S388 - La performance au sprint est réduite de façon temporaire durant et après une partie de soccer

Dans plusieurs sports d’élite, les athlètes veulent profiter au maximum de leur capacité afin d'optimiser leur performance. C'est pourquoi une recherche comme celle qui suit peut être profitable à plusieurs. D'ailleurs, les auteurs ont voulu évaluer la fatigue que peuvent ressentir les joueurs de soccer après un temps de jeu séquentiel. Durant des parties amicales, il fut établi que la fatigue des participants était liée à des réponses physiologiques tout à fait naturelles.

Dans la présente étude, les trente et un sujets qui ont été évalués faisaient partie de la quatrième division Danoise de soccer (football). Les moyennes d'âge, de taille et de poids, étaient respectivement de 28 ans, 179 cm et 75.7 kg. Les membres de cette division étaient tous de calibre élite et de sexe masculin.

Tous les tests se sont déroulés lors de joutes non compétitives où l'on prenait des mesures physiologiques à des moments fixes durant ce match. Onze joueurs devaient donner des échantillons de leur sang avant, pendant (5, 15, 45 minutes de chaque demie) et 15 minutes après la fin de la partie. De plus, une biopsie d’un de leur muscle était prise avant et après la joute. Pour ce qui est des vingt autres candidats, ils donnaient un échantillon de leur sang avant et après chaque demie jouée et quatorze, parmi eux, devaient subir une biopsie après un exercice de haute intensité comme le sprint. Enfin, le rythme cardiaque était mesuré durant toute la partie et ce, pour tous les participants.

Pour ce qui concerne les fréquences cardiaques, les données moyennes des deux demies sont similaires, toutefois les résultats les plus élevés se retrouvent dans la première. Le niveau d’ATP et de créatine phosphate mesuré après une séquence intense se situe sous la mesure de repos. Le niveau de lactate dans le muscle était le quadruple de la mesure de repos et était légèrement supérieur dans la deuxième demie. La concentration de lactate sanguin a augmenté rapidement (5 minutes) dès le début de chaque demie. Le niveau de glycogène musculaire s’est amenuisé de 42 ± 6% à la  fin de la partie comparé au début. Le niveau atteint, était supérieur à la concentration prise à la fin de la partie. La concentration du glucose sanguin a, pour sa part, augmenté rapidement mais est demeuré stable par la suite. Pour ce qui est de l’insuline, une chute a été perçue dès la première demie. Le k+ a augmenté après des périodes intenses de course. Par ailleurs, toutes les courses du 30 mètres évaluées après la partie étaient plus lentes que celles avant, d’environ 2,8 + ou – 0,7%. Tous ces résultats n'ont rien de surprenant. Ce sont toutes des réponses physiologiques normales à l’exercice.

La présente étude a été présentée dans le but de donner plus d'information quant aux changements de performance. En effet, il a été démontré que la performance au sprint a été moindre durant et après une partie de soccer. Cependant, l'augmentation du pH, du lactate ou autres métabolites naturels du corps ainsi que les valeurs de glycogène, étant mal corrélées à la baisse de performance en sprint, ne peuvent donc expliquer celles-ci de sorte que la cause du développement de la fatigue n'est pas  aussi évidente. Les mesures traditionnelles de lactate prises durant une partie doivent donc être interprétées avec suspicion. Les auteurs en viennent même à dire que la fatigue est un phénomène qui arrive temporairement et sans raison principale durant la partie puisque aucun résultat n’est étonnant. Par ailleurs, ils mentionnent que le niveau de potassium pourrait avoir une influence. Cette hypothèse mérite d'être explorée dans une future étude.

Pour conclure, il faudrait entreprendre d'autres études pouvant éclaircir cette voie et ainsi mettre en application des processus amenuisant la fatigue intermittente dans une partie de soccer. Toutefois, il nous est impossible avec nos présentes connaissances de pouvoir contrer tous ces phénomènes physiologiques normaux. Cependant, il faut souligner que cette étude n'est valable qu'avec un sport où le temps de jeu est par intervalle.

Source primaire

Muscle and blood metabolites during a soccer game : implications for sprint performance.  M.Mohr, A. Steensberg, J.Bencke, M. Kjaer, J. Bangsbo, Medecine & sciences in sports & exercise, november 2005.

Rédacteur

Nancy Bruyère, Julie Le Gruiec et Jean-Robert Rioux
Étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

anaérobie, énergie, Lactate, muscle, performance, pH, soccer, football

Lectures suggérées

BANGSBO, J.  The physiology of soccer - with special reference to intense intermittent exercise.  Acta Physiol. Scand. 151(Suppl 619):-155, 1994.

MORH, M., P. KRUSTRUP, and J. BANSBO.  Match performance of high-standart soccer players with special reference to developpement of fatigue.  J. Sports Sci.  21:439-449, 2003.

REBELO, A.  N. C.  Studies of fatigue in soccer.  Ph.D. thesis. University of Porto, 1999, pp.1-181.

Sports ciblés

Soccer, sports de course intermittente, sprint

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