INTRODUCTION

En football, l’aptitude aérobie est un des déterminants de la performance. Un entraînement de course à pied par intervalles, auquel ont été soumis des joueurs de très haut niveau, s’est accompagné d’une augmentation de 11 % de la consommation maximale d’oxygène (VO2max), ainsi que d’une augmentation de la distance totale parcourue en match (+ 20 %), du nombre de possessions de balle (+ 23 %) et du nombre de sprints effectués pendant un match (+ 100 %).

Toutefois, si l’entraînement de course à pied par intervalles semble un moyen efficace pour améliorer le VO2max de joueurs de football, sa forme traditionnelle n’est généralement pas perçue comme très motivante par les joueurs. Quant aux séances d’entraînement conventionnelles avec ballon, elles ne sont généralement pas suffisamment intenses ou prolongées pour s’accompagner d’améliorations significatives du VO2max.

La recherche poursuivait trois objectifs : 1) concevoir une séance d’entraînement en circuit technique composée des gestes techniques individuels que les joueurs sont appelés à exécuter au cours d’un match, qui entraînerait une augmentation du VO2max; 2) mettre au point une séance d’entraînement collectif « match 5 contre 5 » qui aurait également pour effet d’augmenter le VO2max; et 3) déterminer si, chez des joueurs de football professionnels, la fréquence cardiaque à l’effort peut être utilisée comme un indicateur valide de l’intensité d’entraînement lors d’une séance en circuit technique avec ballon.

SUJETS ET MÉTHODE

Six joueurs de football professionnels (âge = 22,2 ± 3,3 ans; poids = 77,5 ± 12,4 kg; taille = 180,2 ± 5,5 cm; VO2max = 67,8 ± 7,6 mL/kg/min; fréquence cardiaque maximale (FCmax)= 198,3 ± 7,9 bpm) évoluant dans une équipe norvégienne de première division se sont portés volontaires pour participer à la recherche. Les joueurs ont été soumis à un protocole comprenant une série de tests de laboratoire suivis de deux séances d’entraînement expérimentales.

Protocole de test :

Les tests de laboratoire incluaient la mesure de la consommation d’oxygène (VO2); de la fréquence cardiaque (FC); et de la lactatémie à l’effort lors d’un test progressif sur tapis roulant incliné à 3°, suivi d’une période de récupération active et d’un test de course supra-maximale provoquant l’épuisement en moins de trois minutes. La consommation maximale d’oxygène (VO2max) et la fréquence cardiaque maximale (FCmax) ont également été mesurées.

Séances expérimentales :

La séance expérimentale en circuit technique consistait à courir en avant puis en arrière, à contourner une série de cônes et à soulever le ballon au-dessus d’une série de haies de 30 cm placées sur le circuit. Le circuit devait être parcouru de façon continue, ballon aux pieds, pendant deux périodes de 4 minutes entrecoupées de 3 minutes de récupération active (70 % de la FCmax). Les joueurs avaient pour consigne d’ajuster leur vitesse de course de façon à atteindre, le plus rapidement possible, 90-95 % de leur FCmax.

Lors de la séance expérimentale de match 5 contre 5, les joueurs étaient regroupés en deux équipes de 5, y compris un gardien de buts. Chaque match était constitué de deux mi-temps de 4 minutes, entrecoupées de 3 minutes de récupération active. Les joueurs devaient ajuster leur vitesse de course de façon à maintenir l’intensité de jeu la plus élevée possible.

RÉSULTATS

Lors de la séance de match 5 contre 5, l’intensité de l’exercice correspondait à 91,3 % de la FCmax (84,5 % du VO2max mesuré en laboratoire). Lors de la séance en circuit technique avec ballon, l’intensité de l’exercice correspondait à 93,5 % de la FCmax (91,7 % du VO2max). L’intensité correspondant à 90-95 % de la FCmax a été atteinte après 61,5 ± 10,8 secondes lors de la séance en circuit technique avec ballon et après 62,5 ± 12,5 secondes lors de la séance de match 5 contre 5.

Les relations VO2-FC observées à l’effort sous-maximal en laboratoire étaient similaires à celles observées lors des deux séances d’entraînement expérimentales. Les fréquences cardiaques moyennes étaient plus élevées lors de la séance en circuit technique avec ballon que lors de la séance de match 5 contre 5. Les VO2 mesurés lors des deux séances expérimentales étaient semblables, excepté lors de la deuxième période de la séance en circuit technique avec ballon, où le VO2 moyen a chuté de 3,9 %, bien que la fréquence cardiaque soit demeurée inchangée.

Les pourcentages de VO2max maintenus lors des deux séances expérimentales étaient plus faibles chez les joueurs possédants les VO2max les plus élevés.

LIMITES DE L'ÉTUDE

Cette étude comporte plusieurs limites : 1) l’analyseur métabolique utilisé (Metamax II) est d’une fiabilité moyenne; 2) l’étude porte sur un petit groupe de joueurs qui reflète mal la variété des profils physiologiques rencontrés dans une équipe; 3) l’étude ne permet pas d’évaluer l’efficacité des séances expérimentales dans le temps, ni d’identifier quelle séance expérimentale pourrait s’avérer la plus efficace pour développer les paramètres physiologiques examinés.

CONCLUSION

L’ensemble de ces résultats permet de constater qu’il est possible de créer des séances d’entraînement spécifiques au football dont l’intensité et la durée des fractions d’effort remplissent les critères indispensables au développement du VO2max. Il apparaît également que l’intensité de l’effort peut être contrôlée et optimisée, lors ce type de séance séances, grâce à la mesure de la fréquence cardiaque individuelle.

Les séances en circuit technique avec ballon et en match 5 contre 5 semblent plus motivantes pour les joueurs que les séances de course à pied traditionnellement utilisées pour développer le VO2max chez les joueurs. Ces séances nécessitent toutefois la mise en place d’une organisation rigoureuse et un encouragement régulier de la part de l’entraîneur. Il n’en demeure pas moins que l’on devra évaluer de manière plus exhaustive l’effet à court, moyen et long terme de ce type de séances sur le VO2max et la performance en match.