S51 - De l'importance de la tactique de course : l'athlète qui court (ou roule) le plus vite n'est pas automatiquement celui ou celle qui gagne
La performance de demi-fond en athlétisme dépend de plusieurs facteurs parmi lesquels l’aptitude physique du coureur, sa technique et sa tactique de course. L’aspect tactique peut en effet avoir des conséquences très importantes sur le résultat d’une course de demi-fond en athlétisme. L’exemple des courses de demi-fond d’athlétisme qui sera traité dans le présent article peut aussi s’appliquer à plusieurs autres sports tels que le cyclisme, le triathlon et les sports collectifs étant donné que l’économie d’énergie peut s’avérer cruciale sur le résultat final d’une compétition.
La vitesse maximale que peut maintenir un athlète au cours d’une course de demi-fond est définie par l’intersection de la courbe individuelle vitesse-temps et distance-temps. La courbe vitesse-temps, pour chaque athlète, est fixe avant le départ d’une course (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=676&fichier=S51_figure1%2b2.doc ).
Si la distance à couvrir est fixe (5 000 m par exemple), la courbe réelle distance-temps ne l’est pas. En effet, il est possible pour un coureur de parcourir une distance plus longue si, par exemple, elle ou il court à l’écart de la "corde" dans les virages de la piste. Dans ce cas, le point d’intersection de la courbe individuelle vitesse-temps et distance-temps sera déplacé vers le bas et vers la droite, réduisant la meilleure vitesse moyenne de vitesse pouvant être soutenue sur la distance.
Pour illustrer ce concept, les tactiques de courses utilisées par les médaillés d’or et d’argent aux derniers Jeux Olympiques de Sydney sur 800 et 5 000 m ont été analysées. Les chemins suivis par les coureurs ont été minutieusement reconstitués afin de calculer les distances parcourues et les vitesses moyennes de course sur leurs finales respectives. Sur les deux finales en question, le gagnant n’était pas le coureur ayant maintenu la vitesse moyenne la plus élevée sur la course. Les gagnants ont, en effet, adapté leurs ressources énergétiques à une course se rapprochant le plus de la distance officielle à parcourir. Le calcul de la distance à parcourir est simple à effectuer. Sur une piste d’athlétisme de 400 m, il peut être calculé que la distance parcourue est 2*Pi*r (les périmètres des deux virages) plus la longueur des deux lignes droites. Par conséquent, un coureur se situant à 25 cm de la "corde" sur un tour parcourra 6.28(r + 0.25), plus les deux lignes droites, ce qui équivaut à courir 6.28 x 0,25 m de plus, soit 1,57 m par tour. Comme exemple, prenons les cas précis des deux finales des derniers JO de Sydney 2000.
La finale du 800 m hommes a été gagnée par N. SCHUMANN (Ger) en 1 45 08 et la médaille d’argent est revenue au favori, W. KIPKETER (Den) en 1 45 14. Schuman a couru à la corde sur toute la course en couvrant une distance de 802 m alors que KIPKETER a couru dans les couloirs 2 et 3 en couvrant une distance de 813 m. Les vitesses respectives de SCHUMANN et KIPKETER étaient de 7,63 m/s et 7,73 m/s. SCHUMANN a donc couru moins vite et a gagné la course. Un calcul rapide montre que KIPKETER a couru en moyenne à 15,92 cm de la corde à chaque virage, ce qui requiert une excellente technique de course et une grande concentration afin de ne pas empiéter sur la corde. La finale du 5 000 m hommes donne une analyse encore plus fine avec à nouveau, le favori, A. SAÏDI-SEIF (Alg) battu par l’Ethiopien M. WOLDE. Ce dernier a gagné la médaille d’or en courant à une vitesse moyenne de 6,158 m/s sur 5 022 m alors que SAÏDI-SEIF a couru plus vite (6,160 m/s), mais sur une distance plus grande (5 028 m). Les 6 m supplémentaires parcourus par l’Algérien lui ont coûté la médaille d’or des Jeux Olympiques !!!
CONCLUSION
Les performances des coureurs de demi-fond ne sont pas seulement dépendantes de leur potentiel énergétique au départ de la course et de leur stratégie d’adoption de rythme de course, mais aussi des effets de leur approche tactique notamment, de la distance totale parcourue pendant la course. Les coureurs de demi-fond et autres sportifs ayant à parcourir des distances (course, marche, cyclisme, nage, aviron, planche à voile, ski alpin, patinage sur glace, fauteuil roulant…) devraient être conscients de minimiser la distance parcourue pendant les compétitions s’ils souhaitent optimiser leurs performances.
