMPLITUDE
Au cours du 400 m, la fréquence est maximale dans la deuxième partie du premier virage où, par ailleurs, l’athlète atteint alors sa vitesse de course maximale. L’amplitude, quant à elle continue, d’augmenter après la sortie du virage où elle présente une valeur maximale. Ces évolutions diachroniques proviendraient des contraintes de la course en virage rencontrées dans le 400 m. En virage, entre chaque appui, le centre de gravité se déplace par segments linéaires : le déplacement du centre de gravité devient tangent à la courbe de la piste. Le coureur aura alors à produire des impulsions centrifuges qui lui permettront de respecter la géométrie de la trajectoire. Un surcroît de contraintes va donc s’ajouter aux impulsions verticales et horizontales.
Il semble donc qu’après avoir vaincu l’inertie, et accélérer dans un premier temps (0-50 m) grâce à l’augmentation de l’amplitude et de la fréquence, les forces centrifuges, que l’on doit appliquer, obligent le coureur à contenir l’amplitude de sa foulée particulièrement dans la zone 50-100 m (zone de vitesse maximale). C’est pourquoi, le coureur utilisera l’augmentation de sa fréquence pour finir son accélération dans le deuxième 50 m. Après avoir atteint son pic de vitesse dans la deuxième moitié du virage, la fréquence diminue dans la première ligne droite. On peut supposer que le coureur cherche alors un compromis entre le maintien de sa vitesse et une organisation économique de sa foulée, en diminuant sa cadence et en allongeant sa foulée qui était retenue dans la course en courbe.
Toutefois, à partir du 200 m, le coureur va rencontrer une nouvelle fois les contraintes mécaniques liées à la course en virage. Ainsi, il serait logique d’observer entre la fin de la première ligne droite et la séquence de course suivante en courbe :
- une augmentation de la fréquence des foulées, permettant de négocier le virage ;
- une baisse consécutive de l’amplitude des foulées.
En réalité, les observations ne concordent pas avec les résultats attendus : il est noté une stabilité de la fréquence, voire une baisse (concomitante d’une diminution de l’amplitude de la foulée). Notons que le coureur a dépassé les 200 m de course parcourus à vitesse quasi maximale pour lesquels le métabolisme anaérobie lactique est le principal producteur d’énergie (ASTRAND 1900). La forte implication du métabolisme anaérobie lactique sur cette partie de la course a été relevée par KLAPCINSKA et coll (2001) qui observent, qu’après 300 m de sprint, des concentrations de lactate de l’ordre de 15 mmol. l-1. De telles concentrations détériorent les capacités fonctionnelles du muscle et induisent indirectement l’apparition de la fatigue.
Dans ce contexte, il devient très difficile pour le coureur de s’adapter aux contraintes de la course en courbe. Dans le deuxième virage, la fatigue entraîne à la fois :
- une impossibilité d’augmenter la fréquence de la foulée,
- une diminution de l’amplitude.
Le coureur subira donc une perte significative de sa vitesse de course.
À la sortie du deuxième virage, dans la dernière ligne droite, la fatigue ne cessera de s’amplifier jusqu’à la ligne d’arrivée. Ce processus a été objectivé dans un contexte de course de haut niveau par des mesures de valeurs extrêmes de la lactatémie en fin d’épreuve (20 mm. l-1, BOUVAT 1988). Dans les derniers 50 m, qui correspondent à la phase la plus aiguë de fatigue, les deux composantes de la vitesse diminuent spécifiquement :
- l’amplitude des foulées n’est plus significativement discriminante entre les groupes, les athlètes de niveau mondial subissant une diminution plus importante de leurs foulées. On peut en déduire que, dans notre étude, les plus rapides sont les plus touchés dans l’amplitude de leurs foulées et sont, sans doute, les plus fatigués ;
- la fréquence, selon nos résultats, chute relativement plus que l’amplitude ; cette chute reste indépendante du niveau d’expertise.
À l’examen des résultats observés, il apparaît que le groupe de niveau mondial se distingue par :
- une plus grande vitesse maximale atteinte en début de course,
- une amplitude de foulée plus importante tout au long de la course,
- une dégradation notable de la foulée en fin de course qui se traduit en particulier par une chute inexorable de l’amplitude.
COMMENTAIRES
L’entraînement sur 400 m doit comporter une préparation de la course en virage, où la gestion de la fréquence de foulée est primordiale. 1er virage (sans fatigue) : l’athlète doit chercher à augmenter la fréquence, même en fin de virage pour atteindre une plus grande vitesse. 2e virage (avec fatigue) : l’athlète doit tenter d’augmenter sa fréquence pour limiter la chute de vitesse.
Source primaire
Analyse descriptive du 400 mètres. GAJER B., REINE B. BONVIN P Rapport de recherche Ministère des Sports.Éditeur
Chantalle Thépaut-MathieuDocteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com
Mots-clés
amplitude, fatigue, foulée, fréquence, gestion de course, intensité de l'entraînement, virage, vitesse de course, Analyse de la performanceLectures suggérées
GAJER B., THÉPAUT-MATHIEU C., LE HÉNAFF Évolution of stride and amplitude during course of the 100 m event during course of the 100 m event in athletics. 1999 New studies in athletics (IAAF) 14 : 43-50.HIRVONEN J.,. NUMMELA A. Fatigue and changes of ATP, créatine phosphate and Lactate during 400 m sprint. 1992 Can. J. Sport Sci. 17 : 141-144.
KLAPCINSKA B., ISKRA J., POPRZECKI S., GRZESIOK K. The effects of sprint (300 m) running on plasma lactate, uric acid, creatine kinase and lactate dehydrogenase in competitive hurdlers and untrained men. 2001 J. Sports Med Fitness 41 : 306-311.
LACOUR J.-R., BOUVAT E., BARTHELEMY J.-C. Post competition blood lactate concentrations as indicators of anaerobic energy expanditure during 400 m and 800m races. 1990 Eur J Appl Physiol 1990, 61 :172-176.
MERO A., LUHTANEN P. Kinematics of top sprint (400 m) running in fatigued conditions. 1998 Track Field Q. Rev. 1 :42-45.
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