S398 - L'ordre des exercices lors d'une séance d'entraînement en résistance pourrait favoriser des résultats en terme de gains en puissance ou en force

Le choix d’exercices, le nombre de séries, le type de résistance utilisé, le temps de repos entre les séries et l’ordre des exercices ont bien été étudiées ces 20 dernières années. Cependant, peu de scientifiques se sont penchés sur l’effet le l’ordre des exercices sur la performance de ceux-ci. Avec cet objectif en vue, les auteurs ont démontré que l’utilisation des mouvements impliquant de gros groupes musculaires et plusieurs articulations au début d’une séance d’entraînement, apportait de meilleurs gains en  force maximale alors que des exercices en puissances devraient précéder les exercices en force pour favoriser le développement de la puissance.

Neuf hommes en santé, âgés de 20 à 28 ans, mesurant en moyenne 1,76 m et pesant entre 66,2 et 96,8 kg avec 7.1-12.3 % gras, participèrent à cette étude. Ces sujets s’entraînaient depuis 7 ans en moyenne.

Chaque sujet devait se présenter quatre fois au laboratoire. La première visite consistait à faire l’évaluation de la condition physique. Lors de cette visite, les sujets devaient se familiariser avec les techniques permettant de réaliser adéquatement les exercices spécifiques de l'étude. Lors de la deuxième visite, les chercheurs déterminèrent la force maximale des sujets dans l’exécution d’un squat arrière avec haltère, « barbell back squat ». Ils ont également procédé à une démonstration d’un entraînement en résistance de tout le corps (8-10RM,). Les deux dernières visites (protocoles expérimentaux A et B) étaient réalisées dans un ordre aléatoire et étaient séparées de 48 à 72 h en évitant tout entraînement intense

Les deux protocoles étaient précédés d’un échauffement de 5 minutes sur bicyclette et dix répétitions de squat à 50% de 1RM. Lors du protocole A les sujets exécutèrent le « barbell back squat » seulement. Tandis que dans  le protocole B, les sujets exécutèrent le « barbell back squat » après avoir réalisé une série d´exercices comprenant le « bench press », « lunges », « bent-over rows », « arm curl », « stiff-leg deadlift », « sit-ups » et « hang pulls » (exactement dans cet ordre). Dans les deux protocoles les sujets ont exécuté quatre séries de « barbell back squat » à 85% de 1RM pendant le  plus de répétitions que possible, tandis que pour les autres exercices ils ont exécuté trois séries à 8-10RM.

Pour chacune des quatre séries de « barbell back squat » à 85% de 1RM, les variables mesurées étaient le nombre de répétitions, la puissance moyenne et le niveau d’effort perçu (RPE) à la fin des quatre séries sur une échelle de 0 (pas fatiguant) à 10 (très fatiguant). Les données de puissance étaient recueillies avec un transducteur de position préalablement étalonné (FITRO Dyne Sports Powerlizer) attaché à la barre d’haltères.

Significativement moins de répétitions étaient réalisées lors la 1ère série du "barbell back squat" lorsqu’elles étaient précédées de l’entraînement de tout le corps (8 ± 1,9 contre 5,4 ± 2,7 pour une différence de 32%). Cependant, les différences de répétitions n'étaient plus significatives pour les 3 dernières séries. D'autre part, la puissance générée était significativement supérieure pour chacune des 4 séries (1,9 à 8,3%). Quant à la perception de fatigue, aucune différence ne caractérisait les 2 protocoles d'entraînement.

La diminution du nombre de répétitions lors du « barbell back squat » peut s’expliquer par l’installation de la fatigue due aux exercices précédant ce dernier. Ce qui pourrait expliquer l’augmentation de la puissance est le fait que le « barbell back squat » ait été réalisé immédiatement après le « hang pull », créant un phénomène de « postactivation potentiation » (PAP). Plus spécifiquement, une augmentation momentanée de la force musculaire, une capacité de contraction musculaire plus rapide et une diminution du temps nécessaire pour atteindre cette force maximale caractérisent le PAP.

En résumé, l’étude a démontré que l’ordre dans lequel les exercices étaient exécutés affectait la performance du « barbell back squat ». Faire cet exercice après avoir entraîné tout le corps diminuait le nombre total de répétitions réalisables. Ceci entraînait également une augmentation de la puissance moyenne durant chaque série, plus spécifiquement après avoir fait un exercice de puissance du bas du corps comme le « hang pull ». La nouveauté ici est l’augmentation de la puissance puisque c’est la première étude prenant en compte les effets de l’ordre des exercices sur la puissance. Deux recommandations peuvent être faites à la lueur de ces résultats :

1) pour un entraînement axé sur des gains en force maximale, les exercices demandant de larges groupes musculaires doivent être faits avant ceux s’intéressant au muscle spécifique.

2) pour des gains en puissance maximale de certains mouvements, les exercices de type puissance (ex : hang pull) doivent être réalisés avant les exercices en force (ex : back squat). Il serait intéressant pour l’avancement de la science de mener d’autres études portant sur l’influence de l’ordre des exercices lors d’une séance d’entraînement sur l’amélioration de la puissance.

Source primaire

Influence of Exercice Order in a Resistance-Training Exercice Session. Luuk P.B. Spreuwenberg et al. Journal of Strength and Conditioning Research, 2006, 20(1), 141-144.

Rédacteur

Carine Thibault et Jean-Paul Bontemps
Étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

performance, postactivation potentiation, power output, resistance exercice, strength

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