S399 - En entraînement isocinétique excentrique, comment maximiser la force et l'hypertrophie en utilisant des vitesses élevées

La force musculaire fait partie de presque tous les sports, soit comme qualité prépondérante, soit comme qualité secondaire. Lorsqu’un athlète désire effectuer un entraînement en musculation, dans le but d’augmenter sa force, diverses options sont possibles (entraînement isométrique, isotonique, isocinétique, etc.), chacune ayant ses caractéristiques propres. L’entraînement isocinétique, caractérisé par une résistance variable et une vitesse constante, avait été conçu de manière à faire subir une tension maximale au muscle sur toute l’amplitude du mouvement. Par ailleurs, plusieurs études ont déjà démontré que l’entraînement par contractions excentriques (allongement du muscle qui résiste contre une charge) engendre davantage d’hypertrophie, et très souvent des gains en force plus importants. Ces deux éléments combinés justifient l’utilisation de la méthode isocinétique excentrique chez les athlètes désirant travailler en force.

Les auteurs de la recherche, à la source de cette fiche, ont comparé les effets d’un entraînement isocinétique excentrique à haute vitesse (3.66 rad/s), par rapport à un entraînement similaire effectué à basse vitesse (0.35 rad/s). Ils ont démontré que l’entraînement isocinétique excentrique à haute vitesse conduit à une hypertrophie plus marquée, ainsi qu’à des gains en force plus importants, et ce, quelle que soit la vitesse de mesure du test final.

Pour parvenir à ces résultats, 20 hommes âgés en moyenne de 24 ans ont participé à l'étude d'une durée de 8 semaines. Ces individus faisaient environ 1 ou 2 heures d'activité physique par semaine et n'avaient pas effectué d'entraînement en résistance depuis les 6 derniers mois (Important : cela fait en sorte que la généralisation des résultats à des athlètes, par exemple, pourrait être abusive.). Suite aux tests et à la biopsie préliminaire, les vitesses d'entraînement furent distribuées aléatoirement pour l'entraînement des fléchisseurs du bras de chaque participant. L'entraînement eu lieu 3 fois par semaine, au début consistant en une série de 10 répétitions, puis, pour les semaines suivantes, une série fut ajoutée jusqu'à atteindre un total de 4. La mesure finale de la force eu lieu à 5 vitesses allant de 0.35 à 3.66 rad/s, sans considération pour le type d'entraînement subi, et des échantillons pour biopsie furent à nouveau prélevés.

Intuitivement, il est relativement facile d’imaginer qu’une hypertrophie plus importante puisse être obtenue à des vitesses élevées. L’avantage, sur le plan de l’hypertrophie, de l’entraînement excentrique, comparativement avec l’entraînement concentrique, combiné ou isométrique, a déjà été démontré. Or, les contractions isocinétiques excentriques à basse vitesse sont plus semblables (visuellement et physiologiquement) aux contractions isométriques que ne le sont les contractions isocinétiques à haute vitesse.

D'un point de vue scientifique, l'hypertrophie plus importante pourrait s’expliquer par un remaniement myofibrillaire plus marqué et par une réponse de synthèse protéinique plus rapide et/ou une durée de synthèse protéinique plus grande, malgré que le temps total sous contraction ait été inférieur pour l’entraînement à vitesse élevée. Cette dernière constatation nous indique que la méthode d'entraînement isocinétique excentrique à haute vitesse a également comme avantage d'exiger un temps d'entraînement moins grand pour de meilleurs résultats.

L’augmentation en force plus importante de l'entraînement à haute vitesse, apparente quelle que soit la vitesse de mesure du test final, contredit le principe de spécificité, qui dicte que les résultats d’un test effectué à haute vitesse devraient être supérieurs chez les sujets entraînés selon ce type précis d’entraînement, tandis que les sujets ayant effectué l’autre type d’entraînement (à basse vitesse) devraient bénéficier de résultats optimaux dans un test à vitesse identique. L’augmentation plus importante de la surface de section des fibres lors de l'entraînement à haute vitesse explique en partie l’augmentation également plus importante de la force pour ce type d'entraînement.

Au regard des résultats de cette recherche, il apparaît important de prendre en considération les avantages possibles d'une telle forme d'entraînement lors de la conception d'un programme visant à améliorer la force. Il est cependant également important de se rappeler que le portrait dressé par cette recherche n'est que partiel et qu'il serait erroné d'imposer aveuglément cette forme d'entraînement à tous les individus travaillant en force.

Source primaire

Short-term high- vs low-velocity isokinetic lengthening training results in greater hypertrophy of the elbow flexor in young men. T. Shepstone, J. Tang, S. Dallaire, M. Schuenke, R. Staron, S. Phillips, Journal of Applied Physiology; 98:1768-1776, 2005.

Rédacteur

Patrick Roy et Daniel Vales
Étudiants en kinésiologie, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Force, hypertrophie, optimisation, isocinétique, excentrique

Lectures suggérées

D. Drury, K. Stuempfle, C. Mason, J. Girman. The effects of isokinetic contraction velocity on concentric and eccentric strength of the biceps brachii. Journal of Strength and Conditioning Research, 2006; 20 (2): p. 390-395.

J. Farthing, P. Chilibeck. The effect of eccentric and concentric training at different velocities on muscle hypertrophy. European Journal of Applied Physiology, 2003; 89: p. 570-577.

D. Paddon-Jones, M. Leveritt, A. Lonergan, P. Abernethy. Adaptation to chronic eccentric exercise in humans: the influence of contraction velocity. European Journal of Applied Physiology, 2001; 85: p. 466-471.

J. Seger, B. Arvidsson, A. Thorstensson. Specific effects of eccentric and concentric training on muscle strength and morphology in humans. European Journal of Applied Physiology, 1998; 79: p. 49-57.

E. Colliander, P. Tesch. Effects of eccentric and concentric muscle actions in resistance training. Acta Physiol Scand, 1990; 140: p. 31-39.

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