S96 - Évaluation de la performance en natation : Outils scientifiques
INTRODUCTION
En natation, la performance de haut niveau repose sur une planification judicieuse des charges et des méthodes d’entraînement ainsi que sur une évaluation objective et régulière des différents composants physiologiques, biomécaniques, psychologiques, techniques et tactiques, spécifiques à la spécialité du nageur.
L’objectif de cet article était de proposer une analyse critique des outils actuellement mis à la disposition des entraîneurs pour évaluer la performance et la progression de leurs nageurs, sur les plans physiologique, psychologique et biomécanique.
MESURE DE LA PERFORMANCE EN COMPÉTITION
Parce qu’il constitue le critère ultime sur lequel se juge le succès ou l’échec d’un programme de préparation et qu’il intègre l’ensemble des déterminants de la performance, le premier niveau d’évaluation d’une performance est évidemment le temps réalisé lors d’une compétition officielle.
ANALYSE VIDÉO
L’analyse vidéo représente le second niveau d’analyse de la performance. Même s’il nécessite un équipement relativement coûteux ordinateur, logiciel, caméra), cet outil permet aux entraîneurs, athlètes et scientifiques d’examiner en détail les différents éléments techniques (départ, nage libre, virage), de déterminer la vitesse du nageur à différents moments (au départ, à mi-course, à promixité de l’arrivée) et d’évaluer des paramètres techniques ou biomécaniques importants tels que la longueur et la fréquence des cycles de bras ou l’efficacité de nage. L’analyse vidéo permet également de comparer, qualitativement et quantitativement, la performance de nageurs de différents niveaux.
TESTS D'ENTRAÎNEMENT
Ce suivi comprend les tests maximaux réalisés en piscine (mesure de la performance associée à un effort maximal sur différentes distances), l’estimation de la « vitesse critique » à partir de performances réalisées sur différentes distances, ainsi que des tests sous-maximaux tels que la distance maximale couverte en 30 ou 60 minutes ou la vitesse maximale pouvant être soutenue sur 2000 ou 3000 m. Un dernier groupe de tests comprend l’examen de la relation la fréquence cardiaque – vitesse de nage lors d’efforts répétés (ex : 5 x 200 m, où chaque 200 m est réalisé à une vitesse différente).
Les tests maximaux peuvent être utilisés pour évaluer efficacement la performance, pour mesurer la progression et pour calculer une courbe individuelle vitesse – distance.
L’estimation de la « vitesse critique » peut donner une indication relativement fiable, mais globale, de l’évolution de la vitesse de nage selon la distance. Finalement, les tests sous maximaux sont généralement peu représentatifs de la performance réelle à cause de leur durée et des vitesses de nage que cette durée impose, et parce qu’ils utilisent souvent la controversée relation concentration de lactate plasmatique – vitesse de nage pour estimer la progression d’un nageur.
Les tests qui utilisent la relation FC - VO2 sont destinés à évaluer l’économie de nage d’un nageur et à calculer par extrapolation, à partir d’efforts sous-maximaux, la vitesse maximale qu’un nageur peut atteindre à son VO2max. Ces tests sont toutefois controversés, puisqu’il est désormais établi qu’une estimation du VO2max – ou de la vitesse associée au VO2max – à partir d’une extrapolation comporte une marge d’erreur de 10 à 20 %.
ÉVALUATION DE L'ÉCONOMIE DE NAGE
Plusieurs chercheurs ont tenté de mesurer l’économie de nage en observant l’évolution de la relation VO2 – vitesse de nage. Toutefois, cette relation perd sa linéarité à l’approche de l’effort maximal et ne constitue, par conséquent, qu’un indice imparfait de l’économie de nage à des vitesses de compétition. Ce type de mesure permet toutefois à l’entraîneur qui dispose d’un analyseur de gaz d’évaluer l’efficacité de nage (consommation d’oxygène à une vitesse donnée) et la puissance aérobie maximale de ses nageurs.
TESTS DE FORCE MUSCULAIRE ET DE CAPACITÉ ANAÉROBIE
Ces tests incluent différentes méthodes d’évaluation de la capacité anaérobie (où la concentration de lactate plasmatique est analysée après un effort explosif ou un sprint), des tests de détente verticale ou encore, ceux réalisés à l’aide d’ergomètres spécialisés tels que le Swim Bench ou les dispositifs de nage retenue.
