S344 - Est-ce que l’entraînement en force et en endurance des muscles du tronc réduit le stress physique dans cette région lorsqu’on lève une charge?

De nos jours, la santé et la bonne forme physique ont une place de choix dans les valeurs de la société. Ceci est encore plus vrai avec les athlètes de haut niveau. Il devient alors important de pouvoir prévenir le maximum de blessures, et plus particulièrement la douleur lombaire chronique. Dans cette recherche, les auteurs ont tenté de déterminer si une bonne force et endurance des muscles au niveau du tronc diminuent les risques de blessures au dos, tout en aidant à maintenir une lordose normale.

Pour en arriver aux résultats, 15 participants masculins âgés entre 40 et 55 ans ont participé à l’expérience. Ces personnes occupaient un emploi exigeant physiquement depuis environ 20 ans et ne souffraient pas de maux de dos avant les tests. En tout, trois tests ont été effectués. Le premier consistait à plier les genoux comme pour prendre un objet par terre et  remonter avec et sans charge pendant 15 minutes à raison de quatre mouvements complets par minute. Le deuxième test consistait à mesurer la force du tronc en extension (-15 o à 15 o) et en flexion (0 o à 15 o) à une vitesse de 15 o/ seconde avec un appareil Kin Com. Il y avait quatre essais maximaux avec un repos de deux ou trois minutes entre chaque essai. Le troisième test servait à mesurer l’endurance lors de la flexion du tronc et consistait à effectuer le plus de redressements assis en 60 secondes.

L’étude effectuée parmi les travailleurs montre qu’il peut y avoir une relation entre un mouvement isocinétique, la position du tronc et la compression des vertèbres L-3, L-4 et L-5.

Premièrement, durant une flexion du tronc en force isocinétique, l’initiation du mouvement présente une relation significative entre la flexion et la déformation des disques intervertébraux. Une corrélation de -0.63 à -0.96 montre que plus le tronc a une force isocinétique élevée moins les disques seront compressés. Ceci est aussi vrai pour le tronc fléchi à mi-corps qui représente une corrélation de -0.83 à -0.96. Cependant, il n’y a aucune relation entre le redressement complet du corps et la compression des disques. Entre temps, les chercheurs ont aussi remarqué que plus les muscles abdominaux sont entraînés en force, moins il y a de pression entre les disques intervertébraux. Cependant, durant une extension du tronc en force isocinétique, on ne remarque une relation significative entre l’extension et la déformation des disques que lorsque le corps est complètement redressé. En d’autres mots, plus le tronc a une force isocinétique élevée, moins il y aura de compression entre les disques intervertébraux. Deuxièmement, durant une flexion du tronc en endurance, on ne remarque aucune relation entre les différentes postures lorsqu’on lève une charge et la compression des disques intervertébraux sauf lorsque la personne est complètement redressée. Donc, plus le tronc possède une bonne endurance durant la flexion, moins sont les chances d’avoir une déformation ou compression des disques.

Attention, McGill et al. se sont aussi un peu attardé sur le même sujet et ils concluent un peu différemment. Ceux-ci affirment que non seulement une bonne force abdominale réduirait le stress au niveau lombaire durant la flexion du tronc, mais aussi une bonne endurance abdominale, ce qui est l’opposé de ce que De Beliso et al. prétendent. McGill et sa troupe vont plus loin en disant qu’il est possible de maintenir une bonne lordose pendant le lever de charge une fois à la position debout si on renforce les érecteurs du rachis. En somme, ces derniers concluent que si on maintient une bonne force et endurance au niveau des abdominaux et des érecteurs du rachis, on améliore la santé du dos en réduisant la compression et déformation des disques intervertébraux. 

Les résultats démontrent qu’il est possible de diminuer le niveau de stress lombaire au dos avec une bonne force et endurance des muscles du tronc. Tout en supposant une relation de cause à effet entre ces variables (une étude longitudinale serait nécessaire), il serait possible d’entraîner un individu de manière spécifique afin de prévenir ou réduire sa douleur lombaire. De plus, il serait intéressant d’entraîner des athlètes pratiquant des sports qui sollicitent surtout une flexion et extension du tronc, comme par exemple, un haltérophile ou un patineur de vitesse. Enfin, l’entraînement en force et endurance de cette région permet, selon cette étude, de diminuer le stress au niveau lombaire et ainsi diminuer le risque d’hyperlordose chez certains individus.

Source primaire

Debeliso M et coll.,The relation between trunk strength measures and lumbar disc deformation during stoop type lifting, J Exer Physiol online7 (6):16-26, 2004

Rédacteur

Benoit Ally, Mélanie Béland Boucher et Fabrizia Gentile
Étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Trunk strength, Trunk endurance, Lumbar disc deformation

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