S397 - Une meilleure attribution du temps de jeu des joueuses permettrait de mieux contrer une récupération insuffisante lors des tournois internationaux

Comparativement à certains autres sports tels le soccer, le handball élite féminin n’a pas fait l’objet d’études sur la fatigue neuromusculaire et la récupération. Dans la présente recherche, les auteurs ont tenté de quantifier le niveau de fatigue neuromusculaire ainsi que le temps de récupération nécessaire pour une performance optimale au handball. Suite à cette étude, il a été clairement démontré que la récupération allouée lors de compétitions est insuffisante.

Pour en arriver à ces résultats, la recherche a été divisée en deux parties ; dans un camp d’entraînement et lors d’un tournoi international. Les sujets du camp d’entraînement étaient 7 joueuses de l’équipe nationale de Norvège âgées entre 21 et 27 ans et occupant différentes positions sur le terrain. Le camp comportait 6 sessions d’entraînement réparties sur 5 jours. Le premier jour ainsi que le cinquième jour comprenaient une session d’entraînement, le deuxième et le troisième jour 2 sessions et le quatrième, aucune. Lors du tournoi, les sujets, au nombre de 8, étaient également des joueuses de l’équipe de Norvège âgées de 19 à 26 ans occupant différentes positions. Le tournoi comptait 3 rencontres en 3 jours. Lors du camp, les sujets ont été soumis à 3 trois tests : un test mesurant la force musculaire lors d’une extension du genou avec un appareil isocinétique, un test mesurant la hauteur de 3 sauts verticaux avec un élan préalable et un test mesurant la vitesse lors d’un sprint sur 20 mètres. Ces tests ont également été utilisés lors du tournoi à l’exception de l’extension du genou.

Par rapport aux résultats pré-camp et pré-tournoi, des baisses de performances furent observées durant le camp et durant le tournoi dues à la fatigue neuromusculaire (voir tableau suivant: https://notyss.com/savoirsport/downloadfile?id=328&fichier=TableauS397.docx ).


De plus à la fin du camp, les athlètes n’avaient pas réussi à revenir à leurs valeurs basales même après une journée de repos complète.

Ces résultats permettent de conclure que le temps de récupération alloué durant les camps d’entraînement ainsi que les compétitions de handball féminin est insuffisant pour permettre une récupération des conditions physiologiques lorsque ce sont les mêmes joueuses qui sont impliquées du début à la fin. Également, selon les résultats obtenus au camp nous pouvons observer que même 48 heures de récupération seraient insuffisantes. Par conséquent, lors d’un championnat, dont la durée est plus importante que le tournoi de l’étude, les athlètes n’ont pas la possibilité de donner une performance maximale.

La première application que nous pouvons retirer de cette étude est que la distribution du temps de jeu lors d’un match devrait être répartie sur un plus grand nombre de joueuses afin de minimiser la charge de travail individuelle. De cette façon, les joueuses récupéreront plus rapidement et seront plus aptes à produire les résultats attendus. Une autre application serait de changer complètement les équipes d’un match à l’autre lors d’un tournoi, toujours dans le but d’augmenter leur temps de récupération.

Pour la première application, il est à noter que le nombre de joueuses à pouvoir participer au jeu lors d’un même match est limité. Il faut également souligner, pour la deuxième application, que le changement complet de l’équipe nécessite 16 joueuses avec sensiblement les mêmes habiletés, ce qui est très difficile à obtenir à ce niveau. De plus, l’étude ne comportait pas un grand bassin de population et il serait difficile de généraliser. Finalement, les entraînements devraient permettre de travailler à des intensités plus élevées afin de mieux les préparer à la fatigue rencontrée lors de tournois.

Source primaire

Neuromuscular fatigue and recovery in elite female handball players. L. T. Ronglan, T. Raastad, A. Børgesen, Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports; 16: 267-273, 2006.

Rédacteur

Eve Gaudreau Rousseau, Patricia Desalliers et Claudia Huaman
Étudiantes en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

fatigue, récupération, handball, performance, sport élite féminin

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McHugh MP, Connolly DA, Eston RG, Gleim GW. Exercise-Induced muscle damage and potential mechanisms for repeated bout effect. Sports Med; 27:157-170, 1999.

Baker AJ, Kostov KG, Miller RG, Weiner MW. Slow force recovery after long-duration exercise: metabolic and activation factors in muscle fatigue. J Appl Physiol; 4: 2294-2300, 1993.

Sports ciblés

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