La vitesse de nage étant déterminée par une combinaison d’efficience technique, de coordination et de force spécifiques à chaque élément technique, les meilleurs nageurs ne sont pas toujours les plus forts ou les plus puissants. Par conséquent, les tests de force musculaire et de capacité anaérobie peuvent s’avérer des outils intéressants pour évaluer la condition physique générale de nageurs de différents niveaux, à condition de mettre leurs résultats en perspective par rapport à l’ensemble des déterminants de la performance en natation.
TESTS PSYCHOLOGIQUES
La performance est influencée, positivement ou négativement, par plusieurs facteurs psychologiques, notamment l’anxiété, la confiance, la concentration et la motivation. L’utilisation répétée de tests psychométriques permet d’évaluer quantitativement l’état psychologique d’un athlète et de ses prédispositions, d’identifier les problèmes et de planifier les interventions appropriées. On peut également employer une approche qualitative, reposant sur l’évaluation subjective par l’athlète de son niveau de performance et de son niveau de satisfaction.
L’utilisation de tests psychologiques nécessite toutefois d’importantes précautions d’ordre éthique. De plus, les informations transmises par les athlètes doivent demeurer confidentielles et doivent être interprétées avec précaution.
CONCLUSION
Même si de nombreux outils sont mis à la disposition des entraîneurs désireux d’évaluer la performance de leurs nageurs, la sélection des tests et le choix d’une approche d’évaluation doivent se faire avec la plus grande attention.
Il est important de s’assurer que le test dont on envisage l’utilisation repose sur une méthodologie à la validité démontrée et que les mesures effectuées grâce à ce protocole d’évaluation reflètent avec précision l’état d’entraînement et la performance des nageurs concernés.
En natation, la performance de haut niveau repose sur une planification judicieuse des charges et des méthodes d’entraînement ainsi que sur une évaluation objective et régulière des différents composants physiologiques, biomécaniques, psychologiques, techniques et tactiques, spécifiques à la spécialité du nageur.
L’objectif de cet article était de proposer une analyse critique des outils actuellement mis à la disposition des entraîneurs pour évaluer la performance et la progression de leurs nageurs, sur les plans physiologique, psychologique et biomécanique.
MESURE DE LA PERFORMANCE EN COMPÉTITION
Parce qu’il constitue le critère ultime sur lequel se juge le succès ou l’échec d’un programme de préparation et qu’il intègre l’ensemble des déterminants de la performance, le premier niveau d’évaluation d’une performance est évidemment le temps réalisé lors d’une compétition officielle.
ANALYSE VIDÉO
L’analyse vidéo représente le second niveau d’analyse de la performance. Même s’il nécessite un équipement relativement coûteux ordinateur, logiciel, caméra), cet outil permet aux entraîneurs, athlètes et scientifiques d’examiner en détail les différents éléments techniques (départ, nage libre, virage), de déterminer la vitesse du nageur à différents moments (au départ, à mi-course, à promixité de l’arrivée) et d’évaluer des paramètres techniques ou biomécaniques importants tels que la longueur et la fréquence des cycles de bras ou l’efficacité de nage. L’analyse vidéo permet également de comparer, qualitativement et quantitativement, la performance de nageurs de différents niveaux.
TESTS D'ENTRAÎNEMENT
Ce suivi comprend les tests maximaux réalisés en piscine (mesure de la performance associée à un effort maximal sur différentes distances), l’estimation de la « vitesse critique » à partir de performances réalisées sur différentes distances, ainsi que des tests sous-maximaux tels que la distance maximale couverte en 30 ou 60 minutes ou la vitesse maximale pouvant être soutenue sur 2000 ou 3000 m. Un dernier groupe de tests comprend l’examen de la relation la fréquence cardiaque – vitesse de nage lors d’efforts répétés (ex : 5 x 200 m, où chaque 200 m est réalisé à une vitesse différente).
Les tests maximaux peuvent être utilisés pour évaluer efficacement la performance, pour mesurer la progression et pour calculer une courbe individuelle vitesse – distance.
