S204 - Les tests de fonction musculaire ne reflètent pas les améliorations causées par l’entraînement

Plusieurs études ont mis en évidence la capacité des tests de fonction musculaire couramment utilisés dans les domaines de l’entraînement et de la réadaptation fonctionnelle (tests isotoniques et isocinétiques) à discriminer les athlètes de différents niveaux de performance.

Toutefois, même si une relation positive entre les résultats à ces tests et le niveau de performance sportive a démontré, l’efficacité de ces tests à refléter les changements de performance survenus à la suite d’un programme d’entraînement a rarement été questionnée.

L’objectif de cette étude était d’examiner la capacité des tests de fonction musculaire à refléter la progression de performance sportive provoquée par un programme d’entraînement en musculation.

SUJETS ET MÉTHODE

Trente hommes physiquement actifs âgés de 22 ± 4 ans ont participé à l’étude. Chaque sujet a été soumis à une batterie de tests avant et après l’application d’un programme d’entraînement expérimental.

Les tests ont été réalisés lors de deux séances distinctes. La première séance comprenait :

1) un test de force maximale isotonique concentrique et un test de force maximale isotonique excentrique;

2) un test isocinétique d’extension/flexion de la jambe et;

3) un test de 1 répétition maximale au squat.

La seconde séance incluait un sprint maximal sur cycloergomètre de 6 s et un sprint de 40 m en course à pied. Une fois les tests initiaux réalisés, les sujets ont été répartis aléatoirement en deux groupes de taille égale : 1 groupe d’entraînement (GM) dont les membres devaient réaliser un programme d’entraînement en musculation de 8 semaine (2 séances/semaine en utilisant le squat comme exercice d’entraînement et des résistances équivalentes à 6-10 RM) et un groupe contrôle (GC) dont les membres devaient conserver leur routine d’entraînement habituelle.

RÉSULTATS

Après 8 semaines d’entraînement, la performance au squat a été significativement améliorée chez les sujets du GM (~24 kg), comparativement aux sujets du GC (~5 kg). Le programme d’entraînement en musculation s’est aussi accompagné d’une amélioration significative de la performance au sprint de 40 m (2,3 %). L’amélioration de la performance au sprint sur cycloergomètre (9 %) était proche du seuil de signification statistique (P = 0,09).

Aucune différence significative n’a été observée entre les mesures pré et post-entraînement, en ce qui à trait aux tests isotoniques et isocinétiques.

CONCLUSION

Cette étude met en évidence l’incapacité des tests de la fonction musculaire à détecter les changements de performance survenus après un programme d’entraînement en musculation.

La variance (mesure de la dispersion d’une série d’observations statistiques par rapport à leur moyenne) calculée entre la performance dynamique et les résultats à ces tests étant située entre 25 et 70 %, il est possible de conclure que ces tests ne sont pas d’une sensibilité suffisante pour détecter les changements de performance relativement faibles, mais néanmoins significatifs, occasionnés par l’entraînement (2,2 et 9,0 % dans le cas de cette étude).

À la lumière de ces résultats, il est possible de conclure que les tests isocinétiques et isotoniques couramment utilisés dans les domaines de la réadaptation fonctionnelle et de l’entraînement ne sont pas suffisamment précis pour refléter efficacement les changements survenus après un programme d’entraînement et, que si de tels tests doivent être employés, leur corrélation avec la performance doit être supérieure à celle des ergomètres utilisés dans cette étude.

Cette recherche permet de conclure que l’efficacité d’un programme d’entraînement musculaire doit être évaluée sur la base de changements de la performance dynamique et non à partir de résultats à des tests de fonction musculaire.

Source primaire

Murphy AJ, Wilson GJ. The ability of tests of muscular function to reflect training-induced changes in performance. J Sports Sci 1997; 15(2):191-200.

Rédacteur

François Gazzano
B.Sc., Services des Sports Universitaires, Université de Moncton, Centre Multisport Atlantique et Athletemonitoring.com
www.athletemonitoring.com

Éditeur

Guy Thibault
Ph. D., Direction du sport et de l’activité physique, gouvernement du Québec; Département de kinésiologie de l’Université de Montréal; et INS Québec

Mots-clés

musculation, force explosive, réadaptation, fonction musculaire, isocinétisme

Lectures suggérées

Augustsson J, Thomee R. Ability of closed and open kinetic chain tests of muscular strength to assess functional performance. Scand J Med Sci Sports 2000; 10(3):164-8.

Wilson GJ, Walshe AD, Fisher MR. The development of an isokinetic squat device: reliability and relationship to functional performance.  Eur J Appl Physiol Occup Physiol 1997; 75(5):455-61.

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