S389 - L'entraînement en pliométrie et en proprioception améliore les performances biomécaniques et neuromusculaires, en plus de réduire les risques de blessure du ligament croisé antérieur du genou
En plus d’améliorer les performances sportives des athlètes, la préparation physique prévient certaines blessures. Ciblant plus précisément les joueuses de volleyball, cette étude se penche sur les adaptations engendrées par un entraînement neuromusculaire impliquant des exercices pliométriques ou proprioceptifs. La combinaison optimale de ce type d’exercices peut significativement réduire l’incidence de blessure au ligament croisé antérieur du genou, en plus d’induire des améliorations neuromusculaires et biomécaniques favorisant une meilleure performance sportive.
L’étude a été réalisée auprès de 19 jeunes athlètes, âgées entre 14 et 17 ans. Toutes pratiquaient le volley-ball comme sport principal depuis au moins quatre ans. Elles ont été divisées aléatoirement en deux groupes, dont l’un qui suivrait un programme composé spécifiquement d’exercices pliométriques maximaux (PLYO), et l’autre, un programme centré sur les exercices de proprioception et d’équilibre (BAL).
Une batterie de tests a été effectuée auprès de toutes les athlètes afin d’évaluer leurs qualités neuromusculaires et biomécaniques. Les mesures ont été prises deux fois : une semaine avant le début de l’entraînement, et quatre jours après la dernière séance. Plus précisément, les qualités neuromusculaires et biomécaniques évaluées étaient la puissance des membres inférieurs, la force maximale en contraction dynamique et isocinétique, le contrôle du centre de pression ainsi que les forces d’impact au sol à l’atterrissage.
Les athlètes de chaque groupe s’entraînaient trois fois par semaine (les lundis, mardis et jeudis), pour une durée de 90 minutes. Une séance sur trois était supervisée en privé par un entraîneur afin d’assurer une bonne exécution du programme d’entraînement. Chaque séance était composée d’un entraînement en résistance (incluant des exercices isolés pour les ischio-jambiers), d’un entraînement anaérobie par intervalles courts, ainsi que d’un entraînement en pliométrie (groupe PLYO) ou en proprioception (groupe BAL). Le groupe PLYO pratiquait des techniques d’exercices interrompus exigeant des temps de réaction très courts et des efforts maximaux. Le groupe BAL pratiquait des exercices proprioceptifs ciblant les membres inférieurs, dont des exercices défiant l’équilibre et des exercices visant à renforcer les muscles stabilisateurs. Pour appliquer le principe de surcharge, différentes stratégies ont été utilisées. Au programme du groupe PLYO, on a complexifié les exercices et ajouté des exercices unilatéraux (sur un seul membre). Au programme du groupe BAL, on a intégré des exercices sur surface instable, des exercices unilatéraux, des exercices avec charge où l’on a modifié le centre de masse pour un même exercice.
Suite à l’entraînement, les résultats ont démontré que les programmes d’entraînement en pliométrie et en proprioception engendraient des effets similaires au niveau de la puissance neuromusculaire, de la force dynamique et de l’équilibre corporel. Cependant, les résultats présentent une différence éminente concernant les effets des deux types d’entraînement sur la force d’impact à l’atterrissage. En effet, les athlètes du groupe BAL ont diminué leur force d’impact à l’atterrissage de 7,0% pour leur jambe dominante, et de 5,4% pour leur jambe non-dominante, alors que les athlètes du groupe PLYO l’ont augmentée de 7,6% pour leur jambe dominante et n’ont pas eu de changement notable pour leur jambe non-dominante. La diminution considérable de la force d’impact à l’atterrissage pour le groupe BAL soutient donc l’hypothèse des auteurs selon laquelle l’entraînement proprioceptif réduirait de façon significative la force d’impact verticale à l’atterrissage. À cet égard, les exercices bilatéraux et unilatéraux de flexions du genou sur grande amplitude avec accent sur le contrôle de l’articulation dans le plan coronal qui étaient impliqués dans leur programme d’entraînement du groupe BAL sembleraient expliquer les gains en stabilité obtenus par ce groupe. En ce sens, l’entraînement proprioceptif induirait des adaptations musculaires qui amélioreraient la stabilité articulaire des membres inférieurs lors d’exécution de sauts.
