S155 - La méthode de préparation physique SAQ est-elle réellement plus efficace ?

La méthode SAQ « speed, agility, quickness » (vitesse, agilité, rapidité) a récemment été proposée comme une méthode de préparation physique efficace pour les athlètes de sports d’équipes. À ce jour et, bien que cette méthode et ses produits dérivés soit commercialisés par la société SAQ International, son efficacité n’a jamais été démontrée de façon scientifique.

L’objectif de cette étude était de :

1) déterminer si, chez des joueuses de football de haut niveau, une préparation physique utilisant la méthode SAQ permet d’améliorer la condition physique davantage qu’une préparation physique « traditionnelle » organisée par l’entraîneur de l’équipe et
2) évaluer l’efficacité de l’équipement spécifique recommandé par la méthode SAQ.

SUJETS ET MÉTHODE

Trente six joueuses de football de haut niveau, âgées de 21 ± 2 ans ont participé à l’étude. Les sujets ont été répartis aléatoirement en trois groupes d’entraînement : un groupe soumis à une préparation physique utilisant les principes SAQ mais pas l’équipement recommandé par le système SAQ (SAQ-N); un groupe soumis à une préparation physique de type SAQ et utilisant l’équipement recommandé par le système SAQ (SAQ-E); un groupe soumis à un programme de préparation physique « traditionnel » développé par l’entraîneur de l’équipe (PP-T).

Les trois programmes débutaient 2 semaines avant le début de la saison, comportaient 2 séances de 1 h par semaine et avaient une durée totale de 12 semaines.

Afin d’évaluer les changements sur la performance provoqués par les différents programmes d’entraînement, une batterie de tests (composition corporelle, souplesse, puissance aérobie maximale, capacité anaérobie, agilité latérale, puissance musculaire, aptitude à changer de direction) a été administrée avant le début du programme, 6 semaines après ainsi qu’à la fin du programme.

RÉSULTATS

Après 12 semaines d’entraînement, des améliorations significatives de puissance aérobie maximale (18,4 %), de souplesse (14,7 %) et de composition corporelle (réduction du taux d’adiposité de 1,7 %, et de l’indice de masse corporelle de 3,7 %) ont été constatées chez les membres des trois groupes.

La capacité anaérobie des joueuses appartenant aux groupes SAQ-N et SAQ-E a été améliorée de façon significative et similaire (11,6 % et 6,2 % pour le test de sprints répétés et le sprint de 25 m). Chez les joueuses du groupe PP-T, seule la performance au test de sprints répétés a été améliorée (6,2 %).

L’agilité latérale des côtés droit et gauche a été améliorée de façon significative chez les joueuses appartenant aux groupes SAQ-N et SAQ-E. Chez les joueuses du groupe PP-T, seule l’agilité du côté droit a été améliorée. La performance au test d’agilité latérale des membres du SAQ-N a été améliorée de façon significativement supérieure à celle des sujets du groupe SAQ-E.

Les puissances horizontale (7,7 %) et verticale (18,5 %) ont été améliorées chez les joueuses appartenant aux groupes SAQ-N et SAQ-E, alors que chez les joueuses du groupe PP-T, seule la puissance horizontale a été améliorée (1,6 %).

La performance au test de changement de direction a été améliorée de façon significative chez les membres des trois groupes.

CONCLUSION

Ces résultats suggèrent qu’une préparation physique fondée sur les principes SAQ peut améliorer la condition physique de joueuses de football de façon supérieure à une préparation physique « traditionnelle ». Cette étude démontre également que l’utilisation de l’équipement recommandé par la méthode SAQ ne rend pas l’entraînement plus efficace et que, par conséquent, les entraîneurs peuvent utiliser cette méthode sans avoir recours au matériel recommandé par la méthode SAQ.

Une importante limitation permet toutefois de mettre en doute les conclusions de cette étude. En effet le programme de préparation physique « traditionnel » comprenait plusieurs exercices de renforcement musculaire destinés au haut du corps alors que dans les programmes SAQ-N et SAQ-E, ces exercices étaient remplacés par des exercices destinés à améliorer la puissance des membres inférieurs. Aussi, les programmes SAQ-N et SAQ-E comprenaient des séances destinées à améliorer la technique de course, contrairement au programme PP-T. Finalement, les séances d’agilité proposées par les programmes SAQ-N et SAQ-E comprenaient de nombreux exercices sans ballon réalisés à vitesse maximale alors que la plupart des séances d’agilité du programme PP-T comprenaient des exercices avec ballon, techniquement plus complexes et donc réalisés à des vitesses de course inférieures. Il est fort possible que ces importantes différences structurelles entre le programme PP-T et les programmes SAQ-N et SAQ-E, aient été responsables des différences d’amélioration de performance constatées entre les trois programmes, notamment aux tests de puissance verticale, horizontale, agilité et sprint répété et sprint de 25 m.

Il possible qu’un programme « traditionnel » développé par un spécialiste de la préparation physique ait permit d’éviter ces différences de planification et permettre aux joueuses du groupe PP-T d’améliorer leur performance de façon similaire voire supérieure à celles des groupes SAQ-N et SAQ-E.

Cette étude suggère qu’une préparation physique basée sur les principes de la méthode SAQ peut s’avérer supérieure à une préparation physique traditionnelle. Toutefois, compte tenu des importantes lacunes du programme d’entraînement « traditionnel » utilisé comme élément de référence, d’autres recherches sont nécessaires pour valider ces conclusions et confirmer l’efficacité de la méthode SAQ.

Source primaire

Polman R et al. Effective conditioning of female soccer players. J Sports Sci 2004; 22(2):191-203.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

Football féminin, entraînement, préparation physique, condition physique, préparation à la performance

Lectures suggérées

Aziz AR, Chia M, Teh KC. The relationship between maximal oxygen uptake and repeated sprint performance indices in field hockey and soccer players.  J Sports Med Phys Fitness 2000; 40(3):195-200.

Di Salvo V, Pigozzi F. Physical training of football players based on their positional rules in the team. Effects on performance-related factors. J Sports Med Phys Fitness 1998; 38(4):294-7.

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