S98 - L’affûtage pré-compétition a des fondements scientifiques
INTRODUCTION
Pour optimiser leur performance lors d’une compétition qui revêt une importance particulière, les athlètes suivent généralement un modèle d’affûtage : période de plusieurs jours au cours de laquelle la charge d’entraînement est réduite de façon importante. Ce rapport de recherche présente une analyse détaillée et exhaustive de la littérature scientifique présentement disponible sur ce sujet.
DÉFINITION ET OBJECTIFS DE L'AFFÛTAGE
Les auteurs proposent la définition suivante de l’affûtage : « réduction progressive et non-linéaire de la charge d’entraînement pendant une période de durée variable, dont l’objectif est de réduire les effets physiologiques et psychologiques négatifs de l’entraînement quotidien et d’améliorer la performance sportive ».
L’objectif principal de l’affûtage est de réduire les effets négatifs de l’entraînement intensif (ex : fatigue accumulée), et non pas tant de développer les qualités physiologiques à des niveaux supérieurs. Pendant cette période, les gains de performance sont principalement causés par une réduction marquée des effets négatifs de l’entraînement et, par conséquent, les athlètes doivent avoir atteint un niveau de condition physique proche de celui visé lors de l’événement compétitif avant de débuter la période d’affûtage. Les améliorations de performance occasionnées par la période d’affûtage résultent en partie de modifications hormonales.
Pendant cette période :
- Le ratio testostérone/cortisol augmente, reflétant la prédominance d’une activité anabolique accrue.
- Le volume de globules rouges et d’hématocrite augmente.
- La concentration d’haptoglobine (une glycoprotéine responsable de combiner les molécules de fer à l’hémoglobine) augmente.
- L’activité de la créatine kinase (indice de stress occasionné par l’entraînement) diminue.
Par ailleurs, les périodes d’affûtage sont souvent associées à une amélioration de la qualité du sommeil, une perception de l’effort réduite, une réduction de la sensation de fatigue, une diminution des perturbations de l’humeur et une sensation de vigueur accrue.
RÉDUCTION DE LA CHARGE D'ENTRAÎNEMENT
La charge d’entraînement – ou stimulus d’entraînement – peut être décrite comme une combinaison du volume, de l’intensité et de la fréquence d’entraînement. La stratégie d’affûtage optimale visera donc à réduire la charge d’entraînement de façon à éliminer la fatigue accumulée, tout en conservant une charge d’entraînement suffisamment grande pour ne pas perdre les adaptations physiologiques et psychologiques. En effet, si une charge trop importante ne permet pas d’éliminer la fatigue accumulée et, par conséquent, de bénéficier complètement des effets de l’affûtage, un stimulus d’entraînement insuffisant peut entraîner un désentraînement plus ou moins rapide.
RÉDUCTION DE L'INTENSITÉ DE L'ENTRAÎNEMENT
Pendant l’affûtage, une diminution de l’intensité de l’entraînement est associée à une réduction des adaptations physiologiques et à un déclin de la capacité de performance. Le maintien d’une intensité d’entraînement élevée pendant toute la durée de la période d’affûtage est essentiel, peu importe le niveau de performance des athlètes.
RÉDUCTION DU VOLUME D'ENTRAÎNEMENT
Les améliorations de performances provoquées par l’affûtage sont plus importantes lorsque le volume d’entraînement est réduit de 50-90 %.
RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE D'ENTRAÎNEMENT
La plupart des études démontrent qu’une fréquence d’entraînement réduite pendant 2-4 semaines permet d’améliorer ou de maintenir les adaptations positives occasionnées par l’entraînement. Cette réduction de la fréquence d’entraînement doit être de l’ordre de 30-50 % chez des athlètes de niveau moyen et de < 20 % chez les athlètes de haut niveau et ceux évoluant dans des sports ou la technique joue un rôle primordial (ex : natation).
DURÉE DE L'AFFÛTAGE
Déterminer la durée idéale de l’affûtage est l’une des tâches les plus difficiles. Des effets positifs sur la performance ont été signalés pour des durées d’affûtage comprises entre 4 et 35 jours. En principe, à cause de la grande variabilité des réponses individuelles à une période d’entraînement réduit, la durée d’affûtage devrait être individualisée.
TYPES D'AFFÛTAGES
La réduction de la charge d’entraînement en affûtage peut suivre un profil linéaire, exponentiel ou abrupte. Lorsque la charge est réduite de façon abrupte, la charge réduite est maintenue constante pendant toute la période d’affûtage. Une seule étude expérimentale a comparé les effets des différents types d’affûtages sur la performance sportive. Cette étude, réalisée auprès de triathloniens de haut niveau, laisse entendre qu’un affûtage de type exponentiel rapide est plus efficace qu’un affûtage de type abrupt ou exponentiel lent.