Les deux types d’entraînement ont permis aux athlètes d’acquérir un meilleur contrôle de leur centre de masse le long de l’axe médio-latéral (CDMML), se traduisant par une diminution de ce dernier au niveau de leur jambe dominante. Cette recentralisation du CDMML résulte en un rééquilibre postural, et donc une diminution de la force différentielle entre les membres inférieurs dominant et non-dominant. Puisque les deux types d’entraînement ont conduit à des adaptations similaires, il semblerait que les exercices unilatéraux impliqués dans les deux programmes d’entraînement auraient eu plus d’influence sur le rééquilibre postural que le type d’entraînement en tant que tel. Dans un autre ordre d’idées, la symétrie musculaire établie entre les membres inférieurs constitue une adaptation très positive. En effet, en cas de déséquilibre postural, le genou dominant subit un stress plus menaçant, alors que le genou plus faible est plus à risque, la musculature de la jambe non-dominante ne pouvant supporter la charge associée aux activités sportives. Puisque les inégalités en force, flexibilité et coordination entre membres controlatéraux sont d’importantes prédispositions aux blessures, l’équilibre postural semble en réduire l’incidence. Ainsi, pour un entraînement en pré-saison chez les athlètes féminines, il serait recommandé de cibler leurs débalancements corporels.
Les deux types d’entraînement ont engendré une augmentation substantielle de la force isocinétique des ischio-jambiers, davantage que celle des quadriceps. Un petit ratio I/Q étant relié à des risques de blessures au niveau des membres inférieurs, l’augmentation du ratio ischio-jambiers/quadriceps (I/Q) pour les groupes PLYO et BAL s’avère positive quant à la prévention des blessures.
À l’instar du groupe PLYO, le groupe BAL a présenté une augmentation de la performance au saut vertical et une plus grande force des membres inférieurs. Toutefois, il semblerait que les améliorations obtenues par les athlètes du groupe BAL soient principalement liées à l’entraînement en résistance impliqué dans leur programme d’entraînement. Par ailleurs, les améliorations considérables du groupe PLYO seraient indéniables à l’entraînement combiné en pliométrie et en résistance. Enfin, même s’il n’a pas été démontré que l’entraînement en résistance à lui seul pourrait prévenir les incidences de blessures ligamentaires, il induit des adaptations osseuses, ligamentaires et tendineuses bénéfiques lorsque combiné à d’autres types d’entraînement. En ce sens, l’entraînement en résistance supplémenté d’exercices pliométriques et proprioceptifs semblerait tout indiqué pour la prévention des blessures du ligament croisé antérieur du genou.
Les résultats de cette étude suggèrent donc que les adaptations engendrées par un entraînement neuromusculaire impliquant des exercices pliométriques ou proprioceptifs réduisent les risques de blessure du ligament croisé antérieur du genou, en plus d’améliorer la performance. Plus spécifiquement, les résultats indiquent que tant l’entraînement en pliométrie qu’en proprioception contribue à améliorer la puissance, la force et le contrôle des membres inférieurs. Par ailleurs, l’équilibre bilatéral en force et flexibilité étant un facteur important dans la prévention des blessures, les deux types d’entraînement s’avèrent efficaces pour prévenir les blessures du ligament croisé antérieur du genou. Enfin, les auteurs mentionnent que la combinaison d’exercices pliométriques et proprioceptifs pourrait maximiser l’efficacité de l’entraînement pré-saison chez les athlètes féminines.
L’étude a été réalisée auprès de 19 jeunes athlètes, âgées entre 14 et 17 ans. Toutes pratiquaient le volley-ball comme sport principal depuis au moins quatre ans. Elles ont été divisées aléatoirement en deux groupes, dont l’un qui suivrait un programme composé spécifiquement d’exercices pliométriques maximaux (PLYO), et l’autre, un programme centré sur les exercices de proprioception et d’équilibre (BAL).