La vitesse maximale que peut maintenir un athlète au cours d’une course de demi-fond est définie par l’intersection de la courbe individuelle vitesse-temps et distance-temps. La courbe vitesse-temps, pour chaque athlète, est fixe avant le départ d’une course (voir figure 1: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=676&fichier=S51_figure1%2b2.doc ).
Si la distance à couvrir est fixe (5 000 m par exemple), la courbe réelle distance-temps ne l’est pas. En effet, il est possible pour un coureur de parcourir une distance plus longue si, par exemple, elle ou il court à l’écart de la "corde" dans les virages de la piste. Dans ce cas, le point d’intersection de la courbe individuelle vitesse-temps et distance-temps sera déplacé vers le bas et vers la droite, réduisant la meilleure vitesse moyenne de vitesse pouvant être soutenue sur la distance.
Pour illustrer ce concept, les tactiques de courses utilisées par les médaillés d’or et d’argent aux derniers Jeux Olympiques de Sydney sur 800 et 5 000 m ont été analysées. Les chemins suivis par les coureurs ont été minutieusement reconstitués afin de calculer les distances parcourues et les vitesses moyennes de course sur leurs finales respectives. Sur les deux finales en question, le gagnant n’était pas le coureur ayant maintenu la vitesse moyenne la plus élevée sur la course. Les gagnants ont, en effet, adapté leurs ressources énergétiques à une course se rapprochant le plus de la distance officielle à parcourir. Le calcul de la distance à parcourir est simple à effectuer. Sur une piste d’athlétisme de 400 m, il peut être calculé que la distance parcourue est 2*Pi*r (les périmètres des deux virages) plus la longueur des deux lignes droites. Par conséquent, un coureur se situant à 25 cm de la "corde" sur un tour parcourra 6.28(r + 0.25), plus les deux lignes droites, ce qui équivaut à courir 6.28 x 0,25 m de plus, soit 1,57 m par tour. Comme exemple, prenons les cas précis des deux finales des derniers JO de Sydney 2000.
La finale du 800 m hommes a été gagnée par N. SCHUMANN (Ger) en 1 45 08 et la médaille d’argent est revenue au favori, W. KIPKETER (Den) en 1 45 14. Schuman a couru à la corde sur toute la course en couvrant une distance de 802 m alors que KIPKETER a couru dans les couloirs 2 et 3 en couvrant une distance de 813 m. Les vitesses respectives de SCHUMANN et KIPKETER étaient de 7,63 m/s et 7,73 m/s. SCHUMANN a donc couru moins vite et a gagné la course. Un calcul rapide montre que KIPKETER a couru en moyenne à 15,92 cm de la corde à chaque virage, ce qui requiert une excellente technique de course et une grande concentration afin de ne pas empiéter sur la corde. La finale du 5 000 m hommes donne une analyse encore plus fine avec à nouveau, le favori, A. SAÏDI-SEIF (Alg) battu par l’Ethiopien M. WOLDE. Ce dernier a gagné la médaille d’or en courant à une vitesse moyenne de 6,158 m/s sur 5 022 m alors que SAÏDI-SEIF a couru plus vite (6,160 m/s), mais sur une distance plus grande (5 028 m). Les 6 m supplémentaires parcourus par l’Algérien lui ont coûté la médaille d’or des Jeux Olympiques !!!
CONCLUSION
Les performances des coureurs de demi-fond ne sont pas seulement dépendantes de leur potentiel énergétique au départ de la course et de leur stratégie d’adoption de rythme de course, mais aussi des effets de leur approche tactique notamment, de la distance totale parcourue pendant la course. Les coureurs de demi-fond et autres sportifs ayant à parcourir des distances (course, marche, cyclisme, nage, aviron, planche à voile, ski alpin, patinage sur glace, fauteuil roulant…) devraient être conscients de minimiser la distance parcourue pendant les compétitions s’ils souhaitent optimiser leurs performances.
Source primaire
Bioenergetic constraints on tactical decision making in middle distance running. JONES A.-M., WHIPP B.-J. 2002 British Journal of Sports Medicine ; 36 : 102-104.Rédacteur
Karim ChamariDocteur en physiologie de l’effort, Unité de recherche « Évaluation, Sport, Santé », Centre national de la médecine et des sciences du sport, Tunis, Tunisie
Éditeur
Chantalle Thépaut-MathieuDocteur es sciences, chef du département des sciences du sport, INSEP
http://sciences.campus-insep.com
Mots-clés
rythme de course, Stratégie, tactique de course, Technique, Analyse de la performance, préparation à la performanceLectures suggérées
FUKUBA Y., WHIPP B.-J. A metabolic limit on the ability to make up for lost time in endurance events. 1999 J. Appl. Physiol. 87: 853-61.Sports ciblés
Course à pied, triathlon, duathlon, cyclisme, ski, patinageAjouter à mes favoris Haut de page