S126 - En manipulant les horaires de repas et de sommeil d'un sprinter, on peut avancer ou reculer le moment de la journée où survient sa performance de pointe

Le sprinter peut améliorer sensiblement sa performance au sprint, tout simplement en modifiant son horaire de sommeil et l'heure à laquelle il prend ses derniers repas avant la compétition.

Huit sprinters d'élite s'entraînant à Barcelone ont effectué 7 à 9 épreuves maximales sur 80 mètres (aux deux heures) tous les samedis pendant cinq semaines consécutives. Lors des tests de contrôle, les résultats suivaient systématiquement un cycle en deux phases, c'est-à-dire qu'ils avaient tendance à s'améliorer au cours de la matinée jusqu'à 13 h, puis à se détériorer pour atteindre un creux à 15 h, avant de s'améliorer à nouveau jusqu'à 19 h, heure à laquelle les meilleurs chronos ont été enregistrés. La moyenne des temps de performance était d'environ 9,5 secondes pour la période de performance maximale et d'environ 10,0 secondes pour la période « creuse », soit un écart important.

En devançant ou en reculant de deux heures l'horaire de sommeil et des repas, les meilleures courses de la journée étaient effectuées deux heures plus tôt ou deux heures plus tard, soit à 17 h et 21 h respectivement, plutôt qu'à 19 h. Ainsi, on conclut qu'avec une manipulation relativement facile des horaires de sommeil et de repas, les sprinters peuvent synchroniser avec l'heure d'une épreuve le moment où ils sont le plus aptes à effectuer une performance de pointe.

En termes pratiques et à titre d'exemple, pour une épreuve programmée à 13 h, un sprinter dont le moment habituel de performance de pointe est 16 h aurait avantage à devancer de trois heures son horaire de repas, de coucher, de lever durant les deux ou trois derniers jours précédant la compétition. Il importe de modifier l'horaire des repas autant que celle du sommeil, car dans l'étude, on n'a pas observé de modification de l'heure de pointe lorsqu'on n'avançait que le moment d'aller au lit et du lever, sans modifier l'heure des repas.

On peut penser que ce truc peut également s'appliquer à d'autres épreuves. En effet, il a été démontré que la performance dans plusieurs activités varie selon que l'épreuve a lieu à un moment ou un autre de la journée. Les records personnels sont généralement établis en fin d'après-midi et non pas à 19 h comme les coureurs de l'étude catalane. Il n'est pas impossible que l'heure tardive de performance de pointe des sujets de l'étude catalane soit due au mode de vie des espagnols qui en général prennent leurs repas et vont au lit relativement tard.

Source primaire

Javierre C et al. Influence of sleep and meal schedules on performance peaks in competitive sprinters. Int J Sports Med 1996; 17:404-8.

Rédacteur

Guy Thibault
Ph.D., Direction des sports et de l’activité physique, ministère de l’Éducation du Québec

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Affûtage, Chronobiologie, Décalage horaire, performance de pointe, Sprint, sprinters, préparation à la performance

Lectures suggérées

Atkinson G, Reilly T. Circadian variation in sports performance. Sports Med 1996; 21:292-12.

Dalton B et al. Circadian rhythms have no effect on cycling performance. Int J Sports Med 1997; 18:538-42.

Javierre C et al. Is physical training a good synchronizer of the performance ? J Physiol Biochem 1997; 53:239-46.

Manfredini R et al. Circadian rhythms, athletic performance, and jet lag. Br J Sports Med 1998; 32:101-06.

Pilcher JJ, Huffcutt AL. Effects of sleep deprivation on performance: A meta-analysis, Sleep 1996; 19:318-326.

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