Une batterie de tests a été effectuée auprès de toutes les athlètes afin d’évaluer leurs qualités neuromusculaires et biomécaniques. Les mesures ont été prises deux fois : une semaine avant le début de l’entraînement, et quatre jours après la dernière séance. Plus précisément, les qualités neuromusculaires et biomécaniques évaluées étaient la puissance des membres inférieurs, la force maximale en contraction dynamique et isocinétique, le contrôle du centre de pression ainsi que les forces d’impact au sol à l’atterrissage.
Les athlètes de chaque groupe s’entraînaient trois fois par semaine (les lundis, mardis et jeudis), pour une durée de 90 minutes. Une séance sur trois était supervisée en privé par un entraîneur afin d’assurer une bonne exécution du programme d’entraînement. Chaque séance était composée d’un entraînement en résistance (incluant des exercices isolés pour les ischio-jambiers), d’un entraînement anaérobie par intervalles courts, ainsi que d’un entraînement en pliométrie (groupe PLYO) ou en proprioception (groupe BAL). Le groupe PLYO pratiquait des techniques d’exercices interrompus exigeant des temps de réaction très courts et des efforts maximaux. Le groupe BAL pratiquait des exercices proprioceptifs ciblant les membres inférieurs, dont des exercices défiant l’équilibre et des exercices visant à renforcer les muscles stabilisateurs. Pour appliquer le principe de surcharge, différentes stratégies ont été utilisées. Au programme du groupe PLYO, on a complexifié les exercices et ajouté des exercices unilatéraux (sur un seul membre). Au programme du groupe BAL, on a intégré des exercices sur surface instable, des exercices unilatéraux, des exercices avec charge où l’on a modifié le centre de masse pour un même exercice.
Suite à l’entraînement, les résultats ont démontré que les programmes d’entraînement en pliométrie et en proprioception engendraient des effets similaires au niveau de la puissance neuromusculaire, de la force dynamique et de l’équilibre corporel. Cependant, les résultats présentent une différence éminente concernant les effets des deux types d’entraînement sur la force d’impact à l’atterrissage. En effet, les athlètes du groupe BAL ont diminué leur force d’impact à l’atterrissage de 7,0% pour leur jambe dominante, et de 5,4% pour leur jambe non-dominante, alors que les athlètes du groupe PLYO l’ont augmentée de 7,6% pour leur jambe dominante et n’ont pas eu de changement notable pour leur jambe non-dominante. La diminution considérable de la force d’impact à l’atterrissage pour le groupe BAL soutient donc l’hypothèse des auteurs selon laquelle l’entraînement proprioceptif réduirait de façon significative la force d’impact verticale à l’atterrissage. À cet égard, les exercices bilatéraux et unilatéraux de flexions du genou sur grande amplitude avec accent sur le contrôle de l’articulation dans le plan coronal qui étaient impliqués dans leur programme d’entraînement du groupe BAL sembleraient expliquer les gains en stabilité obtenus par ce groupe. En ce sens, l’entraînement proprioceptif induirait des adaptations musculaires qui amélioreraient la stabilité articulaire des membres inférieurs lors d’exécution de sauts.