AMÉLIORATIONS DE LA PERFORMANCE À ENVISAGER
L’objectif principal de l’affûtage est d’améliorer la performance lors d’une compétition majeure et la plupart des études portant sur les effets de stratégies d’affûtage de type exponentiel ou linéaire ont démontré les effets positifs de ces stratégies sur la performance dans de nombreuses disciplines sportives. Ces gains de performance, de l’ordre de 0,5 à 6 %, ont été attribués à des niveaux accrus de force et de puissance, à des améliorations des fonctions neuromusculaires, hormonales et hématologiques et à une meilleure récupération psychologique.
Une étude récente, portant sur les 3 semaines d’affûtage qui ont précédé les Jeux olympiques de Sydney, a mis en évidence une amélioration moyenne de la performance de l’ordre de 2,2 % chez des nageurs de l’élite internationale. Le pourcentage d’amélioration était similaire, peu importe la nationalité et le niveau de performance des nageurs.
CONCLUSIONS
Les principales conclusions pratiques tirées de cette étude sont les suivantes :
1. Le but premier de l’affûtage est de minimiser la fatigue accumulée et non de rechercher le développement de gains supplémentaires sur le plan de la condition physique.
2. Le maintien d’une intensité d’entraînement élevée est indispensable pour éviter le désentraînement.
3. Le volume d’entraînement doit être réduit de l’ordre de 60-90 %.
4. La fréquence d’entraînement doit être réduite de l’ordre de 30-50 % chez les athlètes de niveau moyen et de < 20 % chez les athlètes de haut niveau.
5. La durée de la période d’affûtage doit se situer entre 4 et 28 jours et doit être individualisée.
6. Un affûtage progressif et non-linéaire (exponentiel) semble donner de meilleurs résultats qu’un affûtage de type abrupt.
7. Un affûtage réussi permet d’améliorer la performance en compétition, mais ne fait pas de miracles! Un objectif d’amélioration de performance réaliste dû à un affûtage réussi se situe à environ 3 %.
Pour optimiser leur performance lors d’une compétition qui revêt une importance particulière, les athlètes suivent généralement un modèle d’affûtage : période de plusieurs jours au cours de laquelle la charge d’entraînement est réduite de façon importante. Ce rapport de recherche présente une analyse détaillée et exhaustive de la littérature scientifique présentement disponible sur ce sujet.
DÉFINITION ET OBJECTIFS DE L'AFFÛTAGE
Les auteurs proposent la définition suivante de l’affûtage : « réduction progressive et non-linéaire de la charge d’entraînement pendant une période de durée variable, dont l’objectif est de réduire les effets physiologiques et psychologiques négatifs de l’entraînement quotidien et d’améliorer la performance sportive ».
L’objectif principal de l’affûtage est de réduire les effets négatifs de l’entraînement intensif (ex : fatigue accumulée), et non pas tant de développer les qualités physiologiques à des niveaux supérieurs. Pendant cette période, les gains de performance sont principalement causés par une réduction marquée des effets négatifs de l’entraînement et, par conséquent, les athlètes doivent avoir atteint un niveau de condition physique proche de celui visé lors de l’événement compétitif avant de débuter la période d’affûtage. Les améliorations de performance occasionnées par la période d’affûtage résultent en partie de modifications hormonales.
Pendant cette période :
- Le ratio testostérone/cortisol augmente, reflétant la prédominance d’une activité anabolique accrue.
- Le volume de globules rouges et d’hématocrite augmente.
- La concentration d’haptoglobine (une glycoprotéine responsable de combiner les molécules de fer à l’hémoglobine) augmente.
- L’activité de la créatine kinase (indice de stress occasionné par l’entraînement) diminue.
Par ailleurs, les périodes d’affûtage sont souvent associées à une amélioration de la qualité du sommeil, une perception de l’effort réduite, une réduction de la sensation de fatigue, une diminution des perturbations de l’humeur et une sensation de vigueur accrue.
RÉDUCTION DE LA CHARGE D'ENTRAÎNEMENT
La charge d’entraînement – ou stimulus d’entraînement – peut être décrite comme une combinaison du volume, de l’intensité et de la fréquence d’entraînement. La stratégie d’affûtage optimale visera donc à réduire la charge d’entraînement de façon à éliminer la fatigue accumulée, tout en conservant une charge d’entraînement suffisamment grande pour ne pas perdre les adaptations physiologiques et psychologiques. En effet, si une charge trop importante ne permet pas d’éliminer la fatigue accumulée et, par conséquent, de bénéficier complètement des effets de l’affûtage, un stimulus d’entraînement insuffisant peut entraîner un désentraînement plus ou moins rapide.
