S460 - Le rapport de force maximale excentrique sur concentrique est plus grand chez la femme que chez l'homme pour un même mouvement dynamique

Le but de cette recherche était de déterminer les différences en force maximale concentrique et excentrique pour six différents exercices dynamiques en résistance chez les jeunes hommes et les jeunes femmes. Si cela a été étudié avec des appareils isocinétiques, la question demeure sans réponse avec des appareils conventionnels.  Les auteurs ont émis l'hypothèse que le rapport des forces excentriques/concentriques serait semblable à celui observé sur appareils isocinétiques mais qu'il serait  plus grand chez la jeune femme que chez le jeune homme. Comme il a souvent été démontré qu’un entraînement en résistance excentrique produit une grande amélioration de l’hypertrophie et de la force  musculaire en comparaison avec un entraînement concentrique.

Le protocole de l’expérimentation avait donc pour but de déterminer la force au niveau concentrique et excentrique en exécutant six exercices : développé des membres inférieurs en position assise, extension des genoux en position assise, traction adduction des bras vers le bas en position assise, développé des membres supérieurs en couché dorsal, flexion du genou en position couché ventral, développé des membres supérieurs en position debout. Le groupe de sujets était composé de 10 hommes et 10 femmes âgés entre dix-huit et trente ans qui avaient un minimum d’un an d’expérience en entraînement musculaire. Les sujets devaient se présenter à deux sessions de tests où ils effectuaient les six exercices, soit en concentrique soit en excentrique.

Avant d’entreprendre la séance d’exercice, les sujets devaient faire un échauffement qui comprenait 2 ou 3 séries de 5 à 10 répétitions avec une résistance perçue de 40 à 60% de 1RM, suivies d’une série de 5 répétitions à 80% de 1RM. Par la suite, les sujets devaient faire les exercices cités ci-dessus en concentrique ou en excentrique à leur force maximale (1RM). Si les participants choisissaient les mouvements en concentrique pour la première session, ils devaient compléter les mouvements en excentrique lors de la deuxième session. Pour leur 1RM, ils devaient maintenir une cadence de 3 secondes pour les mouvements concentriques et excentriques. S’ils ne réussissaient pas à maintenir la cadence, ils devaient prendre une charge moins lourde et refaire les exercices. Il est important de noter que des assistants étaient à la disposition des participants afin d’isoler le mouvement concentrique ou excentrique, et aussi, bien sûr, pour assurer leur sécurité.

Afin de pouvoir différencier les hommes des femmes dans cette étude, les chercheurs ont décidé de compiler les données en établissant un rapport de la force excentrique sur la force concentrique (R-E/C). Les résultats ont démontré que le R-E/C chez la femme était significativement plus grand que chez l’homme pour tous les exercices. Tous les R-E/C des femmes étaient significativement supérieurs sauf pour le développé des membres supérieurs en position debout. De plus, chez les femmes, R-E/C est beaucoup plus important pour le développé couché (146%) et la traction à la poulie haute (161%) que pour les exercices du bas du corps tels que : les exercices de flexion et d’extension de la jambe (82% et 66% respectivement). Malgré le fait qu’ils ont obtenu des R-E/C moindres que les femmes, les hommes ont eux aussi des R-E/C plus faibles pour ce qui est des membres inférieurs. Les différences entre les hommes et les femmes s’expliquent par plusieurs facteurs. Citant d'autres études, les femmes emmagasineraient plus d’énergie élastique et recruteraient davantage d’unités motrices durant une contraction pour les exercices du haut et du bas du corps. Il y a aussi une explication pour appuyer le fait qu’il existe une divergence des résultats concernant les exercices entre le haut et le bas du corps pour les deux sexes. Par exemple, il a été démontré que pour l’extension du genou, il y avait une baisse importante du rapport de force en fonction de l’âge de façon plus prononcée chez l’homme que chez la femme.

Côté pratique, cette recherche va permettre aux intervenants de définir des programmes d’entraînement plus spécifiques en fonction du genre concernant les efforts excentriques et concentriques sachant qu’il y a une différence entre les hommes et les femmes pour le 1RM lors d’une concentration dynamique. 

Pour conclure, cette étude a permis de déterminer la différence R-E/C entre les femmes et les hommes pour des exercices dynamiques. Il  a donc été prouvé que les femmes ont un plus grand écart excentrique-concentrique de force que les hommes. Par contre, les auteurs ont constaté qu’il y avait une grande différence en ce qui concerne les R-E/C du haut et du bas du corps chez les deux sexes. Ainsi, une étude expliquant pourquoi il y a une baisse de force plus importante avec l’âge au niveau des membres inférieurs par rapport aux que les membres supérieurs serait intéressante à compléter.

Source primaire

Hollander D.B., Kraemer R.R., et al. Maximal eccentric and concentric strength discrepancies between young men and women for dynamic resistance exercise. The Journal of Strength and Conditioning Research. 2007;21(1):34-40.

Rédacteur

Audrey Gfeller, Karen Keryakes, Marc-André Lecompte
étudiants 1er cycle en kinésiologie, Université de Montréal

Éditeur

Luc Léger
Ph. D., Professeur au Département de kinésiologie, Université de Montréal

Mots-clés

Rapport force excentrique/ force concentrique, 1RM

Lectures suggérées

McHugh JL., Connolly DA., et al. Electromyographic analysis of repeated bouts of eccentric exercise. Journal of Sports and Sciences. 2001; 19: 163-170.

Mookerjee S., Ratamess NA. Comparison of strength differences and joint action durations between full and partial range-of-motion bench press exercise. The Journal of Strength and Conditionning Research. 1999; 13: 76-81.

Sports ciblés

Tous les sportifs, particulièrement les femmes, qui utilisent l'entraînement musculaire comme complément à leur préparation physique

Imprimer Ajouter à mes favoris Haut de page


© Institut national du sport du Québec,