Les deux types d’entraînement ont permis aux athlètes d’acquérir un meilleur contrôle de leur centre de masse le long de l’axe médio-latéral (CDMML), se traduisant par une diminution de ce dernier au niveau de leur jambe dominante. Cette recentralisation du CDMML résulte en un rééquilibre postural, et donc une diminution de la force différentielle entre les membres inférieurs dominant et non-dominant. Puisque les deux types d’entraînement ont conduit à des adaptations similaires, il semblerait que les exercices unilatéraux impliqués dans les deux programmes d’entraînement auraient eu plus d’influence sur le rééquilibre postural que le type d’entraînement en tant que tel. Dans un autre ordre d’idées, la symétrie musculaire établie entre les membres inférieurs constitue une adaptation très positive. En effet, en cas de déséquilibre postural, le genou dominant subit un stress plus menaçant, alors que le genou plus faible est plus à risque, la musculature de la jambe non-dominante ne pouvant supporter la charge associée aux activités sportives. Puisque les inégalités en force, flexibilité et coordination entre membres controlatéraux sont d’importantes prédispositions aux blessures, l’équilibre postural semble en réduire l’incidence. Ainsi, pour un entraînement en pré-saison chez les athlètes féminines, il serait recommandé de cibler leurs débalancements corporels.
Les deux types d’entraînement ont engendré une augmentation substantielle de la force isocinétique des ischio-jambiers, davantage que celle des quadriceps. Un petit ratio I/Q étant relié à des risques de blessures au niveau des membres inférieurs, l’augmentation du ratio ischio-jambiers/quadriceps (I/Q) pour les groupes PLYO et BAL s’avère positive quant à la prévention des blessures.
À l’instar du groupe PLYO, le groupe BAL a présenté une augmentation de la performance au saut vertical et une plus grande force des membres inférieurs. Toutefois, il semblerait que les améliorations obtenues par les athlètes du groupe BAL soient principalement liées à l’entraînement en résistance impliqué dans leur programme d’entraînement. Par ailleurs, les améliorations considérables du groupe PLYO seraient indéniables à l’entraînement combiné en pliométrie et en résistance. Enfin, même s’il n’a pas été démontré que l’entraînement en résistance à lui seul pourrait prévenir les incidences de blessures ligamentaires, il induit des adaptations osseuses, ligamentaires et tendineuses bénéfiques lorsque combiné à d’autres types d’entraînement. En ce sens, l’entraînement en résistance supplémenté d’exercices pliométriques et proprioceptifs semblerait tout indiqué pour la prévention des blessures du ligament croisé antérieur du genou.
Les résultats de cette étude suggèrent donc que les adaptations engendrées par un entraînement neuromusculaire impliquant des exercices pliométriques ou proprioceptifs réduisent les risques de blessure du ligament croisé antérieur du genou, en plus d’améliorer la performance. Plus spécifiquement, les résultats indiquent que tant l’entraînement en pliométrie qu’en proprioception contribue à améliorer la puissance, la force et le contrôle des membres inférieurs. Par ailleurs, l’équilibre bilatéral en force et flexibilité étant un facteur important dans la prévention des blessures, les deux types d’entraînement s’avèrent efficaces pour prévenir les blessures du ligament croisé antérieur du genou. Enfin, les auteurs mentionnent que la combinaison d’exercices pliométriques et proprioceptifs pourrait maximiser l’efficacité de l’entraînement pré-saison chez les athlètes féminines.
Source primaire
The effects of plyometric vs. dynamic stabilization and balance training on power, balance, and landing force in female athletes Myer GD et coll., J Strength Conditioning Res 20(2):345-353, 2006.Rédacteur
Isabel Filgueira et Odrée Martin-MailhotÉtudiantes en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal
Mots-clés
Proprioception, pliométrie, prévention des blessures du ligament croisé antérieur du genou, entraînement préparatoire à la performance, entraînement des qualités neuromusculaires et biomécaniques, volley-ballLectures suggérées
Neuromuscular training improves single-limb stability in young female athletes Paterno MV et coll., J Orthop Sports Phys Ther 34:305-317, 2004.Plyometric training in female athletes. Decresed impact forces and incresed harmstring torques Hewett TE et coll., Am J Sports Med 24:765-773, 1996.
Gain in strength and muscular balance after balance training Heitkamp HC et coll., Int J Sports Med 22:285-290, 2001.
Sports ciblés
Sports impliquant des sauts verticaux et des efforts maximaux, sports collectifs, sports de raquettes, sports exigeant des temps de réaction courtsAjouter à mes favoris Haut de page