L’estimation de la « vitesse critique » peut donner une indication relativement fiable, mais globale, de l’évolution de la vitesse de nage selon la distance. Finalement, les tests sous maximaux sont généralement peu représentatifs de la performance réelle à cause de leur durée et des vitesses de nage que cette durée impose, et parce qu’ils utilisent souvent la controversée relation concentration de lactate plasmatique – vitesse de nage pour estimer la progression d’un nageur.
Les tests qui utilisent la relation FC - VO2 sont destinés à évaluer l’économie de nage d’un nageur et à calculer par extrapolation, à partir d’efforts sous-maximaux, la vitesse maximale qu’un nageur peut atteindre à son VO2max. Ces tests sont toutefois controversés, puisqu’il est désormais établi qu’une estimation du VO2max – ou de la vitesse associée au VO2max – à partir d’une extrapolation comporte une marge d’erreur de 10 à 20 %.
ÉVALUATION DE L'ÉCONOMIE DE NAGE
Plusieurs chercheurs ont tenté de mesurer l’économie de nage en observant l’évolution de la relation VO2 – vitesse de nage. Toutefois, cette relation perd sa linéarité à l’approche de l’effort maximal et ne constitue, par conséquent, qu’un indice imparfait de l’économie de nage à des vitesses de compétition. Ce type de mesure permet toutefois à l’entraîneur qui dispose d’un analyseur de gaz d’évaluer l’efficacité de nage (consommation d’oxygène à une vitesse donnée) et la puissance aérobie maximale de ses nageurs.
TESTS DE FORCE MUSCULAIRE ET DE CAPACITÉ ANAÉROBIE
Ces tests incluent différentes méthodes d’évaluation de la capacité anaérobie (où la concentration de lactate plasmatique est analysée après un effort explosif ou un sprint), des tests de détente verticale ou encore, ceux réalisés à l’aide d’ergomètres spécialisés tels que le Swim Bench ou les dispositifs de nage retenue.
La vitesse de nage étant déterminée par une combinaison d’efficience technique, de coordination et de force spécifiques à chaque élément technique, les meilleurs nageurs ne sont pas toujours les plus forts ou les plus puissants. Par conséquent, les tests de force musculaire et de capacité anaérobie peuvent s’avérer des outils intéressants pour évaluer la condition physique générale de nageurs de différents niveaux, à condition de mettre leurs résultats en perspective par rapport à l’ensemble des déterminants de la performance en natation.
TESTS PSYCHOLOGIQUES
La performance est influencée, positivement ou négativement, par plusieurs facteurs psychologiques, notamment l’anxiété, la confiance, la concentration et la motivation. L’utilisation répétée de tests psychométriques permet d’évaluer quantitativement l’état psychologique d’un athlète et de ses prédispositions, d’identifier les problèmes et de planifier les interventions appropriées. On peut également employer une approche qualitative, reposant sur l’évaluation subjective par l’athlète de son niveau de performance et de son niveau de satisfaction.
L’utilisation de tests psychologiques nécessite toutefois d’importantes précautions d’ordre éthique. De plus, les informations transmises par les athlètes doivent demeurer confidentielles et doivent être interprétées avec précaution.
CONCLUSION
Même si de nombreux outils sont mis à la disposition des entraîneurs désireux d’évaluer la performance de leurs nageurs, la sélection des tests et le choix d’une approche d’évaluation doivent se faire avec la plus grande attention.
Il est important de s’assurer que le test dont on envisage l’utilisation repose sur une méthodologie à la validité démontrée et que les mesures effectuées grâce à ce protocole d’évaluation reflètent avec précision l’état d’entraînement et la performance des nageurs concernés.
Source primaire
Smith DJ, Norris SR et Hogg JM Performance evaluation of swimmers: scientific tools Sports Med 32(9):539-54, 2002.Rédacteur
François GazzanoB.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com
Éditeur
Guy ThibaultPh. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
évaluation, progressionLectures suggérées
Tanaka H et coll. Dry-land resistance training for competitive swimming Med Sci Sports Exerc 25(8):952-9, 1993.Bonifazi M, Sardella F et Lupo C Preparatory versus main competitions: differences in performances, lactate responses and pre-competition plasma cortisol concentrations in elite male swimmers Eur J Appl Physiol 82(5-6):368-73, 2000.
Takagi H et coll. Differences in stroke phases, arm-leg coordination and velocity fluctuation due to event, gender and performance level in breaststroke Sports Biomech 3(1):15-27, 2004.
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