RÉDUCTION DE L'INTENSITÉ DE L'ENTRAÎNEMENT
Pendant l’affûtage, une diminution de l’intensité de l’entraînement est associée à une réduction des adaptations physiologiques et à un déclin de la capacité de performance. Le maintien d’une intensité d’entraînement élevée pendant toute la durée de la période d’affûtage est essentiel, peu importe le niveau de performance des athlètes.
RÉDUCTION DU VOLUME D'ENTRAÎNEMENT
Les améliorations de performances provoquées par l’affûtage sont plus importantes lorsque le volume d’entraînement est réduit de 50-90 %.
RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE D'ENTRAÎNEMENT
La plupart des études démontrent qu’une fréquence d’entraînement réduite pendant 2-4 semaines permet d’améliorer ou de maintenir les adaptations positives occasionnées par l’entraînement. Cette réduction de la fréquence d’entraînement doit être de l’ordre de 30-50 % chez des athlètes de niveau moyen et de < 20 % chez les athlètes de haut niveau et ceux évoluant dans des sports ou la technique joue un rôle primordial (ex : natation).
DURÉE DE L'AFFÛTAGE
Déterminer la durée idéale de l’affûtage est l’une des tâches les plus difficiles. Des effets positifs sur la performance ont été signalés pour des durées d’affûtage comprises entre 4 et 35 jours. En principe, à cause de la grande variabilité des réponses individuelles à une période d’entraînement réduit, la durée d’affûtage devrait être individualisée.
TYPES D'AFFÛTAGES
La réduction de la charge d’entraînement en affûtage peut suivre un profil linéaire, exponentiel ou abrupte. Lorsque la charge est réduite de façon abrupte, la charge réduite est maintenue constante pendant toute la période d’affûtage. Une seule étude expérimentale a comparé les effets des différents types d’affûtages sur la performance sportive. Cette étude, réalisée auprès de triathloniens de haut niveau, laisse entendre qu’un affûtage de type exponentiel rapide est plus efficace qu’un affûtage de type abrupt ou exponentiel lent.
AMÉLIORATIONS DE LA PERFORMANCE À ENVISAGER
L’objectif principal de l’affûtage est d’améliorer la performance lors d’une compétition majeure et la plupart des études portant sur les effets de stratégies d’affûtage de type exponentiel ou linéaire ont démontré les effets positifs de ces stratégies sur la performance dans de nombreuses disciplines sportives. Ces gains de performance, de l’ordre de 0,5 à 6 %, ont été attribués à des niveaux accrus de force et de puissance, à des améliorations des fonctions neuromusculaires, hormonales et hématologiques et à une meilleure récupération psychologique.
Une étude récente, portant sur les 3 semaines d’affûtage qui ont précédé les Jeux olympiques de Sydney, a mis en évidence une amélioration moyenne de la performance de l’ordre de 2,2 % chez des nageurs de l’élite internationale. Le pourcentage d’amélioration était similaire, peu importe la nationalité et le niveau de performance des nageurs.
CONCLUSIONS
Les principales conclusions pratiques tirées de cette étude sont les suivantes :
1. Le but premier de l’affûtage est de minimiser la fatigue accumulée et non de rechercher le développement de gains supplémentaires sur le plan de la condition physique.
2. Le maintien d’une intensité d’entraînement élevée est indispensable pour éviter le désentraînement.
3. Le volume d’entraînement doit être réduit de l’ordre de 60-90 %.
4. La fréquence d’entraînement doit être réduite de l’ordre de 30-50 % chez les athlètes de niveau moyen et de < 20 % chez les athlètes de haut niveau.
5. La durée de la période d’affûtage doit se situer entre 4 et 28 jours et doit être individualisée.
6. Un affûtage progressif et non-linéaire (exponentiel) semble donner de meilleurs résultats qu’un affûtage de type abrupt.
7. Un affûtage réussi permet d’améliorer la performance en compétition, mais ne fait pas de miracles! Un objectif d’amélioration de performance réaliste dû à un affûtage réussi se situe à environ 3 %.
Source primaire
Mujika I, Padilla S. Scientific bases for precompetition tapering strategies. Medicine & Science in Sports & Exercise 2003; 35(7):1182-7.Rédacteur
François GazzanoB.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com
Éditeur
Guy ThibaultPh. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec
Mots-clés
entraînement, récupération, Affûtage, performance, planification, préparation à la performanceLectures suggérées
Hickson RC, et al. Reduced training intensities and loss of aerobic power, endurance, and cardiac growth. Journal of Applied Physiology 1985; 58(2):492-9.Banister EW, Carter JB, Zarkadas PC. Training theory and taper: validation in triathlon athletes. European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology 1999; 79(2):182-91.
Mujika I, Padilla S, Pyne D. Swimming Performance Changes During the Final 3 Weeks of Training Leading to the Sydney 2000 Olympic Games. International Journal of Sports Medicine 2002; 23:582–587.
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